Marion Derouvroy, 26 ans, femme d’influence lyonnaise : elle a l’aplomb et la plume !
Il y a quelques années, j’ai eu l’occasion de rencontrer Marion Derouvroy à Lyon. J’ai alors été impressionnée et admirative de son parcours pour arriver à la tête d’une entreprise de renom : la Maison Trafalgar. En 2017, elle fait partie du top 50 des femmes d’influence de Lyon et leur entreprise remporte le prix Jeune Entrepreneur de l’Année au service du client. En 2018, elle devient l’ambassadrice du Salon des entrepreneurs et siège au conseil stratégique de la Métropole de Lyon. En 2019, elle est invitée à témoigner sur son parcours au Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche puis remporte, avec son associée Bérengère Wolff, le Trophée du Meilleur Espoir de l’année. Retour sur le portrait de cette audacieuse portraitiste.
1 -Qui est Marion Derouvroy ?
Une Annécienne de 26 ans, devenue Lyonnaise d’adoption dès son entrée en classe préparatoire littéraire Hypokhâgne. Sur le plan professionnel, je répondrais : une Portraitiste. Un journaliste m’a présentée un jour comme « une portraitiste même pas triste d’une génération qui aurait pourtant toutes les raisons de l’être », je trouve que cela en dit beaucoup. Petite, je rêvais de travailler « dans les lettres, le commerce et la psychologie ». Sous le regard inquisiteur de mes proches, je sentais la bizarrerie de mon projet d’avenir. Aujourd’hui, et depuis 2015, je dirige la Maison Trafalgar. Comme je n’ai jamais imaginé me lancer dans une croisière en solitaire ou être rédactrice freelance, je suis surtout l’heureuse associée de Bérengère Wolff. Sinon, je dirais : quelqu’un d’empathique, une personne sensible et tenace !
Marion (à gauche) et Bérengère (à droite), les deux fondatrices de Trafalgar Maison de Portraits / Crédits photo : Pauline Pineau
2 – C’est quoi, la Maison Trafalgar ?
La première Maison d’écriture haute couture spécialisée dans le Portrait cousu main de professionnels et de particuliers. Sur ce marché de niche, nous travaillons à devenir la référence du Portrait écrit. Nos clients frappent à la porte de notre Maison pour nous confier la réalisation de Portraits de dirigeants, de collaborateurs, des Portraits croisés d’associés, de marques, de membres de leur famille ou encore d’objets ou de lieux iconiques. Nous travaillons autant pour de grands groupes comme Valrhona, Babolat, XEFI, Ninkasi, CPL Aromas, Rodrigue, que pour des entreprises familiales comme la Maison Nardone, la Maison Janier, le Feuillet, ou encore le Globe & Cecil.
Nous comptons parmi nos clients des références du monde du luxe, mais aussi des indépendants, des startups qui viennent de se lancer, de jeunes entreprises plus établies comme Sharpness ou Rinck Manufacture. Ce que nos clients comprennent dès leur entrée dans notre Maison (et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle ils viennent nous trouver), c’est que nous ne sommes pas une agence de communication, pas plus que des journalistes. Nos clients ne réclament pas de la « création de contenu », ils viennent chercher la signature textuelle et émotionnelle de notre Maison, des lignes rythmées, atypiques et stylisées, mais aussi ce qu’ils se plaisent à nommer l’Expérience Trafalgar, celle qui démarre dès l’entretien d’extraction et se prolonge de la photographie à la livraison complète de leur Portrait.
3 – Pourquoi choisit-on de commander son portrait ?
D’abord pour disposer d’un écrit différent et de qualité (écrire est un métier, il est navrant de voir que les plumes sont toujours remplacées par les chargées de communication ou les community manager qui exercent des métiers nettement différents). Aussi, même lorsque l’on sait manier la plume, écrire sur soi reste un exercice compliqué. Même répondre à ta première question, « qui est Marion Derouvroy ? », me semble difficile. Nos clients commandent leur Portrait Trafalgar pour assumer leur originalité, par volonté de se différencier dans ce cyberespace à mille visages, mais aussi pour se présenter plus franchement à leurs partenaires, leurs collaborateurs, leurs prospects ou actuels clients. Mon associée, Bérengère Wolff, diplômée de l’EFAP Paris, est spécialisée dans la communication. Aussi, un portrait Trafalgar, ne se résume pas simplement à de belles lettres. Réinventer le plus ancien des outils de communication moderne, c’est un assemblage tout particulier ! Les demandes, les besoins et les modes de diffusion (site internet, dossier de presse, cadeau client, exposition, dossier de financement, corner, packaging de livraison, livre d’anniversaire, demande en mariage…) sont tous très différents !
