Adoptée, les tests ADN m’ont permis de retrouver ma famille biologique

Je m’appelle Yéza, j’ai 30 ans à l’heure où j’écris cet article, et je suis adoptée. Il y a un an, je me suis (re)lancée dans la quête de mes origines. Je dis relancer parce que j’avais déjà lancé des démarches quelques années plus tôt mais sans succès. En 2019, je décide de renouveler l’expérience en changeant de méthode : je tente les tests ADN. Cet article a pour objectif de présenter et d’éclairer cette démarche, tout en mettant l’accent sur les points de vigilance à garder en tête lorsqu’on décide de partir en quête de ses origines personnelles. 

 

Avant les tests ADN, je m’essaie aux démarches administratives dites “classiques” 

 

Comme beaucoup d’enfants et d’adultes adoptés, je me suis rapidement posée des questions sur mes origines. Étant mate de peau, et ayant des parents de type européen, notre différence physique liée à cette adoption dite “visible” a renforcé mes questionnements. 

J’ai toujours su que j’étais adoptée car mes parents (adoptifs) me l’ont dit dès le départ (dès mes 4 mois). Je n’ai donc jamais eu de choc émotionnel. En revanche, les questionnements internes eux, n’ont jamais cessé. 

En 2014, j’entame donc une première démarche auprès du CNAOP (Conseil National d’Accès aux Origines Personnelles). Après quelques mois, je reçois un courrier me donnant trois informations : ma mère biologique est algérienne et avait 37 ans quand elle m’a eu. Par ailleurs, on me donne un prénom qui n’était pas le vrai (je le découvrirai quelques années plus tard). Le problème était que je connaissais déjà les deux premières informations. Je n’étais donc pas plus avancée. 

J’abandonne donc mes démarches puis, en 2019, au cours d’une séance d’hypnose – que j’avais suivi pour d’autres questionnements personnels – je me mets à formuler mes questionnements les plus profonds : d’où est-ce que je viens ? Qui suis-je ?

Et c’est là ce moment là que j’ai repris la quête de mes origines personnelles. Je décide donc d’entamer deux types de démarches : administratives (avec un autre organisme) et génétiques (test ADN). 

 

Je rencontre une communauté d’adoptés pour soutenir et appuyer mes démarches 

 

Sur le plan administratif, j’entame de nouvelles démarches auprès du département (Conseil général) en écrivant au service Adoption pour consulter mon dossier. Je sais d’office que la démarche sera longue, et je laisse le temps faire.

 

En parallèle, je rejoins plusieurs groupes Facebook sur l’adoption et les “nés sous X”. Je constate que les tests ADN sont souvent mentionnés par les membres. J’avais déjà connaissance de l’existence de ces tests, mais je n’ai jamais envisagé en faire un à court terme : je les pensais chers et imprécis. 

En lisant les commentaires des membres de ces groupes Facebook, deux noms ressortent : MyHeritage et 23andMe

Très vite, j’entre en contact avec Annie, membre active du groupe, qui m’appelle pour m’expliquer les démarches pratiques à effectuer pour réaliser un test ADN. Annie me pose des questions pertinentes sur mes intentions. Je lui explique que je cherche deux choses : mes origines ethniques et mes origines personnelles (famille biologique). 

 

Grâce à Annie, j’ai compris qu’il fallait faire les choses dans un certain ordre pour trouver réponse à mes deux objectifs :

 

1- Faire le test sur 23andme

2- Importer les résultats sur MyHeritage  

 

Pourquoi ? 

 

Parce que 23andme est le site le plus ancien, et rassemble plus d’utilisateurs dans sa base de données. MyHeritage est plus jeune en France, et, utilisé seul, réduirait mes chances de retrouver ma famille biologique. 

 

Une vie de questionnement, des réponses sous quelques mois

 

Je décide de commander un test 23andme pour moins de 100 euros. Le test est simple : cracher dans un tube, en ayant au préalable évité de manger et boire 30 minutes avant le test.

Je referme le tube, enregistre mon numéro d’échantillon en ligne et renvoie le colis à l’adresse déjà affranchie aux Pays-Bas.

Deux mois plus tard, je reçois un mail me confirmant les résultats de mon test : 

Je suis à 95% originaire du Maghreb, avec une grosse prédominance algérienne, et d’une ville en particulier (vous verrez, ce détail est important pour la suite).

Les tests sont précis, et les cartes très explicatives. 

 

Il est également possible de zoomer pays par pays comme ci-dessous : 

Concernant la recherche de mes origines personnelles, je constate que j’ai quelques connexions avec des membres du site, mais des relations très éloignées (cousins de 3e ou 4e degré) et avec peu d’ADN partagé. 

Une peu déçue de trouver des résultats aussi proches des informations que j’avais déjà (mère algérienne), je décide d’entamer la deuxième partie de ma démarche en transférant les résultats sur MyHeritage.

 

Pour cela, je télécharge mes données et les charge sur MyHeritage, autre site de test ADN sur lequel je m’inscris avec le pseudo XX, sous conseil d’Annie. Ce détail aura son importance pour la suite. 

 

Il est important de savoir que cette démarche est possible et gratuite dans ce sens, mais payante dans le sens inverse, de MyHeritage à 23andme (et je remercie encore une fois Annie de m’avoir accompagnée sur ce point).

 

Quelques jours plus tard, je reçois un email de MyHeritage : “Vous avez un match avec X, qui peut être votre oncle”. 

Les points de vigilance psychologiques des tests ADN

 

Lorsque vous obtenez un match sur un site de test ADN, vous n’avez pas d’accompagnement psychologique quand vous découvrez la nouvelle. C’est pourquoi vous devez être prêt. 

 

Ensuite, vient le temps de préparer la rencontre avec votre famille biologique : 

D’abord sous le choc, je retrouve mes esprits rapidement et décide de le contacter. Par miracle, il me répond très rapidement.

Nous décidons de nous appeler puis de nous voir. C’est à ce moment qu’il me raconte mon histoire. Il me donne également les coordonnées de ma mère biologique qui vit en France elle aussi, et par chance, en banlieue parisienne. Nous nous appelons et nous rencontrons également. Ce moment ne se fera pas sans émotions, je ne vous le cache pas. 

Ma famille biologique fait partie d’une communauté musulmane, du sud de l’Algérie (comme mentionné sur les tests).. Ma mère biologique a été victime d’un viol et je suis l’enfant de ce viol. Ce sont des sujets tabous dans cette communauté. Aujourd’hui, j’ai rencontré ma soeur et mes tantes, qui m’ont très bien accueillie.

En revanche, hormis mon oncle, aucun homme n’est au courant de mon existence. J’ai quatre frères que je ne peux pas contacter. 

La famille de mon oncle a elle aussi fait les tests ADN sur MyHeritage. Depuis presque un an, j’ai régulièrement des “matchs” avec mes cousines ou tantes. Mais certaines ne sont pas au courant de mon existence. Heureusement pour eux, mon compte est anonyme (souvenez-vous de mon pseudonyme XX).

présentation des matchs, sur MyHeritage

 

Conclusion 

 

Faire un test ADN, c’est un bousculement psychologique pour soi, mais également pour sa famille biologique et adoptive. C’est une démarche dont les conséquences peuvent être lourdes et mieux vaut être prêt. Aujourd’hui, j’ai “normalisé” mes relations avec ma famille biologique bien qu’encore cachée d’une partie d’entre elle. J’ai rejoins une association “La voix des adoptés” avec qui je peux échanger sur  mes questionnements et partager mes expériences et mon ressenti. Si vous souhaitez vous engager dans cette démarche personnelles, soyez accompagné ! 

 

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