Alexis Minchella : créateur d’un podcast pour les freelances et les indépendants

J’ai eu le plaisir d’interviewer Alexis Minchella, créateur du podcast Tribu Indé, un podcast pour les freelances, consacré au développement concret d’une activité de freelance. Dans ce podcast, Alexis interview des freelances sur des angles précis, et décortique leur stratégie dans le cadre d’un échange convivial. A côté du podcast, Alexis est consultant en Content Marketing pour des startups B2B. Dans cette interview, je me suis intéressée au parcours d’Alexis en le questionnant sur quatre axes : son podcast, sa réflexion sur le freelancing, ses sources d’inspiration et sa vision entrepreneuriale. 

 

UN PODCAST POUR LES FREELANCES 

 

podcast freelance

Comment t’es venue l’idée d’un podcast pour les freelances ?  

J’ai créé le podcast Tribu Indé début mars 2019. Ce podcast est arrivé à un moment où je faisais déjà du freelancing à côté de mon job. Mais j’ai quitté ma boîte au bout de huit mois, en décembre 2018. Début janvier 2019, le freelance devenait ma source de revenu principale et il a donc fallu que je monte en compétences et que je crée mon réseau. Et j’ai fait ce que j’ai toujours fait quand j’ai voulu apprendre des choses, je suis allé sur internet. Le premier constat a été qu’il y a très peu de ressources concrètes et notamment assez peu de retours d’expériences hyper concrets sur le freelancing en France.

Quand on lit les médias, on entend souvent parler de temps libre, de liberté, de passion, de plages et de cocotiers. Et on entend beaucoup moins parler du quotidien de freelance : comment closer un client ? Comment faire un devis ? Comment organiser son quotidien de freelance ? Tous ces sujets-là n’étaient pas abordés en profondeur. C’était donc une grosse frustration pour moi. 

J’avais déjà l’idée de monter un podcast pour les freelances dès 2018. Je voulais en faire un, mais je n’avais pas encore de vision très précise de quel type de contenu je voulais traiter et quel angle je voulais prendre. Personnellement, j’écoute des podcasts depuis quatre ans maintenant et de manière quotidienne. Du coup, c’est un média que je connaissais bien en tant qu’auditeur. 

D’autre part, je voulais apprendre vite et le meilleur moyen d’apprendre vite c’est de côtoyer des gens qui sont beaucoup plus avancés que soi. Le podcast est apparu comme un super prétexte pour aller rencontrer ces gens-là et leur prendre une heure, voire deux heures de leur temps pour répondre à des questions très pointues. Et je ne pense pas que j’aurais pu le faire si on avait juste pris un café ensemble. 

Par ailleurs, ces rencontres m’ont permis d’élargir mon réseau et de prendre confiance en moi parce que le podcast est assez différent de l’écrit. Je pense que tu dois t’en douter, mais c’est beaucoup plus one-shot. C’est beaucoup plus naturel et du coup tu peux moins rééditer ce que tu dis, ton argument etc. C’était donc un bon exercice pour me forcer à clarifier mes pensées, à ordonner toutes les idées que j’avais pour pouvoir les délivrer de manière claire à l’oral – ce qui au début était beaucoup plus difficile pour moi que d’écrire un article ou un contenu. 

 

Et toi, qu’écoutes-tu comme podcast ? 

En podcasts français, j’ai beaucoup été influencé par Nouvelle École. Ensuite j’ai beaucoup écouté Génération Do It Yourself. J’écoute également le Gratin de Pauline Laigneau. Dans le genre un peu moins business, j’écoute : Studio 404, Vlan, Les Baladeurs ou Transfert.

Côté américain, j’écoute beaucoup le podcast d’Animalz, qui est une agence de content (contenu). J’ai beaucoup écouté aussi un podcast qui s’appelle Regrowth. J’ai écouté certains épisodes de Tim Ferriss, de James Altucher (pas tous, parce que je les trouve assez long et il y en a beaucoup). J’écoute aussi beaucoup le podcast de Paul Jarvis : Creative Class.

En fait j’ai toujours été un gros consommateur de podcasts, parce que j’aime bien les formats longs. Par rapport à mon podcast, je me suis dit  : « J’ai un peu de temps puisque je me lance en freelance. C’est aussi l’occasion de monter d’autres projets. ». De plus, il y a peu de ressources en français, je me suis donc dit : « Eh bien pourquoi, je ne démarrerais pas un podcast pour les freelances ? » Parce qu’il y avait une opportunité : il y a beaucoup de podcasts sur l’entrepreneuriat, les startups et les entrepreneurs, etc… mais, il y a peu de choses sur la niche que sont les indépendants. 

 

Comment prépares-tu tes interviews dans le cadre de ce podcast pour les freelances ? Je sais qu’un bon interviewer n’a pas pour rôle de poser les questions à la suite sans prendre en compte les réponses de la personne qu’il interview. Donc du coup, comment faire pour rendre un podcast pour les freelances fluide et intéressant ? 

Oui justement, ça, c’est le vrai sujet et c’est l’élément différenciateur. Si on veut se différencier en faisant du podcast, c’est justement de sortir de la logique du  question-réponse. C’est pourquoi il y a un vrai choix stratégique dans les invités que je prends. Je ne choisis pas du tout les invités en fonction de leur audience. Ce qui est parfois la règle quand on te dit : « Voilà si tu veux développer ton podcast, prends des gens qui ont des grosses audiences, interview les et comme ça tu vas faire grossir ton audience. » Et au final, si on regarde l’ensemble de mes podcasts, on constatera bien sûr quelques grosses têtes, mais pas que. Il y a notamment beaucoup de freelances, qui n’ont pas de communauté ni beaucoup d’audience. Voici ce que je me dis avant d’interviewer quelqu’un : « Ok, cette semaine, j’ai ces questions-là et j’ai envie de traiter ce sujet. Qui est la bonne personne dans les personnes que j’ai en tête qui peut potentiellement m’aider à répondre à mes questions ? »

Par ailleurs, la première chose que je fais une fois que l’invité est validé, c’est de me dire : « Ok, où est-ce que je veux mener cette interview ? C’est quoi l’objectif final de tout ça ? Avec quoi j’ai envie d’en sortir ? » Ensuite, je liste toutes mes questions, tout ce qui me vient en tête avant même de faire des recherches un peu plus poussées sur l’invité. Après, je vais regarder tout ce que l’invité fait. Si c’est quelqu’un qui est visible sur internet, je vais aller voir tous ses réseaux sociaux, je vais aller voir quelles sont les personnes qu’il suit sur Twitter, qu’est-ce qu’il a liké et commenté sur LinkedIn, les vidéos sur lesquelles il est apparu, les conférences qu’il a pu faire, les articles qu’il a pu écrire, etc… Je me nourris beaucoup et ça me prend pas mal de temps. 

Une fois cette phase de curation réalisée, je me repose des questions : quand l’invité parle d’un sujet sur d’autres médias que j’ai envie de creuser parce qu’il n’a pas eu le temps de le faire, je me le note puis je recatégorise toutes mes questions par thématiques pour qu’il y ait un fil conducteur. C’est ça qui me permet de ne pas avoir un question-réponse classique. 

Pour résumer,  j’ai une trame, mais que je regarde très peu et qui est juste là en bouée de secours si je sens qu’on s’éloigne un peu du sujet. Mais l’idée, c’est d’être sur une écoute hyper attentive. C’est à dire, que je me m’intéresse à chaque mot que l’invité va dire et je vais essayer de creuser au maximum et de ne pas m’arrêter sur ce qu’il dit. Par exemple, si on parle de création de contenu avec un invité, je n’ai pas envie de m’arrêter à :  « Ah ok, il faut faire du contenu. » Je vais chercher pourquoi. Comment il s’y prend lui, concrètement ? Je vais aller chercher au bout, au bout, au bout…jusqu’à ce que j’ai creusé le sujet à fond et donc qu’on puisse passer sur un autre sujet. 

Comme s’il dévoilait son propre plan d’action pour créer ses propres contenus.

Exactement.

Combien de temps prennent toutes ces recherches et préparations d’interview pour ton podcast  ?

Quand j’ai commencé, j’avais la vision idéaliste de me dire que le podcast allait me prendre beaucoup de temps au début et que ça irait plus vite avec l’habitude. Et c’est l’inverse qui s’est produit. Je prends beaucoup plus de temps maintenant qu’avant. Mais c’est bon signe, parce qu’il y a toute la partie que je n’avais pas anticipé avant qui est la communauté : répondre aux mails que je reçois, répondre aux commentaires, répondre aux messages que je reçois sur Twitter, LinkedIn, etc… Du coup, c’est trop cool. Mais je passe plus de temps qu’avant sur le podcast qui me prend deux jours par semaine. 

 

Aujourd’hui encore, avec l’essor que connaît ce podcast pour les freelances, tu n’es pas rentré dans une logique d’interview de personnes encore plus connues pour développer la notoriété du podcast. Tu  privilégies les sujets qui t’intéressent et peu importe si l’invité est connu ou non ?

Oui exactement. Tu vois, si on prend l’exemple d’Oussama Ammar, il est arrivé à une période où juste avant, j’avais interviewé Joseph Donyo (expert en Facebook ads) où on parlait de scaler etc… Et c’était une vision vachement différente d’Oussama. Ils ont vraiment deux visions différentes de comment on peut développer son activité et du coup, je trouvais hyper pertinent d’avoir ces deux visions du scale, car je commence à amorcer cette réflexion pour mon entreprise même s’il est encore un peu tôt pour moi à ce stade-là. 

Dans cette même logique, la semaine prochaine, je vais avoir un Youtubeur. J’aurais pu aller chercher un Youtubeur ultra connu etc… mais je suis allé chercher un Youtubeur que j’aime beaucoup qui fait des analyses de jeux vidéo, qui est un ancien game designer chez Ubisoft : il a réussi à créer une petite communauté et ça c’est des sujets qui m’intéressent. Je vais donc aller voir cette personne,  mais j’aurais pu aller voir des gros gros Youtubeurs à plusieurs centaines de milliers d’abonnés, voir des millions. Je suis sûr qu’ils auraient accepté potentiellement de passer dans le podcast, mais ce n’est pas l’objectif. C’est vraiment en fonction du sujet que j’ai envie de traiter que je choisis mes invités. 

 

Justement, tu parlais de Nouvelle École tout à l’heure. Chaque semaine Antonin Archer demandait à son audience qui elle aimerait avoir dans le podcast. Tiens-tu compte de l’avis de ton audience pour choisir tes invités ou doivent-ils répondre aux thématiques que tu souhaites traiter (comme vu plus haut) ?

Bien sûr. C’est toujours bien d’avoir des invités qui ont une grosse audience. Je ne suis pas en train de dire qu’il ne faut pas en avoir. Mais, dans la liste des critères que je prends en compte, le premier c’est : est-ce que cette personne va vraiment être pertinente pour parler du sujet ? La deuxième va être : est-ce que j’ai vraiment envie d’être avec cette personne-là, de passer du temps, d’échanger, préparer tout ça, l’interviewer et communiquer dessus ? Et le dernier critère est :  est-ce qu’il y a une communauté qui peut être intéressante d’aller chercher ? 

C’est vrai que je n’ai jamais vraiment demandé à mes auditeurs les invités qu’ils aimeraient voir passer sur le podcast. C’est vrai que c’est une question que je pose souvent en off. Pourquoi je ne la pose pas publiquement dans les épisodes ? Parce que je me suis aperçu que les rares fois où je l’ai fait, il y avait pas mal de copinages. Et c’est toujours compliqué quand on te recommande quelqu’un et qu’on te fait une mise en relation et que tu te dis : « Pour l’instant, cette personne est moins pertinente dans ce que je veux raconter, etc… ». Du coup, tu es toujours un peu mal à l’aise de devoir dire « pas pour l’instant ». 

