Laura Cherfi : elle bouleverse les stéréotypes genrés avec les Chahuteuses !
Laura Cherfi est coach en développement personnel mais surtout la fondatrice des Chahuteuse, association féministe promouvant le sex-positif. Avec les Chahuteuses, Laura veut rendre accessible au plus grand nombre la sexualité joyeuse et mettre un terme à des siècles de conformiste genrés sur le rôle des femmes et des hommes.
Dans cette interview, Laura revient sur son parcours, son activité de coach qui fait écho à son engagement aux Chahuteuses, et sur la déconstruction de l’intériorisation de normes qui empêchent aujourd’hui l’épanouissement de millions de femmes et d’hommes.
1 – Qui est Laura Cherfi ?
Je m’appelle Laura Cherfi, j’ai 28 ans, je suis coach certifiée en développement personnel et je travaille essentiellement sur les relations humaines et la sexualité. Mais en réalité, j’accompagne également des profils plus professionnels, de type entrepreneurs à trouver un épanouissement dans ce qu’ils font.
A côté de cette activité entrepreneuriale, je suis fondatrice des Chahuteuses, une association que j’ai monté en 2014 dont la thématique principale est la sexualité joyeuse.
Mon rôle dans l’association aujourd’hui c’est de programmer de nouveaux événements et de concevoir des projets qui changent le monde à leur manière.
La problématique qui s’est rapidement imposée à nous a été l’adaptation de nos événements à des profils aux parcours très divers. Nous voulions pouvoir leur apporter des réponses peu importe leur histoire et leur profil.
Alors, certes, je ne crois pas en une solution universelle pour permettre aux gens d’être épanoui, mais il y a tout de même des outils et des méthodes qui peuvent aider à chacun de vivre mieux, et ce sont ces outils que j’ai développé dans le cadre de mon activité de coach.
2 – Les chahuteuses, c’est un mouvement de sex positif. Concrètement, qu’est-ce que ça veut dire ?
En effet, les Chahuteuses, c’est un mouvement de sex-positif, où chacun est invité à vivre sa sexualité comme il l’entend. On se positionne dans un contexte assez douloureux : celui de l’héritage social et culturel qu’on nous a laissé, et où l’expression des désirs féminin n’a pas toujours été au goût du jour. Plus généralement, l’expression du désir sexuel a pendant très longtemps été relégué du côté de la honte, du sale et de l’interdit.
Dans ce contexte, le mouvement sex-positif propose simplement de poser un regard positif sur nos corps, nos sexualité et nos désirs.
Le prérequis de base de notre croyance c’est que nos désirs ne sont pas problématiques, il sont “OK”, nos corps sont “OK” et chacun fonctionne à sa manière, et ça aussi c’est “OK”
La règle de base chez nous, c’est le consentement. Or, en occident, nous venons d’une culture où on a longtemps laissé le consentement de côté pour normaliser la sexualité en catégorisant les choses “de bien” et de “mal”.
Avec les Chahuteuses, on part du consentement et du plaisir comme postulat de base, et on décline notre philosophie en événements : conférences, ateliers, soirées thématiques etc.
Nous voulons que nos visiteurs et membres se sentent acteur du débat !
Il n’y a pas de pratique sexuelle chez nous, en revanche, on permet aux participants d’expérimenter des choses nouvelles dans leur rapport à eux-même et aux autres pendant nos ateliers et de repartir avec ce qu’ils étaient venu chercher 🙂
3 – Le public des Chahuteuses est-il essentiellement constitué de femmes ?
Non, il est assez mixte ! On a des femmes, des hommes, des personnes trans’ également. Notre fourchette d’âge se situe généralement entre 25 et 40 ans.
Pour ma part, mes clients en coaching sont des hommes comme des femmes !
Plus les profils qui viennent nous voir sont divers, plus l’expérience est riche pour nous.
On organise des événements non mixtes de temps à autre, mais ce qu’il faut comprendre c’est que la mixité permet de mieux comprendre le point de vue des personnes de l’autre sexe.
