10 nouvelles leçons d’entrepreneuriat que m’a appris l’aïkido en 2020

Il y a quelques mois, j’écrivais un article sur les 5 leçons d’entrepreneuriat que m’avait appris mon sensei en une semaine. Aujourd’hui, en 2020, l’aïkido m’a encore appris de nouvelles leçons d’entrepreneuriat que je vais partager et qui aideront peut-être certains à entreprendre autrement, avec plus de recul et de sérénité.

 

Leçon n°1 : ne pas confondre vitesse et précipitation

                                  

C’est une leçon qui m’est souvent rappelée par mes différents senseis sur les tatamis : la vitesse et la précipitation sont des notions qui peuvent sembler similaire, mais qui sont pourtant bien différentes. 

La vitesse, c’est faire les choses avec dynamisme et fluidité. 

La précipitation, c’est se jeter la tête la première dans un mur ou sur un danger, et surtout sans réflexion. 

La vitesse n’est possible que lorsque les bases solides sont déjà posées. 

Sur le plan entrepreneurial, on peut être plus rapide et efficace dans sa capacité d’exécution lorsqu’on est à l’aise avec ce qu’on fait (son métier) et lorsqu’on sait comment le faire (cf. les outils utilisés). 

Se précipiter par pression interne ou externe n’amène jamais à de bons résultats. Et j’en ai déjà fait les frais. J’ai voulu construire un business sans vision entrepreneuriale lors de mon lancement il y a quelques années. J’ai voulu augmenter mon chiffres d’affaires sans vision financière, et j’ai payé le prix (au sens propre du terme).

Aujourd’hui, j’ai une vision entrepreneuriale et j’anticipe les obstacles financiers, administratifs mais aussi physiques, dans le cadre de l’aïkido par exemple. 

 

Leçon n°2 : éviter les hacks pour intégrer des bonnes pratiques

 

 

大田区立池雪小学校

Il y a quelques jours, mon sensei montrait une technique compliquée d’aïkido. Pour aider les débutants, certains élèves plus gradés leur proposaient une version simplifiée de la technique (en tout cas visuellement). Le problème c’est que ces élèves gradés ont mis des années à comprendre comment trouver ce raccourci. Un débutant sans expérience ne pourra pas réussir ni comprendre cette solution raccourcie sans être passé par une phase de recherche et l’expérimentation. 

De manière générale, en aikido, plus les techniques ont l’air simple, plus leur maîtrise est compliquée car le débutant ne voit pas les subtilités derrière la simplicité.

Sur le plan entrepreneurial, c’est la même chose : on ne peut pas se contenter de hacks pour construire un business solide. Les hacks servent à faire grossir des chiffres (des likes, des abonnés), mais ces chiffres ne permettent pas d’avoir des abonnés qualifiés. Car ce qui permet d’obtenir des abonnés qualifiés, c’est la relation de confiance qui se crée avec le temps grâce aux contenus apportés à sa communauté et grâce à la preuve sociale apportée par l’entrepreneur qui veut développer sa notoriété : ses témoignages clients, sa e-réputation, la qualité de ses contenus. 

La simplicité vient avec le temps, mais toute activité demande de passer par une phase d’apprentissage qui prendra le temps qu’il faut pour intégrer les différentes leçons et process.

 

Leçon n° 3 : accepter le lâcher-prise pour faire circuler les énergies 

Dans l’aïkido, le lâcher prise est un des principes fondamentaux de la discipline : dans un art martial où la connexion à l’autre est essentielle, il est impossible de réaliser des techniques sans être à l’écoute de la direction que donne l’adversaire (Uke). Et la seule manière d’être attentif à ces mouvements est le relâchement de ses muscles. Il faut être détendu pour être à l’écoute de l’autre. 

Une fois détendu, il est plus facile de se laisser aller, et tomber (au sens propre du terme). On dit souvent en aïkido, qu’il faut accepter d’abandonner la partie de son corps qui est saisie (souvent le bras). C’est d’ailleurs en acceptant le déséquilibre qu’on chute pour mieux remonter. 

Dans l’entrepreneuriat, abandonner un membre revient à déléguer : quand on délègue, on abandonne une partie de son bébé (son entreprise). Mais cette étape est essentielle pour aller de l’avant et se concentrer sur l’essentiel. 