 

As-tu une vision pour ce podcast pour les freelances ? As-tu des objectifs de monétisation ou c’est juste un petit plaisir à côté de ton activité ?

C’est intéressant que tu poses la question. Là, j’ai commencé à faire du sponsoring. Depuis l’été, j’ai commencé à avoir quelques propositions de sponsoring, mais sur les boîtes auxquelles je ne croyais pas vraiment ou des produits que je n’utilisais pas forcément. Du coup, je ne trouvais pas super logique de faire du sponsoring pour faire du sponsoring d’autant plus que je n’en avais pas forcément besoin avec mon activité de freelance à côté.  Et je me suis dit « Attends, si les boîtes te contactent, c’est qu’il y a potentiellement une opportunité. » Du coup, j’ai franchi le cap avec N26, une banque allemande (la mienne) a qui j’ai envoyé un mail pour leur dire que je suis client chez eux depuis 2017, que j’adore la boîte, que j’adore la vision et que je pense qu’on a tout intérêt à bosser ensemble sur un partenariat. Ça s’est fait comme ça et du coup maintenant le podcast est sponsorisé, il est « monétisé ». Là, on part sur un test avec 20’000 écoutes et on voit ce que ça donne. Donc ça ne va pas me rendre riche, mais ça me permet de gagner un peu d’argent avec ce podcast-là.

 

D’accord. Et dernière question pour faire la transition avec le freelancing, est-ce que ce podcast pour les freelances sert à ton activité de freelance ?  

Pas directement car la cible de ce podcast pour les freelances, et bien, ce sont des freelances !  Là où mes services sont vendus à des entreprises (start-ups plutôt B2B). Donc rien à voir avec le podcast. En revanche, le podcast contribue à développer ma petite notoriété, ma visibilité et potentiellement à ma crédibilité sur du contenu. Même s’il s’agit de contenu audio, les auditeurs voient qu’il y a une régularité, une audience et donc que potentiellement, le contenu est de qualité. C’est pourquoi ils se disent que ce que je dois faire à côté en freelance doit potentiellement être de qualité. Pour résumer, le podcast me sert indirectement car il me rapporte d’autres opportunités professionnelles. Par exemple, je fais beaucoup plus de conférences en ce moment.

 

S’ORGANISER EN TANT QUE FREELANCE (ET CREATEUR DE CONTENU)

podcast pour les freelances

Comment est-ce que tu t’es lancé ? Est-ce que tu t’es formé ? En combien de temps est-ce que tu as réussi à en vivre ?  

Avant d’être à plein temps, j’étais freelance à temps partiel pour gagner un peu d’argent à côté de mon job. Je  faisais ça sur mes soirées et les weekends. Mais j’ai toujours produit des contenus : j’écrivais beaucoup, notamment sur Medium, pratiquement un article par semaine. Cette régularité m’a permis de développer ma visibilité du côté des startups et des marketers dans ce milieu-là. Je recevais de temps en temps quelques demandes de cafés et de rendez-vous pour discuter et parfois ça se transformait en petites missions sur de la stratégie éditoriale ou de la production de contenu.

En 2018, j’avais trois ou quatre clients grand max. Mais j’ai beaucoup déjeuné avec des content managers qui sont devenus mes clients en 2019 pour discuter, pour comprendre les challenges et les problématiques du moment. Je le faisais quand j’étais encore dans mon précédent job. J’ai rapidement senti que j’allais partir de cette boîte, c’est pourquoi je voulais vraiment tester un job de freelancing en parallèle. J’ai donc anticipé mon lancement à côté de mon job pour déjà avoir quelques références, savoir comment est-ce qu’on deal avec un client. Comment est-ce qu’on négocie une proposition commerciale ? Comment est-ce qu’on gère sa relation client ? L’objectif était de ne pas partir de zéro en janvier avec le stress de se dire : « Maintenant, il faut que je gagne ma vie. » En conséquence, dès la première semaine à temps plein en freelance, j’avais pu signé une première mission de stratégie pour une jeune startup dans la Fintech. Donc, j’ai tout de suite gagné ma vie rapidement. 

 

Dans une interview, tu disais que tu avais un peu délaissé ton blog. Est-ce qu’aujourd’hui tu penses le reprendre  ?

J’aimerais bien le reprendre. Franchement, ça me manque de ne pas écrire pour des choses un peu plus personnelles. Effectivement, aujourd’hui la vraie problématique c’est que le podcast prend beaucoup de temps. Mais j’ai quand même envie de continuer à avoir un pied dans le freelancing parce que sinon il n’y a plus forcément d’intérêt de faire ce podcast et de continuer à parler de freelance. Mais, c’est dans les plans 2020 de recommencer à écrire. D’ailleurs, je prépare en ce moment un article sur comment j’ai créé mon podcast, puisqu’on me pose pas mal de questions dessus. Je me suis dit : « Plutôt que de répéter à chaque fois la même chose, je vais écrire ». J’espère pouvoir écrire le meilleur contenu possible à l’écrit sur ce sujet-là, toujours en gardant les mêmes codes que le podcast, c’est-à-dire : profondeur des contenus. Je veux y mettre de mon expérience personnelle et surtout, mon objectif est de créer des contenus de référence sur les thématiques que j’aurais choisi d’aborder.  

 

Tu as un site assez minimaliste sans page service. Pourquoi ?

C’est une bonne question. Pour être honnête, tout est allé assez vite depuis janvier. Comme je te disais :  dès mon lancement à plein temps, j’ai signé avec mes premiers gros clients et n’ai jamais vraiment eu besoin de démarcher sur cette première année. En revanche, j’ai tout de suite pensé récurrence avec mes clients. J’ai toujours anticipé les potentielles variations de chiffre d’affaires etc… Ce qui fait que je n’avais pas forcément besoin de revendre mes services par-dessus en passant du temps sur un site internet à écrire du contenu. Aujourd’hui, je continue de refuser des clients. Mais c’est dans les projets d’au moins formaliser publiquement un document sur mon approche et ma vision que j’ai du contenu marketing. Il n’empêche que j’envoie quand même mes références clients à mes prospects, dans un document  privé. 

Et pour le côté minimaliste, c’est un vrai parti pris. C’était aussi un moyen de me démarquer de ce qui existait déjà. Par exemple, dans le blog, il n’y a pas quarante mille couleurs. Il y en a trois. Il y a deux typos. Il n’y a pas plein de menus différents. L’idée, c’est que je voulais avoir une interface hyper simple pour me concentrer vraiment sur le contenu en tant que tel.

 

Y a-t-il d’autres canaux d’acquisitions pour toi ?

Oui ! Aujourd’hui, le podcast est un  de mes piliers en termes de réseau. Avant, j’allais beaucoup à des événements. Maintenant, je n’ai plus vraiment le temps de le faire. De plus, j’en ressens un peu moins le besoin notamment qu’au début, en 2018. Ce qui est cool, c’est qu’on me propose de plus en plus d’intervenir et de passer de l’autre côté. Donc ça, c’est super chouette pour moi de partager l’expérience et c’est comme ça aussi du coup que je rencontre de nouvelles personnes. Mais, je continue de faire des déjeuners, des calls avec des potentiels clients ou des calls avec des CMO ou des content managers de startups B2B qui ne sont pas forcément des clients mais juste parce qu’aime bien savoir les problématiques qu’ils ont, les outils qu’ils peuvent utiliser, les choses qu’ils peuvent tester et qui ont moins bien marché. 

 

Développer ce réseau en provoquant des rencontres, des déjeuners ou des calls one-to-one  fait donc partie de tes activités récurrentes  ? 

Si je devais résumer méthodiquement ma démarche, elle serait comme ceci : 

  • Le podcast qui m’attire du réseau et donc à moi de choisir avec qui je veux discuter et poursuivre les conversations. 
  • Le développement de ma visibilité : J’ai de plus en plus d’opportunités pour partager ce que je sais (meetups, conférences) Ça, ça me permet de me recréer un nouveau cercle de réseau. 
  • La création de contenu permet de créer son réseau. Et ça, on l’oublie assez souvent. On se dit que le networking, c’est forcément aller à des événements, récupérer des cartes de visites, parler à un maximum de personnes. Mais le fait de créer du contenu aujourd’hui permet de développer une audience. Et au final, cette audience-là, je la considère comme mon réseau. Donc j’attire à moi des personnes qui potentiellement ont le même état d’esprit que moi et ont envie de discuter sur des sujets. 

 

Que conseillerais-tu à un freelance débutant pour développer son réseau de manière intelligente ? Doit-il aller à ces évènements de networking ?

Quand on est freelance, qu’on démarre, qu’on part de rien et qu’on n’a pas de réseau existant, je dirais : les évènements. Mais attention à ne pas se rendre à tous les événements. Je pense qu’il faut être hyper sélectif parce qu’ il y a énormément d’évènements surtout à Paris, et on peut très vite en faire un par jour. 

Donc ce que je conseille vraiment, c’est de sélectionner les événements auxquels on se rend à l’aune de plusieurs critères : 

  • Est-ce que j’ai envie de développer mon réseau freelance ? 
  • Avec quel type de freelance ai-je envie de discuter ? 
  • Des freelances dans les mêmes thématiques que moi ? 
  • Des freelances partenaires avec qui je peux m’associer ? Etc… 

Si j’ai envie d’aller chercher plutôt des cibles et des clients potentiels, je regarde aussi les meetups dans des boîtes SaaS, plutôt avec du contenu, etc… Donc je vais cibler ce public de clients potentiels et aller de temps en temps à des événements. Ça, c’est le premier sujet. 

La deuxième chose c’est de faire la liste des clients qui pourraient potentiellement matcher avec moi et de me dire : « Il y a toutes ces boîtes-là et toutes ces personnes-là. Je vais récupérer les coordonnées et je vais leurs envoyer un mail pour qu’on se fasse un call pour discuter de nos activités respectives » Tout ça sans arrière-pensées, sans penser à vouloir faire du business à tout prix. Mais plutôt en mode « Voilà parle-moi un peu de l’équipe. Comment vous êtes structuré ? » 

Et ça, ça te permet déjà de te créer un petit réseau de potentiels clients ou en tout cas si ce n’est pas des clients que tu vas transformer, tu vas avoir une meilleure compréhension de ta cible, de comment elle est organisée au niveau de sa communication, mais aussi de ses équipes, les outils qu’elle utilise et ses problématiques récurrentes. Et du coup, tu vas pouvoir mieux t’adresser à ta cible au fur et à mesure des entretiens et des calls que tu auras avec elle. 

 

Donc créer des conversations pour ensuite créer des opportunités sur du moyen-terme ?

Exactement. Et des conversations plutôt avec tes clients cibles. Donc on revient vers les clients avec qui tu as envie de bosser. Pourquoi tu as envie de bosser avec ces personnes-là ? Qu’est-ce qui t’inspire chez eux ? Pourquoi eux et pas d’autres ? 

 

D’après toi, est-ce qu’on peut entreprendre sans réseau ? 

Je serais quand même tenté de te dire non. En tout cas, c’est beaucoup plus compliqué et plus long. Tu n’as pas de visibilité, tu n’as personne qui peut te recommander. Et si je parle de l’expérience freelance – qui est une expérience d’entreprenariat assez particulière –  je me rends compte que beaucoup de choses se passent via des recommandations. 

 

Comment arrives-tu à convenir d’un rendez-vous avec un prospect pour aller boire un café  ?

Je me renseigne toujours en amont sur la personne que je vais rencontrer. Qui est-elle ? Où travaille-t-elle ? Quel est son rôle dans l’entreprise ? As-t’elle communiqué récemment ? Quel contenu ? 

