Caroline Gurcel : elle a su se créer les opportunités pour s’épanouir dans son métier !

Caroline Gurcel est une entrepreneure-salariée. Employée d’une épicerie – La Super Halle d’Oullins – près de Lyon, elle est également cogérante du lieu. Aujourd’hui, elle doit son évolution à sa capacité à saisir les opportunités qui se présentent à elle. Avec cet état d’esprit ouvert et son lâcher-prise, Caroline a su être téméraire pour partir à la conquête de l’Amérique Latine, seule, en sac à dos pendant un an et demi, mais également gérer une longue période de recherche d’emploi sereinement à son retour. Dans cette interview, Caroline nous parle de sa philosophie de vie qui lui a permis de toujours construire des projets stimulants et surtout…qui lui ont donné envie de se lever le matin ! 

1 – Qui est Caroline Gurcel ?

super halle oullin

Caroline : entrepreneure-salariée de la Super Halle d’Oullins

Je suis une lyonnaise de 28 ans, qui aime s’amuser et toujours à l’affût de choses nouvelles et d’aventure.  Mes études à l’école 3A terminée, je suis partie en sac à dos à la découverte des uses et coutumes de l’Amérique Latine. Voyageant d’un pays à l’autre sans billet de retour, j’ai fini par revenir à la maison un an et demi plus tard.

Après un retour difficile dans la vie active j’ai trouvé un emploi en tant qu’épicière polyvalente à la Super Halle d’Oullins, une épicerie indépendante qui offre des produits  bio cultivés en circuit-court et du vrac en masse. Actuellement, je suis associée et co-gérante de l’épicerie.

 

2 – En 2014, tu as entrepris un voyage d’un an et demi en Amérique latine, à la découverte de l’entrepreneuriat social. Un voyage que tu as mis à longtemps à valoriser. Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite partir à l’étranger, pour mieux capitaliser sur une longue période d’expatriation ? 

caroline gurcel

Caroline à la conquête de l’Amérique Latine (Mexique)

Se laisser porter par l’instant présent et dire oui à tout ce qui nous tombe dessus ! Il faut absolument saisir les opportunités qui nous sont tendues, rien n’est là par hasard 😉 De plus, il est important de faire face à l’inconnu et de se lancer sans se bloquer avec un tas d’hésitations. Le plus dur c’est de mettre un pas devant l’autre et d’avancer. Dans tous les cas, ce qui t’attends est une expérience de vie que tu dois valoriser. Un voyage ce n’est pas un trou sur ton CV, au contraire ! C’est une vraie force, un enseignement qui te fait mûrir et qui te permet d’attiser ta curiosité et connaître d’autres pratiques.

Comment concrètement ai-je fait pour valoriser cette expérience dans ton CV ?

Sur le papier j’ai présenté ma période d’inactivité (chômage compris) avec un titre “développement de projet autour de l’ESS depuis 2013”, et 3 points présentés brièvement:

Voyage en Amérique Latine en 2014 à la rencontre d’entrepreneurs sociaux (quelques nom de structures rencontrées) et projets participatifs (les grandes lignes de missions  comme par exemple : création d’un jardin vertical),

Missions alimentaires (réalisées avant, pendant et après mon voyage avec l’année et le nombre de mois)

Vie associative (ou la mise en valeur de ma longue période de chômage de manière plus sexy et attrayante, avec les noms des structures et missions de bénévolat).

“L’idée étant que le recruteur puisse avoir un aperçu rapide de votre potentiel”

Pas besoin de tout décrire ni de mentionner le temps passé pour chaque activité, l’idée étant que le recruteur puisse avoir un aperçu rapide du potentiel du candidat.

Après avoir été recrutée, je suis passée de l’autre côté et dernièrement, j’ai été amenée à lire et sélectionner des CV. C’est rassurant de lire une candidature avec un voyage valorisé et intégré dans les expériences plutôt qu’un trou, où on a l’impression que la personne cherche à cacher quelques choses.

Concrètement, auprès des recruteurs, je faisais la chose suivante :

J’ai présenté mon expérience de manière différente en fonction des compétences que je voulais mettre en avant. Par exemple, lorsque j’ai voulu valoriser l’autonomie, j’ai mis en avant mon voyage (mise en valeur de ma débrouillardise et mon sens de la curiosité…) toujours en illustrant avec un exemple d’un projet concret.

L’astuce est d’adapter son discours à chaque interlocuteur, comme tu vas adapter ton CV à chaque offre d’emploi.

Si aujourd’hui, je devais donner des conseils pour rechercher un travail, je dirais : 

1 – D’aller à la rencontre des personnes qui font le métier recherché, en faisant des entretiens avec eux par téléphone, mail, physiquement etc. Il y a toujours quelqu’un prêt à échanger sur son métier.

