Retour d’expérience : pourquoi je me suis éloignée de l’entrepreneuriat social

De community manager spécialisée dans l’ESS (Economie Sociale et Solidaire) et le développement durable, je me suis rapidement éloignée de l’entrepreneuriat social. Pourquoi ? Parce que ma volonté d’entreprendre s’est rapidement confrontée à des freins financiers dans un écosystème où l’argent est encore tabou. Par ailleurs, j’ai fini par comprendre et assumer que le “sens” de mon projet entrepreneurial n’était pas d’avoir un ”impact positif” sur la planète ou la société. Entre quête de sens personnelle et contradiction avec les valeurs de l’ESS, j’ai fini par m’en éloigner pour définir ma propre vision de l’impact.

Trouver du sens sans un impact “positif” sur le monde, c’est possible

Je me suis lancée dans l’entrepreneuriat en 2017 en tant que Community manager spécialisée dans l’ESS et le développement durable. Pendant longtemps, je me suis convaincue que “faire de l’impact” était ma vocation. Ca collait avec les valeurs qu’on m’avait transmises dans mon éducation et ma scolarité, mais également dans mes études en science politique, spécialisées dans le développement durable. Et pourtant, je me mentais, ce n’était pas mon projet.

Sans dénigrer l’importance de créer une entreprise portant un projet “faisant sens”, j’ai tristement constaté que cette orientation n’était pas source de sens pour moi. Après deux ans d’entrepreneuriat, j’ai finalement accepté que mon épanouissement professionnel et le sens que je donnerais à mon entreprise seraient ailleurs. Depuis 2018, je suis devenue coach et formatrice pour entrepreneurs.

Aujourd’hui, mon métier de coach fait totalement sens pour moi car il me permet d’aider des indépendants à développer leur activité, se faire connaître et vivre d’une activité qui les épanouie. De mon côté, l’entrepreneuriat me permet de jouir de ma liberté en travaillant depuis chez moi, ou depuis l’autre bout du monde, en m’organisant comme je le souhaite et en ne subissant que les contraintes que je m’impose. La quête de sens est pour moi synonyme de quête de liberté.

La culpabilisation : l’entrepreneur “moral” contre le “capitaliste”

L’absence de sens dans les projets à impact n’a pas été la seule raison qui m’a poussée à m’éloigner de l’entrepreneuriat social. En effet, dans cet écosystème, il existe une forme de culpabilisation omniprésente envers ceux qui cherchent à être rentable financièrement. Si vous exprimez votre désir de générer de l’argent, vous risquez d’être étiqueté comme “capitaliste” et de perdre votre légitimité dans ce milieu.

Le problème, c’est que cette vision binaire oppose l’entrepreneur “moral” à l’entrepreneur “capitaliste”. L’entrepreneur social serait celui qui œuvre pour le bien commun, tandis que l’entrepreneur qui cherche à être rentable serait perçu comme égoïste, voire immoral. Or, c’est la rentabilité qui permet de pérenniser son entreprise et de vivre “correctement” de son activité.

Encourager la création de projets à impact social ou environnemental mais sans prendre en considération la rémunération des entrepreneurs de cet écosystème est une aberration pour moi. C’est en effet une contradiction interne entre valeurs affichées et réalité de terrain. Personnellement, il m’est impossible de m’investir pleinement sur un projet entrepreneurial si je ne suis pas rémunérée à ma juste valeur. A moins d’avoir fait le choix d’être bénévole sur un projet, je ne conçois pas d’être payée au lance-pierre. 

Conclusion : entreprendre loin des injonctions sociales

Ce que je veux transmettre aujourd’hui, c’est que l’entrepreneuriat à impact ne doit pas être un combat moral ou un sacrifice pour le bien d’autrui. Il peut et doit être une aventure rentable tout en restant fidèle à ses valeurs. On peut impacter positivement la vie des autres sans pour autant prétendre changer le monde. Ce qui compte, c’est de trouver un équilibre entre rentabilité, sens, et liberté, sans se laisser enfermer dans des cadres idéologiques ou des modèles préconçus.

Et vous, comment trouvez-vous votre équilibre ?