Voici comment je tournerais mon premier message d’accroche: « Très cool, bravo pour la nouvelle dans ta boîte ! Je viens de voir ce que tu as publié et c’est vraiment très intéressant. » Et ensuite de partir sur des pistes d’amélioration et une proposition de rendez-vous. Si tu demandes directement à quelqu’un qui ne te connaît pas de prendre un café, il te rétorquera d’office qu’il n’a pas le temps parce qu’elle ne va rien tirer d’intéressant d’un échange avec toi. 

Tout à l’heure, j’ai un call avec une startup en B2B qui cherche des content manager en CDI. Je n’ai pas forcément besoin de clients aujourd’hui, mais je continue de réfléchir, de discuter avec ces personnes-là. Donc elle, comment je l’ai contactée ? Avec cette approche : « J’ai vu que tu recherchais potentiellement un content manager. Ça m’intéresse un peu de connaître vos challenges, vos problématiques. Surtout que dans votre boîte, j’ai vu que vous étiez x personnes. Moi, je peux peut-être te donner mon retour d’expérience par rapport aux autres boîtes. Donc voilà, moi ça m’intéresse de se faire un call d’une demi- heure comme ça on partage un peu nos tips et juste discuter. » Et ça, ça marche toujours parce que la personne voit toujours le potentiel que tu peux lui apporter et elle se dit : « Ok on va parler d’un sujet précis, on ne va pas parler de tout et de rien et ça va être hyper intéressant. » 

Moi, je reçois plein de messages LinkedIn en mode : « C’est cool ce que tu fais, est-ce qu’on peut discuter ? »

Je réponds à chaque fois la même chose : « Pas de problème pour discuter, mais quelle est ta question ? Est-ce que tu as un sujet sur lequel tu veux discuter ? » 

Je rajouterai que sur LinkedIn ou autre réseau, il faut toujours faire du follow-up !  Le réseau, ce n’est pas un one-shot où tu te dis tu as ajouté cette personne, donc elle est dans ton réseau et elle va te recommander. Ça, c’est un mythe auquel il faut vraiment mettre fin. Ce n’est pas parce que tu es ami ou que t’es en relation avec quelqu’un sur LinkedIn que hop, tu fais partie de son réseau ! Et c’est la même chose une fois que tu as vu la personne ! Il m’arrive souvent de recontacter des anciens clients avec qui je ne travaille plus en leur écrivant « Voilà j’ai pensé à vous, j’ai vu cet article. D’ailleurs comment ça va ? Etc. » Ça suffit juste pour garder le contact.  Le jour où tu auras besoin de quelque chose, ce sera beaucoup plus simple que si tu n’as jamais donné de nouvelles pendant un an et que tu reviens tout d’un coup après un an. 

 

J’avais une dernière question sur le freelancing : je sais que tu es un peu digital-nomad et c’est pourquoi je m’interrogeais : où travailles-tu ?

 Aujourd’hui je travaille principalement chez moi. J’ai un petit café en bas de chez moi où j’ai mes petites habitudes, donc le matin j’aime bien travailler dans ce café-là. L’après-midi, je bosse souvent de chez moi sauf quand j’ai des rendez-vous. Après, dans mes objectifs de l’année sur la partie espace de travail, j’avais l’envie de changer régulièrement de cadre. Au moins une fois par mois en dehors de Paris. Du coup c’est ce que je fais, je l’ai quasiment fait tous les mois et donc je sors de Paris une fois par mois. Ça peut aller de trois jours à une semaine et du coup ça peut être en Europe. J’ai profité de faire un long voyage cet été pour aller bosser à l’autre bout du monde.  

En février, je suis parti à Séville avec Valentin Decker de Livementor. En mars, je suis parti quatre jours avant pour bosser tout seul à Budapest. Ensuite, je suis parti bosser à Singapour pour rejoindre un ami, et j’ai ensuite bossé un peu à Sydney. Et là, je reviens de Madrid. Généralement, je ne pars pas juste tout seul tout seul sur une période de temps donné. J’aime bien être avec d’autres personnes c’est plus cool. 

La question du digital nomadisme pose une question de business model : le freelance peut-il scaler ? Peut-il développer son activité sans être au four et au moulin ?  

C’est à dire que tu peux faire scaler certaines parties de ton activité. Par exemple, tu peux faire scaler ton avant-vente, ta problématique client, faire un peu travailler ton client sur les propositions commerciales. Tout ça, tu peux l’automatiser. Donc ce qu’on appelle le scale. Pour ma part, je ne peux pas automatiser une stratégie de content marketing. Et d’ailleurs, je n’ai pas forcément l’envie d’automatiser ça parce que c’est moi, c’est mon cœur d’activité. Donc je dirais que l’activité de freelance en tant que telle n’est pas scalable. 

En revanche, tu peux scaler avec d’autres produits à côté, diversifier tes revenus et là effectivement, dans ce sens c’est beaucoup plus scalable. Tu vois, demain, je peux avoir du revenu en freelance, du revenu avec le podcast, lancer une formation en ligne, un produit physique, peu importe. Donc, j’ai plein de sources de revenus qui font que mon business est scalable.

En fait, c’est très compliqué de scaler quand on est freelance. Le seul moyen que tu peux avoir de scaler ton activité de freelance, c’est d’avoir un produit. Donc par exemple, moi ça pourrait être de créer un abonnement où tous les mois, je livre au client un article par semaine avec un livre blanc, une newsletter, je ne sais pas… Et donc derrière, d’avoir automatisé le process, d’avoir d’autres personnes qui travaillent avec moi, etc… Mais là, tu rentres plus dans un business d’entrepreneurs au sens propre du terme plus qu’au sens de freelance. 

 

Quelle est la différence entre un freelance et un entrepreneur selon toi ?  

Pour moi, il y a une vraie différence entre le freelance et l’entrepreneur, Pour ma part, je ne me considère vraiment pas comme un entrepreneur aujourd’hui 

Le but du jeu de l’entrepreneur, c’est de potentiellement monter une équipe. Tu vois, si on prend Stan Leloup, il a maintenant une équipe et potentiellement de faire du revenu et de gérer de l’activité et du business sans avoir une action directe. Ça veut dire que demain, un entrepreneur peut sortir de la société et ça ne veut pas dire que la société va complètement couler et qu’il n’y aura plus jamais de business. 

Là où le freelance est très dépendant de lui-même et de son activité. quand tu es freelance, tu ne gagnes pas d’argent quand tu ne travailles pas.  L’entrepreneur, lui, cherche à maximiser au maximum, de passer à l’échelle et d’avoir une qualité constante de services tout en multipliant le nombre de clients, de services et de produits vendus et peut gagner de l’argent en dormant, pour être clair. 

D’ailleurs, je ne sais pas si c’est un gros mot d’être freelance, mais j’ai l’impression qu’on est peu à assumer le fait qu’on est en freelance. Enfin moi, je ne me vois vraiment pas comme un entrepreneur et j’ai beaucoup de respect pour les entrepreneurs, ce n’est pas du tout cette question. Mais je pense que je n’en suis pas un, en tout cas pas aujourd’hui. 

Moi, je n’ai aucun problème à dire que je suis indépendant, que je suis seul et justement je trouve que c’est une force. Je ne me cache pas derrière de gros noms d’agences ou d’entreprises parce que les gens viennent me chercher parce qu’ils pensent que seul, je peux répondre à leurs questions et leurs problématiques et c’est ok avec ça. Demain, je serais peut-être un entrepreneur parce que j’aurais d’autres business. Mais aujourd’hui je suis un freelance, un consultant. 

 

DES SOURCES D’INSPIRATION CHEZ LES INDÉPENDANTS

podcast freelance

Doit-on absolument s’inspirer de grands entrepreneurs américains (Des Tim Ferriss, Gary Vaynerchuk ou Tony Robbins ?) pour se développer ?  

Tu vois ces grands noms de l’entrepreneuriat – peut-être Gary V sur certains sujets –, ne sont pas forcément des sources d’inspiration pour moi aujourd’hui. Mes sources d’inspiration ce sont des indépendants. Alors oui, américains parce qu’ils sont plus visibles et plus matures, mais pas forcément les gourous qu’on peut voir partout. Parce que le risque c’est le copier-coller : Tu te dis : « Tiens, ça a bien marché aux États-Unis. On n’a pas encore ça en France, je vais importer ça et je vais faire du copier-coller. Je vais juste mettre mon nom dessus et ça va marcher. » . Au début, bien sûr c’est normal d’un peu copier, de prendre, de te nourrir de ceux qui t’inspirent. Mais avoir des sources d’inspiration ne veut pas dire, répliquer tout ce qui a été fait. Et on le voit dans le copywriting et le contenu. Il faut comprendre que les États-Unis et la France fonctionnent très différemment, que ce soit dans la culture ou la psychologie, on n’a pas du tout les mêmes décisions d’achats. Alors oui, ça prend plus de temps de créer son univers, développer sa marque personnelle mais sur le long-terme, ça payera beaucoup plus et tu pourras beaucoup plus te différencier de la masse de gens qui font juste qu’appliquer les techniques américaines. 

Le plus important, c’est de mettre en avant ton expérience, tes convictions à toi et pas juste être un mini Gary V ou un mini Tony Robins. 

 

Pourrais-tu citer quelques noms de freelances américains qui t’inspirent ?  

Récemment, j’ai découvert quelqu’un qui s’appelle David Perrel, qui est très cool. Je parle souvent de Paul Jarvis qui est une belle source d’inspiration dans sa façon de communiquer, dans ce qu’il a développé sur les dix dernières années. Tu as aussi un type qui s’appelle Correy Haines, qui est plutôt dans le marketing. Donc là, c’est plutôt des sujets marketings que freelances. Je suis également Jimmy Daily, créateur du podcast Animalz. 

Et de freelances français ?

 En français, il y a eu beaucoup de freelances que j’aimais beaucoup sur le podcast. Je pense à Danilo Duchesnes, je pense à Rémi Rivas que j’aime beaucoup. Des gens comme Gabriel Gourovitch, ou Joseph Donyo, qui sont vraiment rassurants pour moi parce que j’aime bien leur parcours, leurs façons de penser, comment ils ont construit leur identité, leur univers à eux. Ce sont des gens qui sont hyper clairs et qui bossent comme des fous, qui n’en parlent pas et qui n’en font pas des caisses. Ça, c’est des gens qui m’inspirent plus que des gens qui sont trop show-off. 

 

Comment découvres-tu ces nouvelles personnes ?

Je lis beaucoup beaucoup. Parfois dans beaucoup des bouquins, on cite d’autres personnes. Ma grosse source d’inspiration c’est Twitter. Je suis énormément de gens sur Twitter. Et je regarde parmi les gens que je suis, qui ils suivent. C’est comme ça que je suis un peu tentaculaire et que je sélectionne les bonnes personnes. Et je passe beaucoup de temps à décortiquer des newsletters que je reçois, à aller voir des sites d’indépendants, de freelances pour voir comment ils ont marqueté leurs offres, comment ils communiquent… J’ai récemment suivi deux freelances américains : Tom Critchlow, qui est plutôt un consultant en marketing high level. Ce sont des marketers aussi donc ça me parle pas mal oui. 

 

UNE VISION ENTREPRENEURIALE CLAIRE ET METHODIQUE 

podcast freelance

Tu disais dans un épisode de podcast que tu arrêtais de regarder tes statistiques. Comment mesures-tu ton évolution sans outils de mesure ? 

Ce que je veux dire, ce n’est pas de ne pas regarder ces stats, mais qu’il ne fallait pas baser la seule réussite d’un projet sur des statistiques.  

