Colin Lemaitre, concepteur de projets solidaires innovants
Après 15 années d’experience dans l’entrepreneuriat culturel, Colin Lemaitre se lance dans le freelancing de conception de projets innovants à fort impact social. L’ESS est pour lui le fil conducteur de sa carrière et le partage de ses valeurs a permis à Colin de designer des projets co-construits avec ses clients. Histoire d’un parcours engagé, aux projets engageants !
1 – Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Colin, j’habite à Saint-Etienne, en région Auvergne Rhône-Alpes, où j’ai réalisé la plus grande partie de mon travail jusqu’à aujourd’hui.
Dans mes toutes premières années de vie professionnelle, j’ai navigué dans un mix décoiffant entre entreprises privées et intérêt collectif : mon employeur était une SARL très classique mais un tissu d’associations culturelles diverses l’entourait. J’ai aussi rencontré un esprit très fort de bénévolat à Clermont-Ferrand où j’ai été régisseur au Festival du Court-Métrage. J’étais membre de la Sacem et de l’Adami : j’ai découvert la longue histoire, très corporatiste, des sociétés d’auteurs en France qui ont participé à forger ma culture de la redistribution économique et de la solidarité interprofessionnelle.
“J’ai crée l’une des toutes premières coopératives d’activités et d’emplois spécialisée “.
En 2003, j’avais 21 ans, mon groupe de musique s’est vu proposer un contrat de distribution nationale pour son premier disque (autre époque !). Je croyais dur comme fer au mythe de l’indépendance et j’ai embarqué mes petits camarades dans la création d’une société coopérative et participative (scop sàrl) pour autoproduire nos spectacles et nos enregistrements. J’ai géré pendant 7 ans cette entreprise, qui s’est transformée en l’une des toutes premières coopératives d’activités et d’emplois spécialisée pour les métiers culturels.
Mes expériences m’ont donné un profil d’entrepreneur culturel durant cette décennie où je me suis progressivement intéressé à l’esprit et à l’écosystème de l’économie sociale et solidaire. En 2010, j’ai intégré la seconde promotion du cycle devenu un master 2 « Dirigeant d’entreprises de l’économie sociale » à l’IRTS de Montpellier.
J’ai participé dès 2011 à la dynamique des pôles territoriaux de coopération économique (PTCE) en intégrant le comité de pilotage national au Labo-ESS. Fondateur et directeur moi-même d’un PTCE, appelé Culture & Coopération, j’ai créé un poste de designer au sein de cette équipe et nous avons bâti un processus d’incubation et d’accélération de projets socialement innovants devenu la colonne vertébrale de notre activité.
“je suis heureux, de faire un chemin vers « plus de sens pour demain”
Depuis 2016, j’ai entamé une nouvelle aventure en créant un cadre solo – j’ai créé une SASU – pour enclencher de nouveaux projets collectifs !
Voilà. Je pourrais également dire que je suis un grand curieux, que j’aime beaucoup la data visualisation, consommateur de MOOC à toute heure, un léger côté geek, conférencier et formateur parfois, … Mais surtout, je suis heureux, avec ma petite famille (deux enfants), de faire un chemin vers « plus de sens pour demain ».
2- Quel est ton métier ?
Mon travail, c’est d’accompagner la conception, l’expérimentation puis le développement de projets innovants pour le compte d’organisations qui cherchent à agir pour le changement social et environnemental.
Je le fais dans deux cadres distincts : l’un prend la forme d’une activité de conseil assez classique, via mon statut de freelance, l’autre au travers de l’initiative principale que je porte en ce moment, qui s’appelle 360 Demain.
L’innovation sociale, c’est très à la mode. Mais je crois que l’Economie Sociale et Solidaire et les professionnels de la conception innovante (comme les designers ou les ingénieurs) ne savent pas encore bien travailler ensemble. Au-delà des valeurs affichées par les organisations (ex: l’expérimentation, la coopération, le droit à l’erreur), il n’y a pas de pratique étendue de l’innovation collaborative.
“L’Economie Sociale et Solidaire et les professionnels de la conception innovante ne savent pas encore bien travailler ensemble”
J’ai souhaité inventer une réponse satisfaisante pour les organisations : c’est 360 Demain qui grandit pour devenir une agence de design social et une fabrique à prototyper.
