Apprendre à dire “merde” va te faire le plus gros bien
Il y a quelques jours, Aurore, une amie française au Mexique, m’a invitée à un déjeuner avec son compagnon mexicain et des collègues à lui.
Le déjeuner était à une heure de route d’Oaxaca, et les amis en question nous ont amené en voiture.
Sur place, nous avons assisté à une tradition de “déterrage” de viande cuite sous terre, et le repas était délicieux. Mais, comme tu t’en doutes, ce n’est pas le sujet de mon mail 😉
Nous sommes restés longtemps à table, pendant que nos hôtes s’enfilaient mezcal sur mezcal (alcool local à 40 degrés).
Le repas nous a vite semblé interminable.
En France, nous nous serions excusés et nous aurions quitté le repas, prétextant une fatigue soudaine, ou autre excuse plus ou moins crédible.
Ici, au Mexique, les choses sont plus compliquées.
La pression sociale pour sociabliser, et la pression sociale pour boire empêche les Mexicains de prendre des décisions simples, selon leurs envies.
Mon amie française par exemple, n’a pas pu s’éclipser du repas, car si elle partait, son conjoint se serait senti obligé de l’accompagner, car cela aurait été mal vu de laisser partir une femme seule. Et s’il partait, il aurait également été mal vu par ses collègues.
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Un contexte qui empêche les individus de prendre des décisions librement.
Plus tard à table, nous parlions avec Aurore, du port du masque dans la rue à Oaxaca. A Oaxaca, il est difficile de savoir s’il est recommandé ou obligatoire, mais la plupart des gens le portent, par pression sociale et par peur du regard des autres.
C’était le cas d’Aurore, qui, malgré la gène causée par le port du masque, n’osait pas l’enlever, car il lui était difficile de s’affranchir du regard des autres.
Je lui ai alors parlé de mon expérience “rebelle” du masque en extérieur :
Lorsque je vivais encore à Paris, j’ai d’abord commencé à porter le masque sous le nez.
Puis me sentant à l’aise avec cela, je l’ai porté sous le menton.
Quelques semaines plus tard, réalisant que l’élastique me faisait mal, j’ai décidé de l’enlever à certains endroits, notamment dans les rues que je connaissais et qui me paraissaient calmes.
Encore quelques semaines plus tard, j’ai décidé de respirer et de l’enlever dans la rue, en faisant attention à la police.
En trois mois sans port du masque, il ne m’est jamais rien arrivé. La police m’a déjà vue à plusieurs reprises, sans rien dire. Aujourd’hui, je me sens fière et libre.
Certes, je sens encore des regards sur moi, mais je ne sais pas s’ils sont accusateurs ou simplement envieux 😉
A Oaxaca, j’ai eu la même démarche. Et c’est ce que j’ai conseillé à Aurore, en lui disant ceci : commence à avancer pas à pas, sans te brusquer.
Cette anecdote s’applique aux masques, mais à la pression sociale en générale.
Revenons maintenant à notre déjeuner :
Tout au long du repas, j’ai dû refuser l’ensemble des shots de mezcal proposés, en sachant pertinemment que j’allais vexer mes hôtes.
Et alors ?
Je ne vais pas mettre ma santé en danger pour faire plaisir à un groupe.
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Etre libre, c’est s’écouter, et faire abstraction du regard des autres
J’ai également demandé à ce qu’on m’appelle un taxi pour partir plus tôt.
Oui, c’est mal vu.
Mais je n’ai pas la même notion du temps que les mexicains. Je ne comptais pas rester à table à regarder des gens boire, et parler une langue que je maitrise pas encore assez pour saisir l’ensemble des conversations dans un contexte défavorable avec du bruit de fond.
J’avais envie de rentrer me reposer. Et j’ai écouté mon envie.
Entre le moment, où j’ai demandé un taxi et le moment où je l’ai eu, il s’est passé une heure :
– Le temps que X finisse de manger et m’amène à la station de taxi
– Que Y m’apporte un cadeau (que j’ai du finir par refuser par manque de temps).
Et oui, car la pression sociale peut prendre différentes formes, et parfois certaines sont fourbes :
– Le cadeau de bienvenue en est une.
Mon hôte voulait à tout prix m’offre des crèmes de mezcal, ce qui, en soit est une charmante attention, mais le contexte ne s’y prêtait pas :
– Je venais de refuser 5 shots de mezcal
– J’avais montré mon impatience à rentrer chez moi (en regardant mon téléphone toutes les 5 minutes) et en prétextant une grande fatigue.
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La tradition l’emporte sur l’intelligence émotionnelle ici.
Mais le Mexique n’est pas la seule culture qui fonctionne de cette manière : connaissant les cultures maghrébines, le fonctionnement est le même :
– Pression pour offrir des cadeaux à tout va, sans tenir compte du contexte et de la réceptivité de l’offre (si on m’offre un baklava, quand j’insiste pour te dire que j’ai trop mangé, ce n’est pas de la fausse politesse de ma part)
– Pression pour respecter les rites, traditions et religion : quand dira-t-on si je ne vais pas à la mosquée ? Si je ne porte pas le voile ? Ou le masque ?
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Différentes cultures, même pression. Mêmes lacunes.
Alors, tu ne peux pas toujours éduquer l’autre.
Tu ne peux pas toujours le faire changer.
Par contre, toi, tu peux dire “merde”.
Ce n’est pas facile. Tu te feras sûrement mal voir au début.
Mais tu seras libre, car tu te seras écouté.
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Tu n’as qu’une vie, alors vis-la pour toi, et non pour d’autres !
Réveille-toi et libère-toi.
Bonne réflexion,
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