Pourquoi ? Parce que si l’on ne regarde que des stats et qu’on est drivé par la stat’ tous les jours, on va se créer de la frustration si un, les chiffres ne décollent  pas, si deux ils stagnent ou si trois, ils baissent de temps en temps. Et ce n’est pas bon d’être drivé par l’adrénaline de la statistique, du like, des vues, des commentaires. A mes débuts, quand j’écrivais des articles et que j’ai lancé le podcast, je n’avais pas des milliers d’abonnés. Si j’étais resté focalisé sur mes statistiques, j’aurais continué jusqu’à cinq épisodes et je me serais dit : « Ok, ça n’a pas plus décollé que ça donc le potentiel n’est pas énorme, j’arrête. » 

Pour revenir sur mon article, l’idée qui en ressort c’est : ne base pas la seule réussite d’un projet sur des statistiques, mais lance-toi sur un projet parce que tu as vraiment l’envie de le faire, parce que c’est un projet qui t’anime vraiment, sur lequel tu es prêt à passer beaucoup de temps et à y investir de l’énergie sans y trouver un retour sur investissement rapide. Il n’y a que comme ça qu’à long-terme, tu peux réussir des projets .

Moi, tu vois avec le podcast pour les freelances, j’avais vraiment la profonde envie d’aller discuter avec des gens et de vraiment comprendre pourquoi eux ont réussi ? Qu’est-ce qu’ils ont mis en place ? Quels sont les échecs qu’ils ont eus ? J’avais cette volonté juste d’être hyper intéressé par ces gens-là et de discuter vraiment avec ces gens-là. Quand j’écrivais mes articles sur Medium, j’étais juste drivé par le fait que chaque semaine, j’avais ce challenge de me dire : « Ok, j’ai lu un bouquin, il faut que je puisse le résumer sur Médium ou que je puisse parler sur tel sujet. » Et j’avais juste cette envie-là de me dire : « Ok, là je vais parler de ça, ça va pouvoir me servir plus tard. Ça va être cool, peu importe s’il y a cinq personnes qui le lisent aujourd’hui. Ce n’est pas grave, ce n’est pas pour ça que j’écris. »

Inversement, il ne faut surtout pas faire un projet pour espérer gagner de la notoriété. Je pense que la notoriété et le succès, ce sont les impacts d’un projet, et non l’objectif du projet. Si le projet est de qualité, si c’est constant : je dis toujours que le succès d’un projet, c’est la patience et la persistance. À partir du moment où tu as ces deux choses-là, un jour ou l’autre tu auras un pic où tu auras plus de visibilité, une notoriété, et ton projet décollera potentiellement. La question, qu’on se pose tous c’est : à quel moment ce succès va-t-il arriver ?  Et celle qu’on devrait tous se poser : quel est le temps qu’on est prêt à passer sur ce projet avant que ce moment-là arrive ? 

 

Mais du coup, comment fais-tu la différence entre persévérance et acharnement ? 

 Il ne faut surtout pas être acharné sur un projet. Et en plus, ça se sent quand tu fais un projet parce que tu n’y crois pas vraiment, mais que tu sais qu’il faut le faire. C’est comme le podcast : beaucoup de personnes me contactent en me disant qu’ils veulent lancer un podcast. Pour la plupart d’entre eux, je sens que c’est juste une opportunité car il y a un hype autour du podcast en ce moment. C’est hyper à la mode, tout le monde en lance et donc il faut que je me lance aussi sinon je vais louper la vague. Et bien, il y a 95% de chance que ces gens-là, arrêtent leur podcast après quelques épisodes. Et du coup, on se retrouve avec des projets qui ne fonctionnent pas. Et c’est là que persistance et patience deviennent les qualités à développer. Quand on se lance dans un projet, il faut se fixer un rendez-vous régulier, être organisé et se dire : « Ok, je me lance sur ce projet-là. Je crois vraiment au projet. J’ai envie de le nourrir. J’ai envie de le développer, je sais que ça va m’apporter. Mais du coup, j’ai conscience que ça va peut-être prendre du temps et plus de temps que d’autres qui sont déjà passés par là pour faire connaître le podcast, pour faire connaître mon contenu, mes produits, mes services, mes vidéos sur YouTube, etc… »

 

Il faut donc avoir cette énergie en soi pour développer un projet, au risque de s’épuiser ? 

Exactement. Et voici ce qu’il faudrait se dire : « Ça ne peut pas être autrement et il n’y a que moi qui puisse faire ce projet-là et j’ai envie de le porter loin. » Plus que de regarder les autres et avoir ce besoin de notoriété, en se disant : « Ah bah tiens, un tel, il a réussi en faisant un podcast. Bah tiens, je vais aussi faire ça pour réussir. » Ça, ça ne marche pas vraiment. 

Les questions à se poser pour développer un projet solide sont les suivantes

  • Qu’est-ce que toi, tu as envie de montrer au monde ? 
  • Qu’est-ce que tu as vraiment envie de faire ? 
  • Où est-ce que tu vois qu’il y a des opportunités de marchés ? 

Et c’est grâce à ces questionnement qu’on peut construire un projet sur le long-terme. 

Si on rapporte ce raisonnement à mon podcast, voici ce que ça donnerait  : j’avais la profonde envie d’apprendre, de rencontrer des gens et de développer mon réseau, j’avais un besoin et je savais que j’étais le seul parce que c’était un besoin personnel.  Et il fallait que je rencontre des gens, il fallait que j’en apprenne plus sur le freelancing. Et il y avait une opportunité de business parce que personne en parlait vraiment et les seuls qui en parlaient vraiment, c’est devenu des formateurs à temps plein qui ne font plus du tout de freelance. Donc je me suis dit : « Ok la réunion des trois, je lance ce premier projet et il y en aura sûrement d’autres demain. Mais au moins, cette première pierre-là, il y a potentiellement un truc à faire. »

 

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Laure Jouteau : une marque personnelle basée sur une signature émotionnelle

J’ai eu le plaisir d’interviewer Laure Jouteau, fondatrice des Aventurières, entreprise qui aide les femmes à capitaliser sur leurs personnalité pour réussir les projets entrepreneuriaux. Laure est une personne très naturelle et cette spontanéité se retrouve dans ses contenus. Dans cette interview, j’interroge Laure sur plusieurs aspects de son business : l’essence de son entreprise, vision entrepreneuriale, sa marque entreprise, sa communauté, son business model et ses contenus.

 

Les Aventurières 

Si tu devais définir le concept des Aventurières, que dirais-tu ?

Le concept des Aventurières a pas mal évolué depuis le début, mais le postula de base est que la vraie réussite part de l’intérieur. Quand tu crées quelque chose qui vient de toi, tu touches cet endroit qui est puissant et vulnérable (et ça fout les jetons de ouf) mais c’est là que la magie opère ! Je m’adresse aux femmes et aux hommes qui veulent mettre l’humain (eux et leur équipe) en premier dans leur réussite. Ce ne sont pas des gens qui ont des “problèmes” (ah le bon vieux marketing de la douleur), mais qui vont bien, et veulent aller encore mieux et encore plus loin. 

Pourquoi s’occuper des femmes uniquement ? 

J’avais envie de parler démesurément de succès féminin. Égoïstement d’abord, pour aller chercher des modèles qui me ressemblent, et puis pour que les filles qui naissent aujourd’hui aient un endroit pour trouver des exemples et des ressources pour réussir en étant elles mêmes. 

Avais-tu une vision claire pour les Aventurières en te lançant ?

Hahaha. Non. J’ai lancé les Aventurières d’abord pour fuir le salariat, et pour mettre mes compétences au service de femmes entrepreneures ou qui avaient envie de changer de vie. 

J’ai beaucoup tâtonné pendant les premières années : je cherchais quelque chose de magique, un positionnement parfait, un talent top secret mais incroyablement spécial… 

Finalement j’ai arrêté de chercher et j’ai posé la décision de vivre en étant radicalement honnête avec moi-même et en m’affirmant dans mes désirs et mes envies. A partir de là, le coaching s’est révélé comme une évidence. J’ai commencé à vraiment affirmer ce que je voulais, et c’est là que ma vision s’est clarifiée.

 

Personal Branding

Pourquoi avoir choisi un nom de marque et non ton propre nom ? Penses-tu que ton business aurait connu ce succès sans avoir choisi un nom d’entreprise ? 

Je n’ai jamais imaginé le créer en mon nom. Je ne peux pas faire de plans sur la comète de ce qui se serait passé si j’avais fait un autre choix

Tu as développé le concept de signature émotionnelle, à quoi cela correspond-il ?

La Signature émotionnelle®, c’est quand tu prends la décision de développer ton business à partir de ce qu’il y a d’unique chez toi. C’est ce qui te rend impossible à copier. 

Imagine que tu veux aller à un concert de Taylor Swift. S’il n’y a pas de place, tu te dis pas “oh bah pas grave, je vais aller voir Rihanna à la place”. Ce sont deux chanteuses, mais elles ont un univers bien à elles. Tu ne peux pas remplacer l’une par l’autre 

La signature Émotionnelle®, c’est ça : la rencontre entre ce qu’il y a d’unique chez toi, et tes clients. C’est ce qui permet de sortir de la concurrence et d’affirmer ta couleur. 

J’aime beaucoup le parallèle entre entrepreneurs et artistes parce que je vois deux mondes qui ont des problématiques complémentaires : les artistes savent plonger dans leur vulnérabilité et leur puissance pour créer, mais sont souvent bloqués sur le fait de trouver le public pour ça. Ils sont uniques mais ils ne savent pas attirer leur public à eux car ils sont empêtrés dans des croyances sur l’entrepreneuriat et le fait de réussir juste en étant soi.

Les entrepreneurs, eux, sont très bons pour répondre aux besoins d’un marché, proposer quelque chose et le vendre, mais ne savent souvent pas se rendre unique ? Eux aussi, se “déguisent” et peuvent être tentés de faire ce que le marché demande, sans jamais se poser la question de qui ils sont. 

Le succès résilient, qui traverse les tumultes externes et internes est là : on commence par l’Etre, et à partir de ça on fait quelque chose d’unique, qui permet d’avoir des retours financiers. C’est ça la signature émotionnelle. 

Quand j’ai googlé ton nom, je suis tombée sur une vidéo de toi au Salon des entrepreneurs en 2015  : Comment une entreprise naissante avec une communauté de 250 personnes arrive-t-elle à intervenir au Salon des Entrepreneurs ?

Par le réseau. J’avais rencontré une entrepreneure dans mon espace de coworking et je trouvais son projet génial, ce qui nous a amené à passer du temps ensemble. Elle devait intervenir mais comme sa boîte fermait à ce moment là, elle a décidé de donner mon nom pour la remplacer et voilà (merci Magali) ! 

Comment trouves-tu tes clientes aujourd’hui ?

Aujourd’hui les clientes me trouvent par mon site web, ma page Facebook ou par bouche à oreille. 

J’ai le grand plaisir de travailler avec des clientes sur le long terme, donc j’ai aussi pas mal de clientes qui sont là depuis le début. 

Je n’ai pas fait d’effort marketing particulier depuis un an et demi, je me suis concentrée sur ma montée en compétences en tant que coach. 

En 2020 j’ai des projets qui vont me permettre de toucher de nouvelles personnes, mais ma priorité reste sur la qualité de ce que je propose et la montée en compétences de l’équipe (oui, on va être une équipe de coaches à partir de… maintenant en fait ?)

Communauté

Comment as-tu développé ta communauté ? 

J’ai fait des collaborations avec d’autres entrepreneures ou blogueuses : des entrepreneures en ligne, comme Flora Douville, Marjorie Llombart, Nathalie Antonio Giraud…  des interviews, des évènements en présentiel à Lyon et Paris, j’ai donné des conférences dès qu’on me donnait l’occasion. J’ai pu participer à des lancements d’incubateurs à Lyon Start Up, à une conférence pour geeks et moins geeks qui s’appelle Mix-IT.

J’ai créé du contenu écrit puis plus tard vidéo, très régulièrement et sans relâche depuis 5 ans et demi.