2- De faire confiance aux potentiels qui est en nous (si si vous en avez ! )

3 – D’arrêter de culpabiliser et prendre du temps pour soi. La recherche d’emploi c’est aussi une période pour se recentrer sur soi !

3 –   Il y a deux ans, ta vision de ton futur professionnel était floue. Aujourd’hui tu es cogérante de La Super Halle d’Oullin, une grosse évolution ! Comment expliques-tu cette rapide ascension ?

 

Gestion des stocks à la Super Halle !

Humm…je dirais qu’il faut saisir les opportunités et être au bon endroit au bon moment !!

Pour expliquer cette ascension, je dois t’expliquer rapidement le contexte du lieu. Quand Je suis arrivée en septembre 2016 à l’épicerie, La Super Halle – montée en  coopérative 3 ans auparavant – regroupait 3 activités : un restaurant-traiteur, une épicerie et un marché de producteur. Il se trouve que ces activités n’avaient pas les même besoins, ni les même attentes au quotidien. Elle ont donc chacune évolué différemment.

C’est alors que le marché de producteurs a quitté le projet, laissant à l’épicerie la reprise de leurs produits. Je suis donc devenue référente des produits de producteurs. Mes collègues – en binôme avec moi sur la gérance – m’ont ensuite proposé de les rejoindre sur la co-gestion de l’épicerie. J’ai accepté en me disant que c’était une belle opportunité qui ne se présente pas tous les jours !!

Je sors d’un master gestion financière à l’école 3A, j’ai donc été formée à la gestion d’une entreprise aussi bien sur le plan marketing, commercial  et financier. Même si c’est un peu lointain, cela m’a permis de comprendre rapidement la situation, de parler budget, trésorerie, charges externes, communication… etc.

A la Super Halle, je suis en charge du volet administratif de l’entreprise : signature, règlements, archivage des factures, relance des impayés et garder un oeil sur le compte en banque. L’enjeu est surtout la responsabilité de bien faire dans les temps.

En revanche, c’est au métier d’épicier que je me suis formée “sur le tas”.  Gérer les commandes, anticiper les périodes clés et les imprévus, organiser le magasin, refaire des rayons, trouver des producteurs, couper du fromage, l’emballer, conseiller la clientèle, commencer une tâche et en faire 4 en même temps et tout ça avec le sourire, ce n’est pas simple…mais heureusement ça s’apprend au quotidien !

Le petit plus c’est que nous faisons parti du GRAP (le groupement régional de l’alimentation de proximité) qui est une coopérative d’entrepreneurs regroupant diverses activités en circuit court (brasserie, épicerie, traiteur, chocolatier… etc) avec une équipe interne qui s’occupe de la gestion de la coopérative sur le plan des RH, de la comptabilité, de l’accompagnement des activités.

Nous sommes bien entourés et les échanges de bonnes pratiques avec les autres activités et l’équipe interne sont réguliers et formateurs.

4 – Quand je t’ai rencontrée, tu recherchais un travail, mais surtout pas en CDI. Tu étais l’une des rares demandeurs d’emploi à ne pas rechercher ce “saint graal”. Aujourd’hui salariée (en CDI), comment vois-tu ton avenir à la Super Halles d’Oullins ?

super halle oullins

Hahaha, c’est vrai je ne cherchais pas un CDI, mais au final il s’est présenté à moi sans que je l’attende ! C’est une question difficile, car j’ai toujours un peu de mal à me projeter sur le long terme, et j’aime bien garder une part d’imprévue dans ma vie. En arrivant à la Super Halle je n’avais pas d’attente particulière. Cela fait maintenant 2 ans que j’y travaille et que je participe à son développement.

Pour le moment ça me plait d’être épicière dans ce lieu : trouver et rencontrer de nouveaux producteurs et artisans locaux, vendre leur produits, et avoir de nouvelles idées tous les jours pour améliorer le quotidien de la Super Halle me stimule vraiment !  Cette épicerie à une d’âme, c’est un lieu unique et vivant où il s’y passe toujours plein d’événements et où créent de belles rencontres.

Notre objectif à long terme est de nous diriger vers une gouvernance horizontale. Projet ambitieux mais audacieux, en raison du fort turnover dans l’entreprise.  Le projet demande en effet un réel engagement de la part de tous les salariés à devenir associés-entrepreneur ! Il nous faut donc attendre un peu plus de stabilité salariale et surtout beaucoup de patience. Pour moi c’est une super aventure qui fait sens et que j’ai envie d’expérimenter encore quelques temps 🙂

5 – Où peut-on te trouver ? 

salarié entrepreneur

La Super Halles d’Oullins

 

A la Super Halle d’Oullins bien sûr, et peut-être lors d’une prochaine aventure !

Je te propose qu’on s’appelle si tu veux discuter entrepreunariat ?

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