4 – Comment vous positionnez-vous dans l’univers de l’éducation sexuelle ?
Notre approche, c’est de nous situer entre les associations de prévention en milieu scolaire et les sexologues !
Et entre ces associations de prévention et les sexologues, il y a tout un espace qui n’est pas pris. C’est pourquoi, nous avons choisi de nous positionner comme un espace d’éducation populaire où notre public vient nous rencontrer pour apprendre, pour grandir sans forcément avoir une approche “problème”.
La sexologie identifie une problématique clairement identifiée alors que nous, nous faisons de la pédagogie et nous intervenons en amont de ça.
On se positionne comme une première porte plus accessible pour des personnes qui n’ont pas l’envie de franchir le pas d’un cabinet de sexologie, même si on n’est pas dans une logique d’accompagnement individuel.
Mais c’est surtout le fait d’offrir à nos participants un espace bienveillant, portant une vision de la sexualité qui les rassure et les met en confiance.
Notre public est essentiellement constitué de personnes curieuses, et non de personnes à sexualité malheureuses.
5 – Quels sont les événements que vous proposez ?
On propose deux événements par mois.
On va commencer un nouveau cycle sur le Shibari (les cordes) comme métaphores de la relation avec un atelier au mois de décembre
Au mois de janvier, on invite Les Déesses de la fesse qui viennent proposer un spectacle reprenant les grands mythes et qui déconstruit un certain nombre d’idées ancrées sur la sexualité.
On aura également un atelier “Strip tease” en janvier et “erotic food”
On a également une soirée “Tendresse et pyjama” d’une heure et demi que j’anime prochainement où je vais inviter les participants à creuser sur la question de “oui” et du “non” en matière de sexualité, sur “comment faire des demandes” à son partenaire. Un deuxième espace de dialogue “platonique” sera également ouvert et j’inviterai les participants à faire la différence entre leurs besoins affectifs et sexuels.
Ces soirées thématiques sont des espaces d’expérimentation pour les participants, qui peuvent se tester et oser poser leurs questions à un public qu’ils ne connaissent pas.
Notre agenda va se remplir avec de nouveaux événements dès 2019. Au mois de mars, nous allons proposer une Journée des Sexualités Joyeuses, gratuite exceptionnellement pour ouvrir l’événement à un plus grand public et les sensibiliser à la sexualité positive.
Nous avons recruté une nouvelle personne dans l’association qui va nous permettre de faire le lien avec le grand public pour intervenir à l’occasion de festivals divers et donc figurer dans la programmation 🙂
6 – Comment vois-tu le futur des Chahuteuses dans les mois à venir ?
Avoir une association à Paris nous permet de toucher un large public, même si nous intervenons en Région à la demande.
Mais aujourd’hui, notre plus gros enjeu est de toucher des personnes qui ne sont pas encore curieuses, qui ne se questionnent pas encore. La question est donc : comment toucher ces personnes ?
On constate que les partenaires sexuels ne se parlent que très peu et ne questionnement que rarement leur sexualité. Nous, ce qu’on aimerait, c’est chambouler ces normes intégrées et laisser l’expression des désirs se libérer entre deux partenaires.
En conséquence, dans l’espace public, beaucoup de personnes ne font pas la différence entre le harcèlement et la drague ! Et ceux qui aimeraient draguer ne se l’autorisent pas, de peur d’être accusé de harcèlement. On se retrouve souvent dans une logique binaire : drague = harcèlement.
Ce qu’on veut montrer avec les Chahuteuses, c’est qu’on peut draguer sans harceler !
Aujourd’hui 90% des personnes qui viennent nous voir sont bloquées par des stéréotypes genrés et dans l’idée qu’ils se font d’être un homme ou d’être une femme. On hérite en 2018 de l’héritage du patriarca qui imposait des rôles aux hommes et aux femmes dès leur naissance.
Pour contacter Laura, en tant que coach, c’est sur son site web.
Pour découvrir les Chahuteuses, c’est sur le site de l’association
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