On me demande souvent comment je trouve mes idées et j’ai deux réponses à ça : 1. j’arrête de me poser la question de si c’est une idée de génie ou pas, j’écris régulièrement et plus je crée, plus j’ai d’idées. 2. Je m’inspire beaucoup de ce que je vis au quotidien : avec mes clients, mon équipe, mes coaches… Je crée comme ce que j’apporte à mes clients : l’être d’abord. 

Construire une communauté est-il essentiel quand on est entrepreneur ?

Non. Ça dépend du business, du modèle économique, et de l’envie et la Signature émotionnelle® de l’équipe ou de la fondatrice. 

J’ai deux clientes par exemple, qui s’adressent à des entreprises, elles font tout leur marketing en bouche à oreille et réseau. Un de mes collègues a développé un business de coaching uniquement en capitalisant sur les groupes d’entrepreneurs avec lesquels il avait envie de travailler. 

De toutes façons, pour avoir une entreprise il faut vendre. En revanche, construire une communauté prend du temps. Donc si tu veux construire une communauté, fais le parce que ça te plaît, parce que tu vois ce que tu as envie d’apporter, mais surtout pas pour faire comme tout le monde  car tu n’auras pas l’énergie pour tenir à long terme.

Développes-tu ton réseau et si oui comment ? 

Je ne fais aucun effort dans ce sens, je n’aime pas les évènements de networking, je ne fais pas de démarchage à froid. Par contre je vois que mon réseau professionnel se développe au contact de personnes pour qui j’ai vraiment du respect et de l’amitié. Souvent des gens avec qui je travaille : soit mes clientes soit des gens dont je suis cliente et avec qui je deviens plus proche.

Je suis douée pour créer du lien mais il faut que ce soit sincère et que j’ai vraiment envie de passer du temps avec les personnes en question. Si c’est juste pour de l’échange de cartes de visite ou se recommander sans se connaître, je dis non merci. 

D’ailleurs je n’ai pas de carte de visite 😉

 

Business Model 

Quel est ton business modèle aujourd’hui ?  

Depuis un an je ne vends que des coachings, en individuel ou en groupe (sous forme de masterminds).
Pour l’année prochaine, le challenge est de créer un système performant et à la hauteur de ce qu’on veut pour nos clientes pour offrir des stages, des coachings avec les coaches de l’équipe et créer une offre de groupe, plus accessible pour les business qui se lancent, mais en restant fidèle à notre obsession du succès qui vient de l’intérieur.

On dit souvent qu’il faut augmenter ses tarifs pour avoir des clients “haut de gamme”, mais augmenter ses tarifs quand on galère, n’est-ce pas risqué ?

Mmhh. Je n’ai pas de réponse toute prête à cette question. Il faut toujours expérimenter. Un tarif, c’est la valeur qui est perçue par ton client, mais aussi une valeur de ce que tu es capable de délivrer. J’ai fait l’expérience cette année de baisser mes prix ponctuellement : je n’avais pas beaucoup de clients en illimité, et je voulais coacher plus, pour monter en compétences. J’ai décide de passer de 6000 à 4000 euros pour 3 mois. Je n’ai même pas eu le temps de l’annoncer publiquement et de dire que je prenais quelques clients à ce prix là : le simple fait de prendre cette décision m’a rapporté 3 demandes spontanées qui sont devenus des clients en coaching. Quand j’ai eu suffisamment de monde pour pratiquer, j’ai ré-augmenté mes tarifs. Trois mois plus tard, j’avais 4 mois d’attente pour du coaching individuel avec moi. 

D’expérience, on apprend beaucoup en vendant et en se vendant. 

Aujourd’hui, tu as intégré l’équipe de coach de Nicolas Gétin. Pourquoi ce choix ?  Gérer deux types de clientèles ne te porte-t-il pas de conflit d’intérêt ?

Quand Nicolas m’a proposé de rejoindre l’équipe il y a un an, je n’ai pas hésité une seconde. J’ai dit oui tout de suite. J’adore mon métier de coach, et j’ai découvert ce que ce métier était vraiment. Pour moi c’était l’occasion d’apprendre en continu auprès du meilleur coach de France (selon moi).
On a parlé très ouvertement du possible conflit d’intérêt (et on en reparle en ce moment avec la constitution de nos équipes respectives), c’est un sujet toujours vivant, et c’est une collaboration qui est d’une richesse énorme pour tout le monde. 

C’est intéressant de voir comment on pense spontanément concurrence et “je vais perdre mes clients” (j’ai pensé ça par moment) au lieu de “qu’est-ce que j’ai envie de vivre ?” j’avais envie de vivre l’expérience d’être membre de cette équipe, d’animer des coachings, et maintenant des stages feu sacré. Bien sûr, comme toute relation, c’est très vivant et ça demande du temps et de l’investissement ! 

Pourquoi as-tu monté une équipe de coach? Quelle est ta vision pour les Aventurières?

Ma vision, c’est qu’il y a de plus en plus d’entrepreneur.es qui ont envie d’une réussite basée sur l’humain, et je veux construire l’équipe qui peut accompagner cette ambition. Je sais qu’une équipe où chacun s’épanouit et est à sa place est capable de performances hors du commun et dans la durée. Je me nourris de récits de coaches sportifs qui ont accompli ça dans leurs équipes, d’entreprises et d’artistes qui attirent et donnent envie à leurs fans de les soutenir au-delà de ce qui est “raisonnable”. 

Je veux créer l’équipe qui vit ça de l’intérieur et qui l’apporte à nos client.es. Que ce soit des solopreneur.es ou des leaders à la tête d’équipes à échelle internationale.
Le temps du marketing de manipulation et des boîtes où on sacrifie le bonheur de tout le monde pour atteindre des objectifs qui n’ont pas de sens est en train de disparaître. Je veux qu’on accompagne les boîtes et les individus qui ont déjà compris ça et sont en route pour le monde de demain. 

Comment fixes-tu les tarifs de tes coachings (comment sais-tu que tel prix est “juste”)?

J’écoute ce que je sens de juste, j’adapte avec mon niveau d’expérience, mes envies (si j’explore une nouvelle cible, je peux faire des tarifs exceptionnels pour mieux les comprendre et voir quelle valeur j’amène), et je me fais coacher pour ajuster tout ça et regarder ce qui peut se jouer. 

Pourquoi ne pas avoir développé la formation en ligne ?

J’ai fait de la formation en ligne pendant plusieurs années (d’ailleurs on va bientôt les mettre en vente pour une toute dernière fois avant de résilier le logiciel qui les héberge).


Pour le moment je n’ai pas envie d’en refaire. Je vois trop l’impact de transformation du coaching, et c’est ce que je veux pour mes client.es. Avec l’arrivée de l’équipe, ça changera peut être si je vois l’intérêt de créer quelque chose d’une très grande qualité, et qui émane vraiment de notre Signature Emotionnelle®. Autrement, je préfère voir les gens en stage, sur Skype, en personne pour leur amener la meilleure qualité de service possible. 

Contenus

Tu communiques en produisant beaucoup de vidéos, et des newsletters ponctuelles, Comment organises-tu ta communication ?

Les newsletters sont hebdomadaires, les vidéos sont quand j’ai envie / l’inspiration. Je me suis fixé le lundi pour envoyer mes newsletters (pendant des années c’était “quand j’ai envie”, parce que j’aime beaucoup ça donc je n’ai pas de mal à être régulière) 

Je ne m’organise pas plus que ça. 

L’an prochain, comme on sera plusieurs à communiquer, ce sera différent, mais aujourd’hui j’ai très bien fonctionné au feeling et à l’enthousiasme. 

Que conseillerais-tu à un entrepreneur qui n’en a pas de faire pour commencer ? 

De se lancer le plus vite possible, d’accepter le fait que ce sera “nul” au début, et puis pendant un bout de temps. De choisir le média qu’il/elle préfère pour avoir de la persévérance, parce que c’est de l’entraînement et du temps qui font les bons contenus, pas le gène magique de l’internet. 

Et si ça marche pour cette personne, qu’elle repère dans son réseau qui sont les gens que je suis depuis longtemps et pourquoi ? Qu’est-ce qui lui donne envie de revenir consulter et consommer les contenus d’un site web / d’une personne régulièrement ? Chez qui est-ce qu’elle a écidé d’acheter après avoir lu/ vu ce qu’elle fait ? 

 

Vision entrepreneuriale 

 

Quels conseils donnerais-tu à un freelance qui veut scaler ? Y-a-t’il un moment pour le faire ?

Il n’y a pas d’obligation de scaler. Donc la première question ce serait : pourquoi veux-tu faire grossir ton entreprise ?  Qu’est-Qu’y gagnerais-tu ? Qu’y perdrais-tu ?

Ensuite, il faut se demander : comment sauras-tu dans un an que tu as pris la bonne décision ? Quels éléments concrets d’indiqueront que tu as fait le bon choix ?

Mais si tu veux scaler, tu peux y arriver de plusieurs manières : en automatisant des process, en recrutant des personnes sur le même coeur de métier que toi pour vendre à plus de monde, en proposant des services plus chers, en délégant les choses qui ne sont pas coeur de métier. 

Mais j’insiste d’abord sur le pourquoi du scale  : les épreuves et les challenges que tu rencontres ne sont pas du tout les mêmes de “moi seul.e” à “moi+une équipe rapprochée” à “moi + une équipe où je ne connais pas tout le monde”. 

Es-tu prêt à passer à la vitesse supérieure, avec sa dose de contraintes ? Il n’y a que toi qui puisses répondre à ça. 

Quels sont tes projets pour 2020 ?

Haaaaa 2020 me fait de l’oeil. Je construis une équipe donc pour la première fois, je vais enfiler des chaussures de dirigeante en plus de coach. 

Mes priorités de 2020 sont : 

  • que toutes les coaches de mon équipe aient du taf et kiffent bosser avec les Aventurières. Que les client.es kiffent bosser avec nous autant que nous avec eux. 
  • développer la Signature Emotionnelle® et mettre en place le système qui va nous permettre de créer quelque chose d’unique et d’exceptionnel pour les entrepreneurs et artistes qui veulent un succès qui part de l’intérieur
  • Mon défi perso c’est : coacher des artistes (je rêve de coacher un.e chef.fe d’orchestre, des musicien.nes) et des profils d’entrepreneur.es que je n’ai pas encore coachés sur leur Signature Emotionnelle®

 

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Marion Derouvroy, 26 ans, femme d’influence lyonnaise : elle a l’aplomb et la plume !

Il y a quelques années, j’ai eu l’occasion de rencontrer Marion Derouvroy à Lyon. J’ai alors été impressionnée et admirative de son parcours pour arriver à la tête d’une entreprise de renom : la Maison Trafalgar. En 2017, elle fait partie du top 50 des femmes d’influence de Lyon et leur entreprise remporte le prix Jeune Entrepreneur de l’Année au service du client. En 2018, elle devient l’ambassadrice du Salon des entrepreneurs et siège au conseil stratégique de la Métropole de Lyon. En 2019, elle est invitée à témoigner sur son parcours au Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche puis remporte, avec son associée Bérengère Wolff, le Trophée du Meilleur Espoir de l’année. Retour sur le portrait de cette audacieuse portraitiste.

1 -Qui est Marion Derouvroy ?

Une Annécienne de 26 ans, devenue Lyonnaise d’adoption dès son entrée en classe préparatoire littéraire Hypokhâgne. Sur le plan professionnel, je répondrais : une Portraitiste. Un journaliste m’a présentée un jour comme « une portraitiste même pas triste d’une génération qui aurait pourtant toutes les raisons de l’être », je trouve que cela en dit beaucoup. Petite, je rêvais de travailler « dans les lettres, le commerce et la psychologie ». Sous le regard inquisiteur de mes proches, je sentais la bizarrerie de mon projet d’avenir. Aujourd’hui, et depuis 2015, je dirige la Maison Trafalgar. Comme je n’ai jamais imaginé me lancer dans une croisière en solitaire ou être rédactrice freelance, je suis surtout l’heureuse associée de Bérengère Wolff. Sinon, je dirais : quelqu’un d’empathique, une personne sensible et tenace !

