Retour d’expérience : 10 enseignements tirés de deux semaines au Japon

En avril dernier, j’ai réalisé le rêve de ma vie en m’offrant deux semaines au Japon. Ce pays que j’avais toujours idéalisé grâce à ses paysages, son art de vivre et sa culture manga, m’était à présent ouvert. Et je n’ai pas été déçue : j’ai ainsi découvert un pays incarnant des valeurs fortes. Si cette première expérience reste très courte, et manque certainement de recul pour réaliser une analyse d’expert, voici un retour d’expérience personnel “à chaud” des 10 enseignements (et valeurs) qui m’ont marquées durant ces deux semaines au pays du soleil levant.

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1/ Le pays du capitalisme assumé

Quartier Shibuya à Tokyo (célèbre pour son gigantesque passage piéton)

Si on peut avoir tendance à se représenter la société japonaise comme traditionnelle et conservatrice, elle n’en demeure pas moins une société capitaliste où la consommation est reine : d’abord, une consommation de nourriture au royaume de la streetfood (mention spéciale pour les okonomiyakis, les takoyakis, les 10 yen coin, et les taiyakis), supérettes ouvertes 24/24, rabatteurs dans les commerces, casinos, loteries et jeux d’arcades sont des activités légales et populaires dans tout le pays. J’ai ainsi profité du 7-Eleven pour manger (mention spéciale pour les beignets au curry), retirer de l’argent, faire des photocopies ainsi que tout ce qu’il est possible de faire dans un Konbini store (on peut même jouer à la loterie et étant sur de gagner) !

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2/ Le travail, plus qu’un devoir, un véritable engagement

Restaurant de sushis à Tokyo

Le travail occupe une place très importante dans la vie des Japonais. Si la durée légale du travail hebdomadaire est de 40h par semaine, pour 8h par jour, ce temps peut être dépassé, et peu de Japonais prennent les congés auxquels ils ont droit. Au delà de la durée légale, les Japonais manifestent un véritable investissement dans la réalisation de leur travail au quotidien : qu’il s’agisse de cadre de bureau, d’ouvriers de chantier, ou de vendeurs de street food, les Japonais sont fiers de leur travail et ont à coeur de réaliser leurs missions de manière dynamique et engagée.

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3/ Le sens du service, une véritable valeur

Super gérante d’un ryokan à Hakone

Ce qui m’a le plus marquée au Japon, c’est le dévouement des Japonais pour rendre service aux autres. Que cela soit dans le cadre du travail ou de la vie quotidienne, ils ne laisseront pas un individu en demande d’aide sans réponse. A titre d’exemple, en demandant mon chemin à une dame, en gare de Tokyo, cette dernière a immédiatement interrompu son activité pour m’accompagner pendant 10 minutes jusqu’au quai de mon train ! Et je ne parle même pas des petites attentions du quotidien pour aider son prochain à se sentir bien, en termes d’hospitalité et de confort ! 

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4/ Modernité et tradition, une cohabitation réussie !

 

Modernité et tradition à Tokyo

Au top de l’innovation technologique, le Japon est aussi fier de son héritage ancestral. Dans ce contexte, tours et temples cohabitent dans une belle harmonie. A Kyoto par exemple, on observe dans la rue des habitants en tenue traditionnelle (une minorité) et d’autres en tenue moderne.

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5/ Une sérénité sérieusement ancrée

Ryokan à Hakone

Les Japonais ont un rythme de vie calme. S’ils travaillent beaucoup, on ne les voit pas beaucoup courir. Et pour cause, rien ne sert de courir, il faut partir à point ! La ponctualité, qui est une valeur forte au Japon, permet de limiter le stress du quotidien. Par ailleurs, la sérénité est également cultivée par des rituels “zens” influencés par le bouddhisme, mais également les massages ou encore les onsens. La sérénité passe également par le sentiment de sécurité au quotidien : peu de vols, ou d’agressions. J’étais moi-même extrêmement sereine à l’idée de pouvoir laisser mon vélo sans antivol à Kyoto, ou encore laisser mon téléphone sur la table au restaurant en allant aux toilettes ! 