4 – Avant le portrait, il y a l’entretien : mise à nu ou sublimation du client ?
On pourrait croire que nos clients sont des personnalités qui ont beaucoup d’égo. C’est en fait tout le contraire. On ne vient pas commander son portrait chez Trafalgar pour être le plus beau, le plus vu et le plus grand… ! Même si nous allons creuser le meilleur du client et de ses expériences, nous ne taillons pas de portraits à coup de chirurgie esthétique. Nous préférons nous présenter comme la différence entre le coiffeur et le visagiste. Christophe Fargier, Président du groupe Ninkasi, dit même que l’entretien d’extraction chez Trafalgar peut s’avérer dangereux si le client reste sur un affichage de façade. Et nous, nous ne sommes pas des magiciens. Il est impossible de faire ce travail de qualité sans que le client accepte de se mettre à nu et de se laisser porter. Il faut être prêt au portrait Trafalgar ! Notre slogan est plutôt clair : « Vous avez l’aplomb ? Nous avons la plume ! »
5- Comment parvenez-vous à faire ressortir une émotion de vos portraits ?
Nous ne nous forçons pas à écrire des lignes qui créent l’émotion, mais nous travaillons évidemment à chasser tous les mots coquilles et à provoquer une réaction qui tient du mélange de plusieurs émotions. Dans le même portrait, un client peut rire, se sentir touché, et il est déjà arrivé que la lecture déclenche quelques larmes. Le portrait a pour vocation d’unifier, de permettre au client de se lire, de se retourner… En fait, l’émotion se trouve déjà chez lui.
6 – Tu es partie d’un blog lyonnais, qui proposait des portraits de jeunes “audacieux” de moins de trente ans. Aujourd’hui, tu es à la tête d’une entreprise de renom, dont le concept est inédit. Comment s’est déclenché le changement ?
J’ai pensé Trafalgar Magazine comme un espace dans lequel me faire plaisir en parallèle de mon double Master Lettres Modernes Recherches – IAE (Institut d’Administration des Entreprises). J’avais la chance d’étudier les lettres et l’entrepreneuriat, mais il me manquait encore quelque chose : l’Homme, la confrontation avec ses paradoxes, ses failles, tout cela manquait de bruit et de fureur ! Finalement, à force de publier chaque semaine le portrait écrit de ces « têtes brûlées mais bien remplies », le concept et la qualité de notre investissement a fini par attirer des clients. Et ce, sans que nous y soyons préparées ! Au bout du sixième appel passé pour passer commande, j’ai compris que nous étions en train de répondre à un besoin enfoui. Pour honorer la demande, après le passage dans l’accélérateur Boost in Lyon et l’incubateur Manufactory, Bérengère et moi avons lancé la Maison Trafalgar. Aujourd’hui, nous sommes également heureuses Lauréates du Réseau Entreprendre. Notre plus grande fierté, c’est d’être parvenues à passer d’une passion à une idée, d’une idée à un concept, d’un concept à un produit et d’un produit à une Maison ! À terme, et en parallèle de notre activité, nous souhaitons participer à la création d’une véritable école d’écriture en France. C’est un vrai projet d’envergure.
L’équipe de Trafalgar – Maison de portraits / Crédits photo : Pauline Pineau
7 – Tu as un parcours littéraire, un élément atypique dans le monde de l’entrepreneuriat. Dernièrement, votre équipe était aussi le Jury du concours d’éloquence de Lyon 3. Quels conseils donnerais-tu aux jeunes lycéens qui souhaiteraient poursuivre des études de lettres ?
Accrochez-vous et rappelez-vous constamment pourquoi vous avez fait ce choix. Même si on a déjà tous entendu la bonne vieille blague « les Bac S pensent les cartons, les Bac ES les vendent, les Bac L dorment dedans », on ne fait jamais des études de lettres par hasard, on le fait aussi pour soi, parce qu’on a besoin de se sentir convoqué. Mon parcours d’étudiante en lettres a été semé d’embûches et j’ai dû me battre pour que mes proches me laissent passer d’un BAC L à une classe préparatoire littéraire, puis à une licence de lettres moderne : « Marion tu t’es bien amusée. Maintenant, il faut penser à ton avenir, tu ne trouveras jamais de travail avec ce bagage » !