                    Marion (à gauche) et Bérengère (à droite), les deux fondatrices de Trafalgar Maison de Portraits  / Crédits photo : Pauline Pineau 

 

2 – C’est quoi, la Maison Trafalgar ?

La première Maison d’écriture haute couture spécialisée dans le Portrait cousu main de professionnels et de particuliers. Sur ce marché de niche, nous travaillons à devenir la référence du Portrait écrit. Nos clients frappent à la porte de notre Maison pour nous confier la réalisation de Portraits de dirigeants, de collaborateurs, des Portraits croisés d’associés, de marques, de membres de leur famille ou encore d’objets ou de lieux iconiques. Nous travaillons autant pour de grands groupes comme Valrhona, Babolat, XEFI, Ninkasi, CPL Aromas, Rodrigue, que pour des entreprises familiales comme la Maison Nardone, la Maison Janier, le Feuillet, ou encore le Globe & Cecil.

Nous comptons parmi nos clients des références du monde du luxe, mais aussi des indépendants, des startups qui viennent de se lancer, de jeunes entreprises plus établies comme Sharpness ou Rinck Manufacture. Ce que nos clients comprennent dès leur entrée dans notre Maison (et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle ils viennent nous trouver), c’est que nous ne sommes pas une agence de communication, pas plus que des journalistes. Nos clients ne réclament pas de la « création de contenu », ils viennent chercher la signature textuelle et émotionnelle de notre Maison, des lignes rythmées, atypiques et stylisées, mais aussi ce qu’ils se plaisent à nommer l’Expérience Trafalgar, celle qui démarre dès l’entretien d’extraction et se prolonge de la photographie à la livraison complète de leur Portrait.

 

3 – Pourquoi choisit-on de commander son portrait ?

D’abord pour disposer d’un écrit différent et de qualité (écrire est un métier, il est navrant de voir que les plumes sont toujours remplacées par les chargées de communication ou les community manager qui exercent des métiers nettement différents). Aussi, même lorsque l’on sait manier la plume, écrire sur soi reste un exercice compliqué. Même répondre à ta première question, « qui est Marion Derouvroy ? », me semble difficile. Nos clients commandent leur Portrait Trafalgar pour assumer leur originalité, par volonté de se différencier dans ce cyberespace à mille visages, mais aussi pour se présenter plus franchement à leurs partenaires, leurs collaborateurs, leurs prospects ou actuels clients. Mon associée, Bérengère Wolff, diplômée de l’EFAP Paris, est spécialisée dans la communication. Aussi, un portrait Trafalgar, ne se résume pas simplement à de belles lettres. Réinventer le plus ancien des outils de communication moderne, c’est un assemblage tout particulier ! Les demandes, les besoins et les modes de diffusion (site internet, dossier de presse, cadeau client, exposition, dossier de financement, corner, packaging de livraison, livre d’anniversaire, demande en mariage…) sont tous très différents !

 

4 – Avant le portrait, il y a l’entretien : mise à nu ou sublimation du client ?

On pourrait croire que nos clients sont des personnalités qui ont beaucoup d’égo. C’est en fait tout le contraire. On ne vient pas commander son portrait chez Trafalgar pour être le plus beau, le plus vu et le plus grand… ! Même si nous allons creuser le meilleur du client et de ses expériences, nous ne taillons pas de portraits à coup de chirurgie esthétique. Nous préférons nous présenter comme la différence entre le coiffeur et le visagiste. Christophe Fargier, Président du groupe Ninkasi, dit même que l’entretien d’extraction chez Trafalgar peut s’avérer dangereux si le client reste sur un affichage de façade. Et nous, nous ne sommes pas des magiciens. Il est impossible de faire ce travail de qualité sans que le client accepte de se mettre à nu et de se laisser porter. Il faut être prêt au portrait Trafalgar ! Notre slogan est plutôt clair : « Vous avez l’aplomb ? Nous avons la plume ! »

 

5- Comment parvenez-vous à faire ressortir une émotion de vos portraits ?

Nous ne nous forçons pas à écrire des lignes qui créent l’émotion, mais nous travaillons évidemment à chasser tous les mots coquilles et à provoquer une réaction qui tient du mélange de plusieurs émotions. Dans le même portrait, un client peut rire, se sentir touché, et il est déjà arrivé que la lecture déclenche quelques larmes. Le portrait a pour vocation d’unifier, de permettre au client de se lire, de se retourner… En fait, l’émotion se trouve déjà chez lui.

6 – Tu es partie d’un blog lyonnais, qui proposait des portraits de jeunes “audacieux” de moins de trente ans. Aujourd’hui, tu es à la tête d’une entreprise de renom, dont le concept est inédit. Comment s’est déclenché le changement ?

J’ai pensé Trafalgar Magazine comme un espace dans lequel me faire plaisir en parallèle de mon double Master Lettres Modernes Recherches – IAE (Institut d’Administration des Entreprises). J’avais la chance d’étudier les lettres et l’entrepreneuriat, mais il me manquait encore quelque chose : l’Homme, la confrontation avec ses paradoxes, ses failles, tout cela manquait de bruit et de fureur ! Finalement, à force de publier chaque semaine le portrait écrit de ces « têtes brûlées mais bien remplies », le concept et la qualité de notre investissement a fini par attirer des clients. Et ce, sans que nous y soyons préparées ! Au bout du sixième appel passé pour passer commande, j’ai compris que nous étions en train de répondre à un besoin enfoui. Pour honorer la demande, après le passage dans l’accélérateur Boost in Lyon et l’incubateur Manufactory, Bérengère et moi avons lancé la Maison Trafalgar. Aujourd’hui, nous sommes également heureuses Lauréates du Réseau Entreprendre.  Notre plus grande fierté, c’est d’être parvenues à passer d’une passion à une idée, d’une idée à un concept, d’un concept à un produit et d’un produit à une Maison ! À terme, et en parallèle de notre activité, nous souhaitons participer à la création d’une véritable école d’écriture en France. C’est un vrai projet d’envergure.

L’équipe de Trafalgar – Maison de portraits / Crédits photo : Pauline Pineau

7 – Tu as un parcours littéraire, un élément atypique dans le monde de l’entrepreneuriat. Dernièrement, votre équipe était aussi le Jury du concours d’éloquence de Lyon 3. Quels conseils donnerais-tu aux jeunes lycéens qui souhaiteraient poursuivre des études de lettres ?

Accrochez-vous et rappelez-vous constamment pourquoi vous avez fait ce choix. Même si on a déjà tous entendu la bonne vieille blague « les Bac S pensent les cartons, les Bac ES les vendent, les Bac L dorment dedans », on ne fait jamais des études de lettres par hasard, on le fait aussi pour soi, parce qu’on a besoin de se sentir convoqué. Mon parcours d’étudiante en lettres a été semé d’embûches et j’ai dû me battre pour que mes proches me laissent passer d’un BAC L à une classe préparatoire littéraire, puis à une licence de lettres moderne : « Marion tu t’es bien amusée. Maintenant, il faut penser à ton avenir, tu ne trouveras jamais de travail avec ce bagage » !

Intervention de Marion Derouvroy au Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation

Comme j’avais déjà eu l’occasion d’être publiée à deux reprises par une maison d’édition parisienne, et de participer à l’écriture de deux ouvrages collectifs, j’ai tenté le concours d’entrée pour étudier dans l’édition. J’ai loupé ce concours à quelques places. À l’oral, on m’a dit que j’étais « trop littéraire » et « qu’aujourd’hui, l’écriture, les livres, les mots, ce n’étaient pas uniquement une passion, mais aussi un business ! » Hélas, je n’avais aucune expérience en la matière. C’est en m’inscrivant dans un double Master Lettres-Commerce à l’Université Lyon 3 que j’ai compris. Compris que les deux peuvent cohabiter et que cette compétence n’avait rien à faire à la casse. Désormais, mon métier consiste également à recruter les prochains talents bruts de notre Maison, les prochains Portraitistes Trafalgar. Je leur dirai donc : même si on vous fait croire que le marché du travail est à la recherche de diplômés d’école de commerce, d’ingénieurs, de financiers, et que votre compétence n’est pas à la mode, vous n’avez pas idée à quel point la compétence littéraire et rédactionnelle est recherchée en entreprise ! N’attendez pas que l’on vous propose un métier qui colle avec vos compétences, allez le cherchez, créez-le ! Cocteau disait « Ce qu’on te reproche, cultive-le, c’est toi », alors empressez vous de planter des graines, des mots, et faites-vous (un peu) confiance !

8 – Bérengère et toi developpez beaucoup votre image, grâce à la publication régulière de photos ainsi qu’une communication au style personnel sur vos réseaux sociaux : quelle est la stratégie de Trafalgar –  Maison de portraits pour développer votre image de marque ? 

Si tout ce qui est écrit chez Trafalgar est minutieusement pensé et qu’il existe une vraie stratégie éditoriale, nous n’avons pas vraiment de stratégie d’image. Lorsque nous prenons la parole en photographies, nous le faisons de manière très intuitive. Aussi parce que Bérengère et moi sommes amies, et pas des associées qui décident de se mettre en scène pour les bienfaits de l’image de l’entreprise. Ce sont nos propres souvenirs et les photographies que nous adorerions revoir dans plusieurs années que nous capturons et partageons. Et puis, il nous semble important d’ouvrir les coulisses pour faire participer nos clients et notre communauté à cette aventure entrepreneuriale et littéraire. Nous ne pouvons pas réclamer que nos clients livrent leur histoire personnelle et professionnelle à notre équipe, et nous fassent confiance les yeux fermés, en verrouillant tout de notre côté.

Bérengère Wolff – associée de Trafalgar

Notre signature textuelle est tellement le reflet de ce que nous sommes, du mélange de personnalités de notre équipe, qu’il n’y aurait aucun intérêt à se donner l’air d’être tout beau, tout lisse. La Maison Trafalgar n’a rien d’une coquille vide, d’une bâtisse aux volets trop fermés. Ce qui est le plus drôle, c’est de publier des photographies de nos différents rendez-vous et déplacements. Nous pourrions en faire une BD tellement les secteurs et les univers sont différents. Une sorte de Martine à la montagne, Martine chez le leader de la raquette à neige, Martine au coeur d’un palace, Martine dans la cave d’un MOF Fromager, Martine dans une chocolaterie, Martine sur un chantier à la découverte du monde du BTP, Martine dans les couloirs d’une Maison de Parfums… c’est tout cela, Trafalgar !

 

9 – Tu as été l’ambassadrice du Salon des Entrepreneurs 2018 (félicitations ! ) : aujourd’hui, arrives-tu à distinguer ta marque personnelle de celle de ton entreprise ?

Quand je suis plongée dans mes missions, je n’arrive pas toujours à distinguer dans quelle Maison je me lève et dans quelle Maison je me couche, c’est vrai (rire) ! Blague à part, bien sûr que oui ! Même si l’entreprise est toujours un prolongement de soi-même, ce serait sans doute terrible de ne plus réussir à faire la distinction entre la personnalité morale et la personnalité physique. Quand la Maison était encore en construction et que nous n’étions que deux, la marque était évidemment plus associée à qui nous étions qu’à ce que nous faisions, mais aujourd’hui, notre marque repose beaucoup sur notre savoir-faire, en plus de notre savoir-être. Il me semble que nos clients viennent nous voir pour qui nous sommes, ce que nous faisons, ce pourquoi nous le faisons, et la manière dont nous le faisons. C’est en cela, seulement, que la frontière est fine !

