Hélène de Vestele : au delà de ses convictions, elle incarne le ZeroWaste avec Edeni !
Hélène de Vestele est une jeune entrepreneure dont les convictions ont orienté les choix professionnels et personnels. Après un tour du monde et des postes à responsabilité diplomatique, elle lance sa propre entreprise de sensibilisation au ZeroWaste (zéro-déchet) avec Edeni. La particularité de son approche ? Permettre à des citoyens de comprendre qu’ils peuvent véritablement changer leur quotidien grâce au pouvoir des habitudes. Retour sur le parcours d’une entrepreneure incarnant ses idéaux.
1- Qui est Hélène De Vestele ?
Je m’appelle Hélène, j’ai 28 ans, je suis souriante, heureuse, férue de salsa, des salades de fruits et de mon moment de méditation du matin. J’ai réussi à aligner mes valeurs et mes actes dans un présent où perso et pro n’ont plus de raisons de s’opposer. Tous les jours, j’essaie d’être meilleure que la veille, pour moi et les autres, et n’ai pas peur de « l’ambition for good. » Je lis au moins 1 heure par jour.
Plus ?
J’ai eu une enfance dans divers milieux sociaux, entre campagne, collège de zones difficiles puis boursière à l’école de la légion d’honneur où j’ai découvert la jeunesse dorée parisienne, les réceptions diplomatiques à l’Elysée… mais aussi le début de mon engagement associatif, au planning familial, puis, après des classes prépa, en grande école de commerce. J’ai monté une asso-projet Enactus
pour donner envie à des jeunes de banlieue de faire des études supérieures, en les aidant à décrocher des petits boulots et aller aider des écoles au Bénin. En parallèle j’avais monté une asso pour faire un tour du monde des manières de vivre responsable. En 2011 et 2012, j’ai parcouru à sac à dos une soixantaine de pays, dormi dans plus de 150 foyers, des yourtes de nomades mongoles au désert d’Atacama, de Persepolis à Katmandou. En couchsurfing (Ndlr: sans hôtel), un remake de mes 10 ans où j’étais restée 6 mois scolarisée sans mes parents à Tucuman, en Argentine, choquée des injustices entre riches quartiers fermés et bidonvilles attenants, mais c’est une autre histoire. 🙂
En revenant de ces expériences et terminant mes études de consultante en stratégie, j’ai intégré une mission Smart City / anti-terrorisme à Safran mais entre les couloirs de la Commission Européenne ou Interpol, je nourrissais plus de frustrations que d’impacts positifs. Pourtant, j’avais un mentor incroyable, qui m’a permis d’apprendre à vitesse grand V. Vous savez, de ces quelques personnes, professeurs, amis ou managers qui vous ont honoré d’une confiance, d’une sagesse et d’apprentissages profonds dont, a posteriori, vous vous dites qu’ils ont été clé dans la construction de qui vous êtes. J’ai ensuite saisi l’opportunité de devenir conseillère pour le ministère de la Modernisation du gouvernement argentin, après le renversement électoral du PRO en 2015 à Buenos Aires.
Deux ans incroyables où j’ai pu rencontrer mon conjoint, siéger à la commission du développement durable au G7 des jeunes puis développer des projets de sens dont l’association edeni qui donnait des perspectives et solutions concrètes aux problèmes de pollution, des bidonvilles aux bureaux ministériels. Après m’être formée plus de 5000 heures sur ces sujets (santé, écologie, éthique, pourquoi ça tourne pas rond -> quelles solutions ?)et travaillé avec Gunter Pauli (Blue Economy), j’ai construit un programme, remporté quelques prix, et j’ai pu lancer mon projet en France début 2017. Le voilà le besoin concret et holistique auquel je souhaitais consacrer ma vie !
2 – Jeune entrepreneuse et camarade de classe à LiveMentor, tu vis depuis maintenant 3 ans sans poubelle. Qu’est ce qui empêche les gens de se mettre au zéro déchet ?
Alors là ça va être plus court parce que j’ai eu beaucoup d’entraînement pour synthétiser cette réponse ! 😀
- Le manque de connaissances des alternatives existantes. On ne se rend souvent pas compte que les possibilités d’éviter un déchet (d’être en bonne santé, heureux·se etc.) sont nombreuses, mais parfois cela requiert une connaissance peu répandue, une bonne adresse, une bonne habitude…
- Le manque de confiance dans ces alternatives et les acteurs·rices qui les portent. En effet, entre l’infobésité du net, les gourous mal intentionnés, les boites qui cherchent à vendre à tout prix et les blogueuses de bonne foi mais n’y connaissant rien (par pitié, arrêtez de vous brosser les dents au bicarbonate!) , on s’y perd souvent. La plupart ont peur de perdre en qualité de vie, d’être entre le greenwashing ou l’utopie.
- Le manque d’accompagnement. Et oui, tu le sais bien Yéza. On peut bien lire toute la pléiade des philosophes, si on n’a pas de professeur pour challenger notre didactique et nous faire progresser, on n’a moins de chances de vraiment comprendre la philosophie. De cette même manière, on a parfois besoin de coachs sportifs , de profs de guitare pour nous poussez à nous motiver. Et bien, avec le Zero Waste et les manières de prendre notre vie en main afin de lui donner un sens, autant personnellement que professionnellement, c’est pareil. On a aussi besoin de professionnel·le·s qui ont fait une partie du travail de synthèse, vérification des sources et pédagogies efficaces pour nous. Tout le monde n’a pas 3 ans temps plein à consacrer à ces recherches. Je l’ai fait, et nous le transmettons pour nos élèves, avec un vrai accompagnement individuel et une émulation du collectif de promo incroyable.