Cette offre permet de réunir une équipe flexible alliant compétences de management, d’ingénierie, de recherche, de financement, techniques et d’expertise, de design, etc., et intervenant sur les différentes phases d’un projet, de l’exploration du sujet au développement d’activité en passant par l’expérimentation ou le prototypage in situ.
D’ailleurs, j’ai toujours besoin d’élargir les rencontres et de mieux connaître les savoir-faire d’un nombre grandissant de potentiels « associé-e-s » pour les équipes de 360 Demain, il faut que les lecteurs de ton blog n’hésitent pas à me contacter si l’orientation de mon travail, de l’innovation ouverte & collaborative, leur parle !
3 – C’est quoi un design plus convivialiste ?
D’abord, il faut bien entendre la même chose par « design ». Je ne parle pas du simple geste esthétique caricatural ou bien seulement de la question de l’usage ni d’une technique telle que le design thinking. Je conçois ce mot dans sa dimension anglo-saxonne. J’aime assez bien par exemple la définition de nos amis de wikipédia : « Le design est la création d’un projet en vue de la réalisation et de la production d’un objet (produit, espace, service) ou d’un système, qui se situe à la croisée de l’art, de la technique et de la société. ». Autrement dit, nous sommes nombreuses et nombreux à travailler de très près ou de plus loin à quelque chose qui s’apparente à du design ! Je ne suis pas designer, mais mon travail de conception de projets se fait entre-autre avec des designers.
C’est un poncif mais bien sûr, le design est partout. Et comme il est partout, il pose la question essentielle de l’éthique qui accompagne sa réalisation.
“Un design convivaliste c’est l’art de vivre et construire un projet ensemble sur des valeurs communes”
J’essaie d’avoir une réflexion « convivialiste » quand je travaille. Et j’essaie de participer à un design convivialiste, c’est-à-dire un travail de conception de projets en intégrant des réponses convivialistes – l’art de vivre ensemble, le « con-vivere » qui se rapproche des valeurs de l’ESS – à au moins quatre questions :
• La question morale : qu’est-il permis aux individus d’espérer et que doivent-ils s’interdire ?
• La question politique : quelles sont les communautés politiques légitimes ?
• La question écologique : que nous est-il permis de prendre à la nature et que devons-nous lui rendre ?
• La question économique : quelle quantité de richesse matérielle nous est-il permis de produire, et comment, pour rester en accord avec les réponses données aux questions morale, politique et écologique ?
4 – Qui fait appel à toi ?
Des entreprises ou des organisations de l’économie sociale (associations, coopératives, etc.), des collectivités et des institutions publiques, qui sentent qu’elles sont face à un enjeu important d’innovation, que ce soit pour leurs produits ou leurs services, leurs espaces, leurs processus, leurs modèles.
Ces structures ont presque toujours déjà défriché leur sujet, tenté quelques expérimentations ou fait pivoter leur activité. Mais leur besoin dépasse le simple consulting : elles ont besoin simultanément de compétences de recherche et de design pour explorer leur avenir, technique et d’ingénierie pour concevoir l’innovation, de logistique voire d’évènementiel pour prototyper à taille réelle leur projet.
Et bien sûr, elles n’ont jamais les moyens pour internaliser ou démultiplier les partenaires externes sur l’ensemble de ces métiers qui n’existent pas la plupart du temps dans leurs équipes. Ce sont des PME voire des TPE donc… elles trouvent une sorte de « pack tout-en-un » dans ma proposition.
Elles cherchent une relation de «quasi-association » où je peux faire plus que vendre une prestation : on fait du co-développement et je mets – et mes collègues aussi – les mains dans la machine, les pieds sur le terrain jusqu’à l’aboutissement concret.
5 – Où peut-on te trouver ?
Là où l’on cherche à me trouver ! Je me déplace en France principalement, et toute occasion pour faire connaissance et boire un verre est la bienvenue. Tout bon projet démarre toujours par un bon repas ou un bon temps convivial.
Le plus évident reste via mon site web personnel où sont disponibles mes coordonnées, liens vers profils sur réseaux sociaux et formulaire de messagerie !
Et puis pour rester en contact, il y a l’inscription à la newsletter (oui ! là, le gros bandeau vert dans mon site au design minimaliste noir & blanc !) 😉
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