Comme j’avais déjà eu l’occasion d’être publiée à deux reprises par une maison d’édition parisienne, et de participer à l’écriture de deux ouvrages collectifs, j’ai tenté le concours d’entrée pour étudier dans l’édition. J’ai loupé ce concours à quelques places. À l’oral, on m’a dit que j’étais « trop littéraire » et « qu’aujourd’hui, l’écriture, les livres, les mots, ce n’étaient pas uniquement une passion, mais aussi un business ! » Hélas, je n’avais aucune expérience en la matière. C’est en m’inscrivant dans un double Master Lettres-Commerce à l’Université Lyon 3 que j’ai compris. Compris que les deux peuvent cohabiter et que cette compétence n’avait rien à faire à la casse. Désormais, mon métier consiste également à recruter les prochains talents bruts de notre Maison, les prochains Portraitistes Trafalgar. Je leur dirai donc : même si on vous fait croire que le marché du travail est à la recherche de diplômés d’école de commerce, d’ingénieurs, de financiers, et que votre compétence n’est pas à la mode, vous n’avez pas idée à quel point la compétence littéraire et rédactionnelle est recherchée en entreprise ! N’attendez pas que l’on vous propose un métier qui colle avec vos compétences, allez le cherchez, créez-le ! Cocteau disait « Ce qu’on te reproche, cultive-le, c’est toi », alors empressez vous de planter des graines, des mots, et faites-vous (un peu) confiance !
8 – Bérengère et toi developpez beaucoup votre image, grâce à la publication régulière de photos ainsi qu’une communication au style personnel sur vos réseaux sociaux : quelle est la stratégie de Trafalgar – Maison de portraits pour développer votre image de marque ?
Si tout ce qui est écrit chez Trafalgar est minutieusement pensé et qu’il existe une vraie stratégie éditoriale, nous n’avons pas vraiment de stratégie d’image. Lorsque nous prenons la parole en photographies, nous le faisons de manière très intuitive. Aussi parce que Bérengère et moi sommes amies, et pas des associées qui décident de se mettre en scène pour les bienfaits de l’image de l’entreprise. Ce sont nos propres souvenirs et les photographies que nous adorerions revoir dans plusieurs années que nous capturons et partageons. Et puis, il nous semble important d’ouvrir les coulisses pour faire participer nos clients et notre communauté à cette aventure entrepreneuriale et littéraire. Nous ne pouvons pas réclamer que nos clients livrent leur histoire personnelle et professionnelle à notre équipe, et nous fassent confiance les yeux fermés, en verrouillant tout de notre côté.
Notre signature textuelle est tellement le reflet de ce que nous sommes, du mélange de personnalités de notre équipe, qu’il n’y aurait aucun intérêt à se donner l’air d’être tout beau, tout lisse. La Maison Trafalgar n’a rien d’une coquille vide, d’une bâtisse aux volets trop fermés. Ce qui est le plus drôle, c’est de publier des photographies de nos différents rendez-vous et déplacements. Nous pourrions en faire une BD tellement les secteurs et les univers sont différents. Une sorte de Martine à la montagne, Martine chez le leader de la raquette à neige, Martine au coeur d’un palace, Martine dans la cave d’un MOF Fromager, Martine dans une chocolaterie, Martine sur un chantier à la découverte du monde du BTP, Martine dans les couloirs d’une Maison de Parfums… c’est tout cela, Trafalgar !
9 – Tu as été l’ambassadrice du Salon des Entrepreneurs 2018 (félicitations ! ) : aujourd’hui, arrives-tu à distinguer ta marque personnelle de celle de ton entreprise ?
Quand je suis plongée dans mes missions, je n’arrive pas toujours à distinguer dans quelle Maison je me lève et dans quelle Maison je me couche, c’est vrai (rire) ! Blague à part, bien sûr que oui ! Même si l’entreprise est toujours un prolongement de soi-même, ce serait sans doute terrible de ne plus réussir à faire la distinction entre la personnalité morale et la personnalité physique. Quand la Maison était encore en construction et que nous n’étions que deux, la marque était évidemment plus associée à qui nous étions qu’à ce que nous faisions, mais aujourd’hui, notre marque repose beaucoup sur notre savoir-faire, en plus de notre savoir-être. Il me semble que nos clients viennent nous voir pour qui nous sommes, ce que nous faisons, ce pourquoi nous le faisons, et la manière dont nous le faisons. C’est en cela, seulement, que la frontière est fine !
Vous avez maintenant envie de commander votre propre portrait pour votre activité professionnelle ou pour l’offrir à un proche ? Contactez Marion et Bérengère, les associées de la Maison Trafalgar !
?Et si tu veux parler entrepreunariat, je te propose qu’on s’appelle ?
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