3 – Tu as fondé Edeni il y a moins d’un an. A quelle problématique répond cette toute jeune entreprise ?
Aujourd’hui pas mal de personnes sont sensibilisées aux problèmes civilisationnels que nous traversons. Nous avons perdu 15 ans d’espérance de vie en bonne santé depuis 50 ans, perdu 50% de la biodiversité de la planète, 60% des insectes, le nombre de dépressions, obèses, burn ou bore-out explosent et nos déchets débordent : 634 000 kilos arrivent dans l’océan chaque seconde. 30% viennent de nos emballages plastiques, même de ceux pour lesquels on se donne à tort bonne conscience en les « triant ». Edeni comble le besoin d’accompagnement pour passer de la sensibilisation… à l’action ! God damn it ! Faisons quelque chose ! 🙂 L’ESS est une réponse que complète Edeni, pour éviter les FBI (Fausses Bonnes Idées) et surtout apporter l’esprit critique de lien entre toutes les causes et toutes les solutions.
Edeni est l’éco-social club des individus qui veulent vivre mieux, et avec moins. Nous avons un Bootcamp qui forme au ZeroWaste (et yoga, et low tech, et antispécisme, et neurosciences, et ikigaï et nutrition énergétique et digital et…) en 6 semaines intenses. 6 soirées en groupe, 10 DIY, 6 challenges, 42 mails, 15 workbooks et un esprit de communauté magique. D’ailleurs… les Alumni ont fondé leur propre asso et même certain·e·s des boites ensemble ! 😀
4 – Comment change-t-on ses habitudes quand on ne peut pas changer son quotidien ?
Einstein disait « Il est plus facile de briser un atome que de briser les habitudes d’un humain ».
On peut toujours changer son quotidien, il faut juste prendre le temps de bien le faire pour n’en subir aucune frustration, mais au contraire, de la libération et de l’enrichissement. Ce n’est pas un caprice, c’est une nécessité.
Les études en neurosciences et sociologie ont montré qu’il faut environ 21 jours de pratique pour s’en faire une habitude. Le Boot Camp dure 42 jours… pour être sûr !
5 – Tu arrives à mobiliser des citoyens dans le cadre de bootcamps (ateliers). La cible d’Edeni c’est de jeunes actifs déjà sensibilisés à la protection de l’environnement ?
Non, pas forcément, il y a de tout, du grand cadre dirigeant aux freelances, de l’étudiante au journaliste. De la maman ZeroWaste au retraité qui ne comprend pas le terme. Cette mixité est voulue, car elle rend les échanges encore plus pertinents, les sceptiques aidant l’esprit critique des plus convaincu·e·s, et vice-versa. Et au final tout le monde en est enrichi. On peut choisir de s’entourer d’ami·e·s choisi·e·s pour leur ambition positive, et pas juste parce qu’on a fait la même école, que l’on travaille ensemble ou qu’on fait partie de la même petite classe sociale. Et ça, c’est une vraie force. Je suis convaincue que tout le monde voudrait faire mieux, mais peu se rendent compte qu’ils en ont véritablement le POUVOIR ! Qu’il n’y a aucune fatalité dans une consommation mortifère, plus maintenant. Les gens qui se bougent et incarnent VRAIMENT leurs valeurs sont de plus en plus nombreux, à nous de les rejoindre. Chaque achat est un vote, chaque réflexion est un pouvoir, chaque apprentissage non-greenwashé une force.
Le problème est que beaucoup soufrent de dissonance cognitive, de manque de cohérence, parfois même dans les discours de projets brandés « green ». Edeni travaille à leur redonner le pouvoir de discernement, et cela va beaucoup plus vite qu’on ne pourrait le penser. Nous avons la chance en France d’avoir tout de même un bon bagage culturel, même si un peu ramolli par un système uniformisant pour faire de nous de simples consommateurs·rices.
6 – Y-a-t-il un suivi des participants après les bootcamps ?
Oui bien sûr, les Alumni (anciens élèves) du bootcamp adhèrent à l’asso des Alumni (Edeni Social Club) et se revoient une fois par mois en général, soit autour d’apéros-débats, de sortie plogging, d’ateliers d’approfondissements etc. Beaucoup deviennent bénévoles pour l’asso ou poursuivent en inscrivant leurs proches. Bientôt des franchisé·e·s du bootcamp ?
7 – Que peut-on te souhaiter pour l’année à venir ?
De la sérénité et de pouvoir offrir le bootcamp à encore plus de monde ! 🙂 Le succès nous a un peu dépassé et nous n’arrivons pas à gérer toute la demande, notamment pour organiser des bootcamps en entreprise. En septembre nous reprenons les bootcamps à Paris après un séminaire d’été en province, puis en octobre le bootcamp sera sur un voilier 3-mats ramassant du plastique… La chaine YouTube Edeni se développe … Bref, nous avons besoin de Community Managers, de génies du web et de toutes les personnes engagées qui voudraient participer à ce beau projet. Et on espère nouer davantage de liens avec encore plus d’écosystèmes positifs en 2019 ! Osons nos idéaux, apprenons à les incarner !
?Et si tu veux parler entrepreunariat, je te propose qu’on s’appelle ?