Par ailleurs, dans l’entrepreneuriat, on prône souvent le lâcher-prise pour laisser circuler les énergies : quand on s’acharne sur une tâche ou qu’on se met une pression mentale énorme pour réaliser un objectif, on ne véhicule que des ondes négatives. Le mieux est de faire sa part du travail et se détendre en attendant le meilleur advenir (et il adviendra !) .

Lorsque je me dis que j’ai absolument besoin d’argent, je manifeste le manque (facile à dire je sais). Mais je sais dans ce cas précis, que ce sentiment de frustration est la dernière attitude à adopter pour obtenir satisfaction. Le mieux est de définir un objectif et de se donner les moyens d’y arriver tout en prenant du temps pour se vider l’esprit et laisser l’univers (ou la magie) opérer. 

 

Leçon n°4  : apprendre de l’autre (même des plus débutants)

大田区立池雪小学校

Quand j’ai commencé l’aïkido, je pensais qu’en tant que débutante, je faisais perdre du temps aux gradés (je le pense encore à certains moments). Je mettais du temps à comprendre ce qu’on me demandait, et j’étais étonnée de leur bienveillance et de leur patience. Plus tard, j’ai compris qu’ils apprenaient également avec moi : mes réflexes de débutante leur avaient permis d’adapter leur niveau au mien, de voir que ce qui marche avec un autre gradé ne fonctionne pas avec un débutant et ainsi de balayer leurs certitudes. Ils ont également pu développer une approche plus pédagogique de l’aïkido : faire c’est une chose, transmettre s’en est une autre. 

Dans l’entrepreneuriat, le process est le même : j’apprends de mes clients, peu importe leur niveau. Mes clients me permettent de redescendre sur terre quand j’ai l’impression d’avoir tout compris. Avec mes clients, je dois m’adapter à leur niveau d’expérience, mais également composer avec leurs peurs et leurs appréhensions. Ce n’est pas parce que les choses sont faciles pour moi, qu’elles le sont pour les autres (ni que je sais les expliquer). 

J’ai donc développé des outils pédagogiques, des méthodes et questionnements qui me permettent d’être une meilleure coach. C’est donc grâce à leurs questionnements que j’avance. 

Leçon n°5 : toujours rester vigilant (même quand la partie semble gagnée)

En aïkido, certains gradés peuvent avoir tendance à baisser leur garde face à un débutant (surtout de ma taille), ne sentant pas de menace venir. Mais la menace n’est pas forcément une question de taille, mais une question de réflexe. A tout moment, je peux en coller une à celui qui s’approche trop.

C’est pourquoi, l’un des principes de l’aïkido est de toujours rester attaquant. Ce n’est pas parce qu’on a porté une attaque qu’on peut baisser sa garde, car il peut revenir. 

On explique également qu’il faut garder un espace vital (de la taille de ses bras) autour de soi pour ne pas laisser de fenêtre d’ouverture à l’autre. C’est cet espace vital qui permet d’être en sécurité. 

Dans l’entrepreneuriat, on peut avoir tendance à se reposer sur ses lauriers assez facilement :  quand on connaît une période de forte demande de clients,  ou quand on dépend d’un gros client qui nous rémunère suffisamment pour ne plus avoir à nous soucier de rien. 

Or, c’est une erreur que j’ai moi même commise : pendant près d’un an, j’ai dépendu d’un client et cette dépendance m’a fait totalement oublier de travailler sur le développement de mes offres et de communiquer régulièrement. J’en ai payé le prix quand cette collaboration s’est achevée. 

De même, je vois souvent des freelances qui se noient sous un flux de demande clients pendant une période donnée puis qui oublient de développer leur stratégie de communication en parallèle, faisant passer la demande client en priorité. Et à chaque fois, la même chose se produit : quand la demande se tasse, ils se retrouvent à vivre une période d’accalmie et doivent prospecter des clients. Or, s’ils avaient mis en place une communication régulière, en sacralisant des plages horaire pour cela, ils auraient eu un flux de clients réguliers. 

Leçon n° 6 : développer une agilité physique et mentale 

L’aïkido fait travailler sa souplesse et son agilité physique (avoir de bons appuis, savoir détendre ses muscles). Cette agilité permet à l’attaquant (uke) ou à celui qui fait la technique (tori) de s’adapter au gabarit et au niveau de son adversaire et de mieux revenir quand le contact avec l’autre est perdu. C’est seulement dans ce contexte qu’on peut trouver le point d’équilibre dans sa relation à l’autre. N’oublions par que dans aikido, le “ai” signifie l’union, l’harmonie avec l’autre. 

