Sandra Bouira : l’inclusion sociale comme fil conducteur d’un projet de vie
Sandra Bouira est une battante : issue d’un milieu modeste, elle obtient un poste à haute responsabilité dans la finance. Après la naissance de son premier enfant, Kemil, atteint d’une maladie génétique rare, elle décide de fonder une association pour rendre accessible les aires de jeux aux enfants handicapés. 9 ans plus tard, l’engagement de Sandra la conduit à monter sa propre structure, la Fine Ethique, une coopérative engagée à accompagner collectivités et associations.
1 – Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Sandra, j’ai 42 ans et je suis maman de 2 enfants : Lahna, 5 ans et Kemil, 10 ans, atteint d’une maladie génétique rare provoquant une situation de polyhandicap. Je suis diplômée du D.C.G (Diplôme de Comptabilité et Gestion). J’ai quitté en 2012 un poste de cadre senior dans un cabinet d’audit spécialisé après 9 années d’ancienneté pour me dédier à la gestion de projets d’intérêt général.
2 – Issue du secteur de la finance, tu as décidé depuis 9 ans d’entreprendre dans l’ESS, pourquoi ?
Je suis issue de l’immigration et d’un milieu très modeste. Sensibilisée et concernée, j’ai toujours eu la fibre associative. Dès mon plus jeune âge, j’ai bénévolement accompagné des jeunes en difficultés scolaires. J’étais déjà consciente que la réussite scolaire est une clé pour mieux s’en sortir, et pouvoir prendre ce fameux ascenseur social.
Le choix de l’orientation professionnelle est crucial dans un parcours, même s’il peut évoluer avec les années. Cette « pression » m’a d’ailleurs décidée à choisir une voie avec des débouchés et des possibilités d’évolution certaines. J’avais de grandes aptitudes dans les matières liées aux chiffres. J’obtenais de bons résultats sans beaucoup travailler. Mon esprit logique a donc choisi le domaine de la finance. Mon diplôme en poche, j’ai pu rapidement occuper un poste à responsabilité dans un cabinet d’audit spécialisé. Après quelques années, je ne me sentais plus en phase avec mon environnement de travail, surtout après la naissance de mon premier enfant, Kemil, atteint d’une maladie rare.
En parallèle, je rencontrais beaucoup de parents dans ma situation avec qui j’échangeais toujours longuement. Nous avons donc crée l’association Kemil et ses amis, reconnue d’intérêt général pour donner un cadre et aborder des sujets récurrents en lien avec le handicap de l’enfant : De la sensibilisation via l’édition de la BD « C’est pas du jeu ! » au financement de la recherche, en passant par des activités sportives, le tout en fédérant et en évitant le regard larmoyant posé sur le handicap. Nous nous sommes aussi positionnés sur une thématique peu abordée en France : l’accessibilité des aires de jeux. Il est rapide de constater que très peu d’espaces publics de jeux ont été pensés pour accueillir la jeunesse en situation de handicap. Les familles évoluent déjà dans une vie très médicalisée, laissant peu de place aux loisirs, y compris près de chez soi. Le sentiment d’isolement et donc d’exclusion est renforcé. Les aires de jeux accessibles, c’est aussi permettre à un parent en situation de handicap d’accompagner son enfant. En résumé, l’association Kemil et ses amis défend ce que tout le monde est libre de faire, au nom de l’équité.
3 – Comment porter un regard moins larmoyant sur le handicap ?
L’association Kemil et ses amis a une approche très ludique mais aussi très réaliste de ce que nous sommes. C’est sa manière de contribuer à changer ce regard. Le larmoyant renvoie à des représentations qui dépassent aujourd’hui nombreux d’entre nous concernés. Ce regard persistant malgré tout, crée le décalage, l’incompréhension et empêche le pont entre le monde dit ordinaire et le monde du handicap. Sans nier les difficultés nombreuses et la réorganisation face à la maladie ou l’accident, la vie continue et nous invite à être ce que nous sommes, handicap ou non.
4 – Tu as plus récemment co-fondé La fine éthique, à quels besoins répond-elle ?
L’association Kemil et ses amis que je préside bénévolement depuis maintenant 9 ans a beaucoup gagné en visibilité. Je suis très sollicitée et le cadre bénévole ne suffisait plus pour répondre aux besoins qui pouvaient émaner des collectivités publiques, des entreprises et des autres associations. Les moyens humains, matériels et financiers n’étaient plus en adéquation avec les demandes.
J’ai donc décidé de co-fonder La fine éthique, sous forme de SCOP, avec mon amie Marie-Pierre, qui a beaucoup contribué à la réussite de notre association.
La fine éthique, c’est avant tout, l’envie de mutualiser et de réunir des énergies autour de projets à fort impact social dont le bénéfice se veut équitable et dans l’intérêt général.
Nous accompagnons donc les associations, les collectivités, les entreprises dans l’élaboration de tout projet à fort impact social , de l’identité visuelle à la gestion logistique et financière de celui-ci.
Nous avons pensé aussi à des solutions pratiques de collecte de fonds pour que les associations puissent diversifier tout au long de l’année leur source de financement. La boutique solidaire est un exemple. Chaque achat donne lieu à un don. Aussi, pour valoriser notre engagement, toutes les prestations que nous réalisons donnent lieu à un reversement de notre CA auprès de nos associations partenaires.
5 – Que peut-on te souhaiter en 2018 ?
La réussite de notre premier événement de grande envergure : Les foul’équipes, concept sportif que nous souhaitons rendre pérenne et duplicable.
Les foul’équipes est une course solidaire. La première édition aura lieu le 29/09/2018, à Andernos les bains. Elle réunira le grand public mais aussi les acteurs socio-économiques, autour d’un but commun : courir au profit d’associations présentes.
Petites ou grandes, chaque association aura sa place pour bénéficier d’un reversement du prix du dossard et d’une visibilité dans notre village d’animations. La course a en effet été pensée comme un «outil » de mise en relation donnant la possibilité de faire rencontrer des causes et des acteurs, en espérant des synergies même au-delà de la journée !
Des questions ? N’hésitez pas à contacter Sandra et à suivre la Fine éthique sur Facebook !
?Et si tu veux parler entrepreunariat, je te propose qu’on s’appelle ?