Marion Derouvroy, ambassadrice du Salon des Entrepreneurs 2018

 

Vous avez maintenant envie de commander votre propre portrait pour votre activité professionnelle ou pour l’offrir à un proche ? Contactez Marion et Bérengère, les associées de la Maison Trafalgar !

?Et si tu veux parler entrepreunariat, je te propose qu’on s’appelle ?

 

 

Hélène de Vestele : au delà de ses convictions, elle incarne le ZeroWaste avec Edeni !

Hélène de Vestele est une jeune entrepreneure dont les convictions ont orienté les choix professionnels et personnels. Après un tour du monde et des postes à responsabilité diplomatique, elle lance sa propre entreprise de sensibilisation au ZeroWaste (zéro-déchet) avec Edeni. La particularité de son approche ? Permettre à des citoyens de comprendre qu’ils peuvent véritablement changer leur quotidien grâce au pouvoir des habitudes. Retour sur le parcours d’une entrepreneure incarnant ses idéaux. 

 

1- Qui est Hélène De Vestele ?

zero waste

 

Je m’appelle Hélène, j’ai 28 ans, je suis souriante, heureuse, férue de salsa, des salades de fruits et de mon moment de méditation du matin. J’ai réussi à aligner mes valeurs et mes actes dans un présent où perso et pro n’ont plus de raisons de s’opposer. Tous les jours, j’essaie d’être meilleure que la veille, pour moi et les autres, et n’ai pas peur de « l’ambition for good. » Je lis au moins 1 heure par jour.

 

Plus ?

 

J’ai eu une enfance dans divers milieux sociaux, entre campagne, collège de zones difficiles puis boursière à l’école de la légion d’honneur où j’ai découvert la jeunesse dorée parisienne, les réceptions diplomatiques à l’Elysée… mais aussi le début de mon engagement associatif, au planning familial, puis, après des classes prépa, en grande école de commerce. J’ai monté une asso-projet Enactus
pour donner envie à des jeunes de banlieue de faire des études supérieures, en les aidant à décrocher des petits boulots et aller aider des écoles au Bénin. En parallèle j’avais monté une asso pour faire un tour du monde des manières de vivre responsable. En 2011 et 2012, j’ai parcouru à sac à dos une soixantaine de pays, dormi dans plus de 150 foyers, des yourtes de nomades mongoles au désert d’Atacama, de Persepolis à Katmandou. En couchsurfing (Ndlr: sans hôtel), un remake de mes 10 ans où j’étais restée 6 mois scolarisée sans mes parents à Tucuman, en Argentine, choquée des injustices entre riches quartiers fermés et bidonvilles attenants, mais c’est une autre histoire. 🙂

En revenant de ces expériences et terminant mes études de consultante en stratégie, j’ai intégré une mission Smart City / anti-terrorisme à Safran mais entre les couloirs de la Commission Européenne ou Interpol, je nourrissais plus de frustrations que d’impacts positifs. Pourtant, j’avais un mentor incroyable, qui m’a permis d’apprendre à vitesse grand V. Vous savez, de ces quelques personnes, professeurs, amis ou managers qui vous ont honoré d’une confiance, d’une sagesse et d’apprentissages profonds dont, a posteriori, vous vous dites qu’ils ont été clé dans la construction de qui vous êtes. J’ai ensuite saisi l’opportunité de devenir conseillère pour le ministère de la Modernisation du gouvernement argentin, après le renversement électoral du PRO en 2015 à Buenos Aires.

Deux ans incroyables où j’ai pu rencontrer mon conjoint, siéger à la commission du développement durable au G7 des jeunes puis développer des projets de sens dont l’association edeni qui donnait des perspectives et solutions concrètes aux problèmes de pollution, des bidonvilles aux bureaux ministériels. Après m’être formée plus de 5000 heures sur ces sujets (santé, écologie, éthique, pourquoi ça tourne pas rond -> quelles solutions ?)et travaillé avec Gunter Pauli (Blue Economy), j’ai construit un programme, remporté quelques prix, et j’ai pu lancer mon projet en France début 2017. Le voilà le besoin concret et holistique auquel je souhaitais consacrer ma vie !

2 – Jeune entrepreneuse et camarade de classe à LiveMentor, tu vis depuis maintenant 3 ans sans poubelle. Qu’est ce qui empêche les gens de se mettre au zéro déchet ?

 

helene de vestelle

Alors là ça va être plus court parce que j’ai eu beaucoup d’entraînement pour synthétiser cette réponse ! 😀

  • Le manque de connaissances des alternatives existantes. On ne se rend souvent pas compte que les possibilités d’éviter un déchet (d’être en bonne santé, heureux·se etc.) sont nombreuses, mais parfois cela requiert une connaissance peu répandue, une bonne adresse, une bonne habitude…
  • Le manque de confiance dans ces alternatives et les acteurs·rices qui les portent. En effet, entre l’infobésité du net, les gourous mal intentionnés, les boites qui cherchent à vendre à tout prix et les blogueuses de bonne foi mais n’y connaissant rien (par pitié, arrêtez de vous brosser les dents au bicarbonate!) , on s’y perd souvent. La plupart ont peur de perdre en qualité de vie, d’être entre le greenwashing ou l’utopie.
  • Le manque d’accompagnement. Et oui, tu le sais bien Yéza. On peut bien lire toute la pléiade des philosophes, si on n’a pas de professeur pour challenger notre didactique et nous faire progresser, on n’a moins de chances de vraiment comprendre la philosophie. De cette même manière, on a parfois besoin de coachs sportifs , de profs de guitare pour nous poussez à nous motiver. Et bien, avec le Zero Waste et les manières de prendre notre vie en main afin de lui donner un sens, autant personnellement que professionnellement, c’est pareil. On a aussi besoin de professionnel·le·s qui ont fait une partie du travail de synthèse, vérification des sources et pédagogies efficaces pour nous. Tout le monde n’a pas 3 ans temps plein à consacrer à ces recherches. Je l’ai fait, et nous le transmettons pour nos élèves, avec un vrai accompagnement individuel et une émulation du collectif de promo incroyable.

 

3 –  Tu as fondé Edeni il y a moins d’un an. A quelle problématique répond cette toute jeune entreprise ?

edeni

Aujourd’hui pas mal de personnes sont sensibilisées aux problèmes civilisationnels que nous traversons. Nous avons perdu 15 ans d’espérance de vie en bonne santé depuis 50 ans, perdu 50% de la biodiversité de la planète, 60% des insectes, le nombre de dépressions, obèses, burn ou bore-out explosent et nos déchets débordent : 634 000 kilos arrivent dans l’océan chaque seconde. 30% viennent de nos emballages plastiques, même de ceux pour lesquels on se donne à tort bonne conscience en les « triant ». Edeni comble le besoin d’accompagnement pour passer de la sensibilisation… à l’action ! God damn it ! Faisons quelque chose ! 🙂 L’ESS est une réponse que complète Edeni, pour éviter les FBI (Fausses Bonnes Idées) et surtout apporter l’esprit critique de lien entre toutes les causes et toutes les solutions.

Edeni est l’éco-social club des individus qui veulent vivre mieux, et avec moins. Nous avons un Bootcamp qui forme au ZeroWaste (et yoga, et low tech, et antispécisme, et neurosciences, et ikigaï et nutrition énergétique et digital et…) en 6 semaines intenses. 6 soirées en groupe, 10 DIY, 6 challenges, 42 mails, 15 workbooks et un esprit de communauté magique. D’ailleurs… les Alumni ont fondé leur propre asso et même certain·e·s des boites ensemble ! 😀

 

4 –  Comment change-t-on ses habitudes quand on ne peut pas changer son quotidien ?

Einstein disait « Il est plus facile de briser un atome que de briser les habitudes d’un humain ».

On peut toujours changer son quotidien, il faut juste prendre le temps de bien le faire pour n’en subir aucune frustration, mais au contraire, de la libération et de l’enrichissement. Ce n’est pas un caprice, c’est une nécessité.

Les études en neurosciences et sociologie ont montré qu’il faut environ 21 jours de pratique pour s’en faire une habitude. Le Boot Camp dure 42 jours… pour être sûr !

 

5 – Tu arrives à mobiliser des citoyens dans le cadre de bootcamps (ateliers). La cible d’Edeni c’est de jeunes actifs déjà sensibilisés à la protection de l’environnement ?

 

edeni zero waste

Non, pas forcément, il y a de tout, du grand cadre dirigeant aux freelances, de l’étudiante au journaliste. De la maman ZeroWaste au retraité qui ne comprend pas le terme. Cette mixité est voulue, car elle rend les échanges encore plus pertinents, les sceptiques aidant l’esprit critique des plus convaincu·e·s, et vice-versa. Et au final tout le monde en est enrichi. On peut choisir de s’entourer d’ami·e·s choisi·e·s pour leur ambition positive, et pas juste parce qu’on a fait la même école, que l’on travaille ensemble ou qu’on fait partie de la même petite classe sociale. Et ça, c’est une vraie force. Je suis convaincue que tout le monde voudrait faire mieux, mais peu se rendent compte qu’ils en ont véritablement le POUVOIR ! Qu’il n’y a aucune fatalité dans une consommation mortifère, plus maintenant. Les gens qui se bougent et incarnent VRAIMENT leurs valeurs sont de plus en plus nombreux, à nous de les rejoindre. Chaque achat est un vote, chaque réflexion est un pouvoir, chaque apprentissage non-greenwashé une force.

Le problème est que beaucoup soufrent de dissonance cognitive, de manque de cohérence, parfois même dans les discours de projets brandés « green ». Edeni travaille à leur redonner le pouvoir de discernement, et cela va beaucoup plus vite qu’on ne pourrait le penser. Nous avons la chance en France d’avoir tout de même un bon bagage culturel, même si un peu ramolli par un système uniformisant pour faire de nous de simples consommateurs·rices.

 

6 – Y-a-t-il un suivi des participants après les bootcamps ?

 

edeni zero déchet

Oui bien sûr, les Alumni (anciens élèves) du bootcamp adhèrent à l’asso des Alumni (Edeni Social Club) et se revoient une fois par mois en général, soit autour d’apéros-débats, de sortie plogging, d’ateliers d’approfondissements etc. Beaucoup deviennent bénévoles pour l’asso ou poursuivent en inscrivant leurs proches. Bientôt des franchisé·e·s du bootcamp ?

7 – Que peut-on te souhaiter pour l’année à venir ?

 

helene de vestelle

 

De la sérénité et de pouvoir offrir le bootcamp à encore plus de monde ! 🙂 Le succès nous a un peu dépassé et nous n’arrivons pas à gérer toute la demande, notamment pour organiser des bootcamps en entreprise. En septembre nous reprenons les bootcamps à Paris après un séminaire d’été en province, puis en octobre le bootcamp sera sur un voilier 3-mats ramassant du plastique… La chaine YouTube Edeni se développe … Bref, nous avons besoin de Community Managers, de génies du web et de toutes les personnes engagées qui voudraient participer à ce beau projet. Et on espère nouer davantage de liens avec encore plus d’écosystèmes positifs en 2019 ! Osons nos idéaux, apprenons à les incarner !

?Et si tu veux parler entrepreunariat, je te propose qu’on s’appelle ?

Charlotte Appietto : la quête de sens est devenue sa reconversion !

Il y a un an, Charlotte Appietto quittait son emploi salarié. Après une forte fatigue et une profonde réflexion sur l’épanouissement au travail, elle décide de fonder quelques mois plus tard, Pose ta Dem’. Avec sa nouvelle entreprise, Charlotte accompagne salariés et demandeurs d’emploi dans leur quête de sens pour un épanouissement personnel et professionnel. La particularité de Pose ta Dem ? Une approche globale et dynamique de la reconversion, qui associe réflexion de fond et lancement concret d’un nouveau projet ! Retour sur le projet de cette jeune reconvertie.

