Amandine Juston, designeuse de la transition
Amandine, directrice artistique, met le design graphique au service de la transition écologique. Rencontre avec cette entrepreneure engagée, cycliste aguerrie et porteuse de projets à fort impact environnemental .
1 – Peux-tu te présenter ?
Bonjour, moi c’est Amandine ! (Tous ensemble, “bonjour Amandine !”).
Je suis directrice artistique en île-de-France. En fait, je ne suis pas vraiment directrice puisque je suis seule dans mon entreprise. Ce nom de poste en perd plus d’un quand on ne s’adresse pas à des gens du milieu de la création artistique. Pour être plus précise, je dirige la communication graphique d’un projet, je crée un univers et en suit la réalisation.
Pour la petite histoire, j’ai fait des études supérieures en design et stratégie de communication à l’école Estienne, qui est une grande école publique assez connue dans cette spécialité. Après un bref passage à l’ENS de Cachan, j’ai été dans une grande entreprise privée en ingénierie de construction (Groupe Egis), et plus particulièrement auprès de deux filiales environnementales ; l’une dans la conception (Elioth), l’autre dans le conseil (Egis Conseil).
De façon assez atypique j’ai travaillé avec des ingénieurs, architectes et climatologues… Très investis dans la transition écologique, ils m’ont transmis une partie de leur savoir et m’ont sensibilisée au développement durable.Je suis ensuite retournée à ce pourquoi j’avais étudié : l’agence de communication. J’ai appris mon métier en étant au sein du studio de création du Groupe Rouge Vif. Mes collègues et la directrice de création étaient bienveillants et c’était agréable de travailler avec eux sur des projets éditoriaux.
“Je crée des supports de communication pour des entreprises investies dans la transition écologique”
Sept ans plus tard, je suis maintenant à mon compte en tant que Directrice artistique – Designer graphique freelance ! Je crée des supports de communication pour des entreprises, de toute taille, mais investies dans la transition écologique (le développement durable, pour dire les mots à la mode). C’est agréable d’orienter son métier pour des acteurs engagés et qui ont des idées pour encourager la transition écologique. De nature optimiste et curieuse, je cherche toujours le modèle créatif qui boostera leur visibilité, grâce à un univers esthétique et dynamique.
2 – Quel est l’impact du design dans la transition écologique ?
Face à l’urgence que représente le changement climatique et les solutions qui doivent être mises en place, l’enjeu est de communiquer de manière intelligente, sans inonder les citoyens d’une overdose d’information, qui pourrait les frustrer ou bien les désintéresser.
“La communication n’est pas un gros mot”
Ce qu’il en résulte, c’est que la communication, n’est pas un gros mot. Au contraire, c’est un outil dont les acteurs du Développement Durable, de l’ESS doive aussi se servir. L’idée est de partir d’un datadesign, qui explique de façon ludique et rapidement compréhensible un projet pour arriver à une communication plus globale (avec des affiches, un site web) pour rendre visible et attractives leurs innovations sociales.
Pour donner un exemple concret et public, la mairie de Paris avec qui j’ai travaillé plusieurs fois (chez Egis, et chez Rouge Vif) a bien compris l’intérêt de la communication pour servir les projets de développement durable. Elle a mis en place un site interactif permettant de visualiser le métabolisme de Paris (en eau, matière et énergie) et de réunir et rendre visible les projets innovants en économie circulaire déjà présents sur Paris et sa région. J’ai travaillé avec des ingénieurs et développeurs du bureau d’études Elioth et ça a donné ça : www.metabolisme.paris.fr . Un tel site aurait besoin de plus de communication, mais il a toutefois l’avantage d’exister et de visualiser plus de 40 projets inspirants qui changent ou pourrait changer notre mode de vie pour le rendre plus responsable et intelligent.
3 – Qui sont tes clients et pourquoi travaillent-ils avec toi?
A plus petite échelle, je travaille aussi avec des entrepreneurs tels que la fondatrice du Poids Gourmand: une épicerie de vente en vrac situé au Creusot (qui a ouvert ses portes le 7 octobre ! ). C’est un des projets qui me tient le plus à coeur humainement et créativement parlant. Flora Sammut est une ancienne ingénieure en conception énergétique des bâtiments que j’avais rencontré chez Egis et qui a décidé de quitter son CDI pour monter son épicerie et diffuser son mode de vie “zéro déchet”. Elle va bientôt proposer des produits locaux, naturels et gourmands ;). J’ai pu l’accompagner en amont en développant l’intégralité de sa communication : identité visuelle et univers, baseline, enseigne, flyer, illustrations pour un tote bag et sa page facebook. Je me suis même rendue au magasin pour peindre à la main une illustration géante et pédagogique à destination des clients. Elle m’a fait confiance et j’ai vraiment eu envie de lui proposer un design qui lui correspondrait : à ses goûts, sans oublier les attentes de ses futurs clients (le plus important !). Elle m’a dit qu’elle était ravie, et moi aussi. Elle commence à avoir de bons retours de ses supports et ça me fait plaisir. Je continue d’être auprès d’elle pour la conseiller.
En parallèle, je travaille aussi régulièrement avec l’agence Betrue créée en début d’année par Cécile Guyart, une amie avec qui j’ai fait mes études à l’Ecole Estienne. Son expérience et son réseau sont des atouts non négligeables pour traiter des sujets de stratégie de marque en amont. C’est pourquoi je trouve stimulant de travailler au développement de cette agence.
4 – Sur le plan personnel , tu as également choisi de mettre en pratique des éco-gestes, à la maison et dans des projets. Tu peux m’en dire plus ?
“Dans la sphère privée, j’adopte également des éco-gestes”
Je suis tellement sensibilisée à l’écologie par mes relations professionnelles que dans la sphère privée, j’adopte également des éco-gestes… faire des courses avec moins d’emballage, favoriser les produits français et locaux et sans traitement (encore mieux que le bio !), économiser l’eau, faire le tri, ne rien jeter dans les toilettes pour ne pas polluer l’eau, essayer au maximum de ne pas utiliser ma voiture ,manger moins de viande et surtout moins de boeuf (la viande la plus emettrice de co2)…donc personnellement j’essaye de faire au mieux, même si je ne suis pas encore un modèle ! Work in progress comme on dit. La voie vers la vertu est longue et pour bien faire, c’est tout un mode de vie qu’il faut adopter. Cela se fait petit à petit (et il faut faire aussi avec les freins de son conjoint).
5 – Un freelance écolo, ça travaille où et ça se déplace comment ?
Je partage mon temps entre travail à la maison et dans les bureaux de mon client principal. Cela me permet de garder un rythme et des relations de “collègues”. Pour y aller, je me déplace avec mon vélo. Mon esprit s’aère tout en faisant de l’exercice ! 🙂 Vingt-cinq kilomètres par jour pour aller à Montreuil, ce n’est pas rien !
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