Si les deux aikidokas ne s’écoutent pas, ils se retrouveront dans une position de force, de confrontation et d’opposition qui est à l’encontre de l’ADN de l’aïkido. Mais surtout, cette attitude empêche le développement de capacité d’adaptation et d’agilité. 

Quand je pratique avec un aikidoka du double de mon poids, s’il décide de ne pas jouer le jeu et m’écrase avec son bras ou bloque mes techniques, il m’aura certes mise K.O, mais n’aura rien appris à la maîtrise de sa force physique, et n’aura absolument pas tenu compte de notre interaction. En revanche, s’il  s’adapte à mon gabarit, il aura appris à être plus agile, et maîtriser sa puissance. 

Dans l’entrepreneuriat, il est capital de développer des capacités d’agilité mentale : c’est d’ailleurs une des raisons qui explique le succès des méthodes agiles/lean startups/design thinking. Le point commun entre ces méthodes et de s’adapter à la demande du client, de tester et d’itérer pour obtenir un résultat harmonieux, et adapté à la demande. Cette agilité s’applique également au cas du freelancing, où le freelance mobilise sa flexibilité mentale pour trouver un point d’équilibre avec ses collaborateurs : flexibilité au niveaux des horaires, des budgets et des méthodes appliquées au clients. Bien sûr, cette flexibilité n’est possible que si le freelance reste aligné avec ses valeurs. 

 

Leçon n°7 : arrêter de s’auto-évaluer sans référentiel fiable 

L’auto-évaluation, et surtout, l’auto-bashing est une pratique courante en aïkido. Or, il est difficile d’évaluer sa propre progression seul, par manque d’objectivité. En aïkido, ce sont les passages de grade qui nous permettent de savoir si on a évolué et progressé ou non. 

Quand j’ai commencé l’aïkido, je refusais de passer des grades par peur du jugement. Puis mon sensei m’a “forcée” à les passer et depuis mon niveau s’est vraiment amélioré. L’évaluation en aïkido consiste à réaliser des techniques de manière bien construite. Ce qui est attendu de l’aïkidoka : construction technique claire, contrôle de l’adversaire, attitude martiale et…maîtrise du japonais ! 

Sur le plan entrepreneurial, on utilise des KPI (des indicateurs clés) mesurables pour évaluer sa progression. Le chiffre d’affaires, le trafic d’un site web et l’évolution du nombre d’abonnés sur les réseaux sociaux en sont quelques exemples.

Et pourtant, on a souvent tendance à dénigrer ou surestimer (en fonction du degré de confiance en soi) ses avancées. On oublie de regarder sa courbe de progression, et on regarde ce qu’il reste à parcourir. Prendre conscience de ses avancés permet d’aborder l’avenir plus sereinement. Mais pour cela, il est capital d’avoir un regard objectif avec soi même que seuls des indicateurs mesurables et fiables peut permettre.

 

Leçon n°8 : savoir dans quoi on s’engage 

Quand on commence l’aïkido, on a souvent aucune idée dans quoi on s’engage : le process d’apprentissage est plus long que dans beaucoup d’arts martiaux. Non seulement, il faut des années avant de pouvoir utiliser l’aïkido dans la vie de tous les jours (même si ce n’est pas l’art martial que je recommande si vous voulez vous défendre dans la rue), mais en plus, il faut un temps pour que le corps intègre des réflexes contre intuitifs. 

Dans mon club, on dit souvent qu’on est débutant jusqu’au premier Dan (donc au moins 4 ans après avoir commencé). 

Par conséquent, ce qu’on recherche au quotidien, ce n’est pas la performance, mais l’écoute de nouvelles sensations, le déblocages de tensions dans notre corps, et la réduction de nos appréhensions. 

Quand on décide d’entreprendre, le chemin est tout aussi long. Pour développer une activité rentable, avec laquelle on est aligné, le chemin est long. Mais tout comme dans l’aïkido, ce n’est pas tellement la fin que l’on cherche, mais surtout d’apprécier la route engagée. 

Entreprendre demande une certaine préparation mentale et financière : il faut avoir un bagage psychologique solide pour lutter contre la peur paralysante, accepter les risques qui font partie de l’ADN de l’entrepreneuriat, accepter l’incertitude de l’avenir, et avoir les ressources pour subvenir à ses besoins, investir et épargner au quotidien. 