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6/ Une société disciplinée et organisée

Métro immaculé de Tokyo

Au Japon, la discipline est une valeur très forte : elle passe par le respect de l’autorité, de la hiérarchie, mais également par une organisation très cadrée à l’image des files d’attente dans les transports et les escalators. A titre d’exemple, le contrôle des bagages à l’aéroport s’effectue dans le calme, et avec une rapidité surprenante ! Toujours à l’aéroport, les bagages sont sortis du tapis déroulant par un agent de sécurité pour éviter de chercher son sac pendant des heures ! Sortie de l’avion malade comme un chien, j’ai été escortée en chaise roulante par deux agents d’escales qui m’ont accompagnée dans tout l’aéroport pour m’aider à réaliser mes différentes démarches : attente des bagages, traversée des douanes en coupe fil, achat du ticket de métro…une efficacité et une générosité exemplaire

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7/ L’hygiène et la propreté comme mode de vie

JR PASS : pass perdu, pass racheté (environ 220 euros)

Les Japonais mettent un point d’honneur à vivre dans une société propre : retrait des chaussures à l’entrée des maisons, chaussons spécifiques pour les toilettes, possibilité d’utiliser des WC high tech pour se laver après usage, serviettes chaudes distribuées avant de consommer au restaurant, douche obligatoire avant d’entrer dans un bain public…sans oublier la propreté légendaire du métro ! Dans la rue, peu de poubelles, car les citoyens sont amenés à garder leurs déchets sur eux avant de réaliser un tri sélectif, mais aucun déchet par terre (en revanche, que d’emballages !).  De même, les tickets de métro doivent être poinçonnés et “avalés” par un machine à la sortie de la station, afin de ne pas laisser de déchets sur le sol. Si vous avez le malheur de perdre votre ticket dans le métro, vous le re-payez à la sortie (imaginez ma frayeur quand j’ai cru avoir jeté mon JR Pass) !

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8/ Le lâcher-prise dans une société rigide

 

Quartier Akihabara à Tokyo (jeux vidéos, manga et culture Geek)

Les Japonais vivent dans une société conservatrice et rigide. Les conventions sociales et la politesse régissent les interactions sociales. Dans ce contexte, le lâcher-prise se matérialise par un univers déjanté (cosplay) et kawaii (mignonneries), des afterworks arrosés pour décompresser du travail, ou encore des moeurs plus ouvertes sur le plan sexuel (gigolos, dames de compagnie, love hotels). J’ai été surprise de voir des camions faisant la promotion de jeunes hommes coquets, offrant leurs services à la gente féminine (j’ai d’abord cru qu’il s’agissait d’un groupe de J-Pop…). Inversement, le concept des Maid-bars m’a également intriguée, d’autant plus qu’il s’agit d’un concept bon-enfant.

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9/ L’honneur et la fierté, comme code de conduite

Pratique à l’Aikikai de Tokyo, où l’étiquette est primoridiale (avec Michael Thai sur la photo)

Les Japonais sont fiers de leur pays, et respectent un code de l’honneur dans leur vie quotidienne. Ces codes sociaux s’incarnent par des conventions sociales fortes : place de la femme dans la société japonaise, patriotisme et considération pour l’étranger dans une société nipponne, ou encore, insister pour payer l’addition au restaurant lors d’un rendez-vous galant ou d’un diner entre collègues (selon votre position dans l’entreprise).

J’ai également pu retrouver ce sens des conventions en pratiquant l’Aïkido dans la maison mère (Aikikai – Hombu Dojo), où le respect des traditions et de la hiérarchie est une condition de la pratique : ponctualité, silence, salutation individuelle au fondateur et aux pratiquants en entrant et sortant du tatami (ce qui pourrait sembler normal mais qui est appliqué à la lettre au Japon).

 

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10/ La politesse et l’humilité comme art de vivre

Sourire, hospitalité et sens du service dans cet incroyable restaurant de Kyoto  : You-zyu

La politesse est un véritable art de vie japonais. En caricaturant, on pourrait dire que les Japonais passent beaucoup de temps à s’excuser, à mettre la forme dans leurs demandes et remerciements. Lorsque j’ai demandé à des locaux comment dire au revoir, on m’a répondu que cela dépendait du contexte (qui est mon interlocuteur, dans quelle situation). La politesse passe également par un sourire affiché et une pudeur quant à l’expression de ses émotions (on ne veut pas embarrasser son interlocuteur avec des états d’âme).

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Conclusion

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Voici donc 10 enseignements tirés de deux semaines au Japon. Je suis très admirative de cette société dévouée à l’autre, tout en étant consciente des limites de ce modèle social. 

Aujourd’hui, je n’ai qu’un souhait, y retourner, pour mieux m’imprégner d’une culture et d’un mode de vie qui me sont encore étrangers. En attendant, le retour à CDG a été un électrochoc culturel (au sens négatif du terme), qui me montre bien qu’une fois ne m’a pas suffit ! Affaire à suivre.

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