 

Leçon n° 9 :  Prendre conscience de ses propres limites pour passer un cap 

En aïkido, il existe un moment très frustrant : ce moment où l’on prend conscience de ses propres limites, ou plutôt celles de son corps. Ce sentiment est très déroutant car il révèle une dissonance cognitive entre ce que l’esprit comprend, et ce que le corps peut faire. Je suis consciente que pour passer un nouveau palier, je vais devoir apprendre à relâcher mon corps, mais je n’arrive pas à contrôler mes tensions ni mes appréhensions. Toutefois, cette prise de conscience de ses propres limites n’intervient qu’après un certain niveau. Et permet de garder une certaine humilité. Au bout de trois ans, je me rends compte que je ne sais plus faire une technique qui me semblait basique : ikkyo. Or, je comprends que plus le niveau augmente, plus les acquis sont remis en question. Ce qui permet de comprendre que rien n’est jamais acquis et qu’il faudra toujours apprendre pour passer à l’étape supérieure.

Dans l’entrepreneuriat, c’est la même chose : on prend conscience que l’on ne sait rien pour passer un cap supérieur. Je sais que pour atteindre mes objectifs, je vais devoir me faire accompagner, déléguer ou mieux organiser mon temps. Je sais que la route est encore longue pour y arriver et que je ne dois garder un rythme de travail régulier malgré mes exploits quotidiens. Cette prise de conscience parfois douloureuse est une prise de rappel de notre vulnérabilité et permet ainsi de moins nous mettre en danger. Sans peur et sans douleur, nous serions voué à notre propre perte.  

 

Leçon n°10 :  prendre du plaisir pour trouver du sens à sa pratique 

leçons d'entreprenariat

Dans l’aïkido, ce qui fait tenir au quotidien, c’est à la fois, un club avec une bonne ambiance mais surtout trouver du plaisir dans sa pratique (clairement ça ne vient pas tout de suite, d’où l’intérêt de trouver un club avec une bonne ambiance). Si je viens trois fois par semaine, c’est d’une part pour progresser mais pas que. Je prends maintenant plus de plaisir dans ma pratique car mon corps est plus détendu, et peut accepter de nouvelles techniques, de nouvelles chutes et de nouveaux adversaires. 

Si on me demande si ce que je recherche dans l’aïkido, je dirai que j’aime voir que mes appréhensions diminuent, que j’arrive à me connecter à mon adversaire, et me laisser aller (pas encore complètement). Il y a bien sûr des hauts et des bas mais je pense que mon corps s’habitue à aux tatamis.

Tout comme la course à pied que je pratique régulièrement, l’aïkido est devenu une pratique dont je peux difficilement me passer. 

Dans l’entrepreneuriat,  je constate la même chose : j’aime me lever le matin et travailler à mon rythme sur des sujets que j’aime, avec des clients avec qui j’aime travailler. J’aime leur apporter de la valeur, et écrire pour leur communiquer mes messages (mon canal de communication privilégié). 

Il y a certes des contraintes dont la précarité fait partie, mais ces contraintes, je les ai choisi. Je sais pourquoi je me lève le matin, je me sens alignée avec ce que je fais et c’est encore une fois le chemin que je parcours plus que la destination qui m’apporte un épanouissement et un alignement au quotidien. 

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Conclusion 

Ces 10 leçons d’entrepreneuriat que m’a appris l’aïkido reflète bien la convergence entre ces deux activités. Je vois d’ailleurs de plus en plus d’entrepreneurs sur les tatamis. Ces deux activités complémentaires me nourrissent et me permettent d’être plus épanouie, à l’écoute de mon corps, et des autres. En tant qu’entrepreneur, je pense qu’il est bien d’avoir une activité sportive ou récréative en parallèle de son activité pour apprendre à lâcher prise et se libérer des tensions du quotidien. Cette activité pratiquée à fréquence régulière contribue au bon équilibre entre vie professionnelle et personnelle, de contribuer à sa propre quête de sens, et plus concrètement, de diminuer les risques de saturation et burn-out.  Les meilleurs entrepreneurs que j’ai rencontrés sacralisent du temps pour eux. Ce temps n’est pas perdu, au contraire, il permet de gagner en productivité et surtout en bien-être pour continuer ce long marathon qu’est l’entrepreneuriat. 

 

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