 

1 – Qui est Charlotte Appietto ?

Une star en devenir ?

charlotte appietto

 

Une entrepreneure passionnée, fan de lecture en développement personnel, yogi encore un peu tendue et enfin, l’impatience incarnée (mais j’y travaille). Je suis la fondatrice de Pose ta Dem’ et je slashe avec des missions freelance en formation et en copywriting. D’après une étude scientifique, 99,9% des salariés ayant été à mon contact ont quitté leur job ensuite !

 

2 – Pourquoi avoir créé Pose ta Dem’ ?

Pour devenir riche soirée

quête de sens pose ta dem

J’ai crée Pose ta Dem’  pour accomplir ma mission personnelle : libérer les salariés frustrés et les aider à s’épanouir à 100% dans leur vie professionnelle. Pour mener à bien ma mission, j’ai créé mon site pour partager un maximum de contenus utiles et inspirants, et en parallèle, j’accompagne mes clients individuellement. Je les aide à traverser l’épreuve que j’ai moi-même traversée auparavant : oser quitter un job qui ne nous épanouit plus et se lancer dans une nouvelle aventure professionnelle. Avant d’en arriver là, j’ai travaillé en RH, puis dans le conseil en management, puis en startup. J’ai donc vécu plusieurs changements et périodes de doute avant de trouver ma voie. J’y suis parvenue grâce à des années de travail sur moi, de lectures en développement personnel et de formations. Passionnée par ce sujet, j’ai décidé d’en faire mon métier et de capitaliser sur mes expériences et mes apprentissages pour aider mes clients à traverser ce cap avec plus de sérénité !

 

3- Aujourd’hui, les structures accompagnant les individus dans leurs quête de sens sont en pleine explosion : comment se positionne Pose ta Dem ?

Je suis meilleure, point barre ! 邏

Pose ta Dem’ est la version fun et sérieuse à la fois de la reconversion. J’ai voulu créer une marque avec une identité forte et un nom qui incite à l’action. Il y a beaucoup de coachs en reconversion, mais je trouve leur offre souvent très classique et rébarbative. Et surtout, je ne fais pas que de l’accompagnement ! J’ai une approche globale : en plus d’accompagner mes clients individuellement et collectivement, je produis des contenus inspirants et motivants et je fédère une communauté au travers d’événements réguliers et d’un groupe d’entraide. Et pour aller plus loin et pouvoir aider chacun quel que soit son objectif et son budget, je prépare le lancement de formations à distance. Il existe des programmes de réflexion pour trouver sa voie, et ailleurs, il existe des formations à l’entrepreneuriat, ou des ateliers de recherche d’emploi. Mais personne ne combine tout cela à la fois ! Résultat, quand j’étais moi-même en quête professionnelle, je devais picorer un peu partout. Au travers de Pose ta Dem’, j’aborde toutes les étapes de la reconversion, de la réflexion au lancement dans la vraie vie !

 

4 – Comment accompagnes-tu tes bénéficiaires ?

 

reconversion pose ta dem'

Je les accompagne au travers de mon programme “Nouveau Départ” en 4 séances, ou de programmes sur-mesure en fonction de leurs objectifs. J’ai conçu ma méthode à partir de mes expériences, apprentissages, lectures, et des échanges que j’ai eus avec des dizaines de personnes inspirantes qui ont changé de voie. La force de mon accompagnement est d’allier la réflexion de fond et le développement personnel (se connaître, dépasser ses blocages, clarifier ses aspirations, définir ses talents…) et l’aspect pratique et concret de la reconversion (créer son entreprise, réussir ses entretiens, négocier son départ….).

5 – Quel premier conseil donnerais-tu à un salarié qui veut poser sa dem’ ?

Acheter mon programme bien sûr 

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Soirée de lancement Pose ta Dem’

 

A part d’aller sur Pose ta Dem’ ? 😉 Ne pas confondre vitesse et précipitation. Car en réalité, s’il y a bien une chose à éviter… c’est de poser sa dem’ du jour au lendemain ! Se précipiter, c’est courir le risque de prendre des décisions sans avoir le recul nécessaire, et de s’en mordre les doigts ensuite. En revanche, il faut se bouger et ne pas rester dans la plainte passive. Concrètement, cela veut dire travailler sur soi, aller à la rencontre de professionnels qui nous inspirent, participer à des événements, se renseigner et… passer à l’action !

 

6 –  Où peut-on te trouver ?

Chez moi ! pose ta dem

Commencez par visiter posetadem.com et la page Facebook . Et pour échanger avec la communauté, rendez-vous dans le groupe privé ! Mon mail : charlotte@posetadem.com

 

A bientôt !

 

?Si tu veux parler entrepreunariat, je te propose qu’on s’appelle ?

 

Rebecca Sfedj : la multipotentialité au service de l’entrepreneuriat social

J’ai eu le plaisir de m’entretenir avec Rebecca Sfedj, une jeune entrepreneure slasheuse et multipotentielle. Après s’être longtemps sentie handicapée de ne pas avoir trouvé sa voie, Rebecca a décidé d’être heureuse pour apprendre aux femmes et aux hommes à l’être à leur tour.  

Conférencière, formatrice, coach et co-fondatrice des associations NOISE et Coexister Paris-Nord, Rebecca se nourrit d’influences positives pour devenir à son tour leader d’opinion. La richesse de son parcours, ses engagements associatifs, sa rencontre avec l’entrepreneuriat social et sa foi en l’humanité sont des sujets sur lesquels nous avons échangé pendant près de deux heures de conversation téléphonique.

Cet interview est donc la retranscription d’un échange passionnant entre deux entrepreneuses du changement.

1- Coach, entrepreneure, conférencière, co-fondatrice de deux associations (Noise et Coexister Paris-Nord), comment te présenterais-tu?

Crédit photo : Neigel Marx Photography

Excellente question ! J’ai beaucoup de mal à me présenter et me définir par mon métier, parce que j’ai beaucoup de casquettes, qui ne sont pas forcement comprises de tous…et un jour j’ai trouvé un terme pour me définir qui est le terme de slasheuse !

Une slasheur c’est quoi ? Une personne qui concilie différents emplois. Dans mon cas, c’est par passion et envie d’avoir des identités multiples. Aujourd’hui je me retrouve beaucoup dans cette identité de slasheuse entrepreneuse, avec différentes casquettes :

  • Je suis coach en développement personnel et professionnel
  • Conférencière pour des sujets très divers, notamment liés à l’ESS, l’innovation sociale, l’entrepreneuriat, l’interreligieux et le vivre ensemble
  • Formatrice en intrapreneuriat

A coté de ces trois casquettes professionnelles, je me définis également comme une Project leader, en développant des projets et des communautés ;

Ma première communauté a été Cheer Up, une association inter-écoles qui accompagne des jeunes malades du cancer à réaliser des projets personnels. Mon rôle à Cheer Up a été d’aller voir ces jeunes malades et les aider à rester motivés et à se connecter à leurs envies pour pouvoir créer des projets de vie qui les gardent motivés dans la lutte contre la maladie . Déjà à l’époque, je coachais sans m’en rendre compte.

Après être restée quatre ans à Cheer Up, j’ai eu envie de créer ma propre fédération associative en gardant l’idée d’accompagner les jeunes dans leur développement personnel mais avec l’envie d’instaurer une gouvernance plus collaborative, et c’est dans ce cadre que j’ai cofondé l’association NOISE (Nouvel Observatoire de l’innovation Sociale et Environnementale), au sein mon école*. Le NOISE a pour but d’aider les jeunes à trouver leur voie et mobiliser leurs talents dans des projets sociaux et environnementaux. L’association existe depuis maintenant six ans grâce à mes co-fondateurs Maëva Tordo  et Pierre-Alexis L’Ecuyer, ainsi qu’aux 500 étudiants de nos huit écoles qui créent le Noise aujourd’hui.

Aujourd’hui, j’anime une autre grande communauté, Coexister, qui est un mouvement inter-convictionnel de jeunes croyants et non-croyants, pour le vivre ensemble. Nous oeuvrons à la cohésion sociale par le biais de trois piliers : le dialogue inter-convictionnel, les actions de solidarité, et les ateliers de sensibilisation en milieu scolaire pour déconstruire les préjugés identitaires et sensibiliser à la laïcité dans le contexte français.

 

2- En tant que coach, comment accompagnes-tu les individus dans la conduite du changement ?

Séance de coaching collectif avec Rebecca – Poser ses intentions en 2018

 

Aujourd’hui, je me forme au coaching par les neurosciences, et parallèlement, je coach en individuel sur des thématiques de développement personnel et professionnel en aidant les personnes à trouver leur vocation et construire une voie tout au long de leur vie. Pour cela, j’utilise les canaux de l’estime de soi, du leadership entrepreneurial, de l’orientation, de l’équilibre de vie et de l’excellence relationnelle.

J’aime beaucoup coacher des personnalités shasheuses comme moi et arriver à les aider à concilier plusieurs casquettes. J’aime aussi coacher des profils entrepreneuriaux et qui prennent des initiatives, et enfin des personnes engagées à œuvrer pour un monde meilleur.

« Mon axe directeur c’est d’apprendre à m’aimer et à me réaliser pour aider les autres à en faire de même »

 

Je propose aussi du coaching collectif en participation consciente pour permettre à tout le monde de participer. Pour cela, je guide les participants dans leur introspection grâce à la force de l’intelligence collective. Cette méthode leur permet de poser des intentions claires sur leur avenir et les traduire en action à mettre en œuvre eux-même pour mener une vie qui leur correspond et les inspire. L’idée c’est de leur permettre d’être proactifs dans le pilotage d’une vie qui leur correspond ! Mon axe directeur c’est d’apprendre à m’aimer et à me réaliser pour aider les autres à en faire de même.

3 – Comment en es-tu venue à travailler dans l’ESS ? Quelle a été ta formation initiale ?

 

Animation par Rebecca Sfedj de la conférence “L’art de la communication pour mieux vivre ensemble” (2016) organisée par l’Association des Etudiants Musulmans de Dauphine

J’ai longtemps été perturbée par le fait de ne pas savoir ce que je voulais faire dans la vie. Je le vivais comme un handicap. C’est pourquoi j’ai essayé de m’ouvrir le plus de portes possibles pour ne pas avoir à choisir. Au lycée, j’ai donc choisi de faire un BAC S pour poursuivre une licence d’économie et de gestion à Paris Dauphine, une filière très généraliste ou je touchais à tout (maths, sociaux, économie, gestion et langues…)…et pourtant  j’ai eu du mal à trouver du sens au début de mes études qui manquaient d’humain, d’action et d’impact.


« Je suis tout de même reconnaissante au système éducatif français qui est certes, défaillant, mais qui a le mérite d’être abordable et créateur d’opportunités et de liens sociaux à qui se responsabilise dans son parcours »

 

Par ailleurs, j’ai trouvé beaucoup de ressources dans le paysage associatif qui m’a ouvert les portes de l’Economie Sociale et Solidaire, sans pour autant penser à en faire un métier.

Mais en Master, j’ai découvert l’entrepreneuriat social, qui m’a permis d’associer mes compétences en gestion à mon intérêt pour l’impact social. Et à ce moment là, je me suis dit « attends c’est possible de concilier les deux et personne n’est au courant dans mon école et personne ne nous l’apprend ! »

C’est à ce moment que j’ai crée le NOISE, une école de l’innovation sociale pour être un intermédiaire de qualité entre le monde de l’ESS et l’Ecole.

En parallèle de la création du NOISE, j’ai fait une année de césure pour tester de nouvelles expériences et savoir quoi faire dans ma vie tout en restant très ouverte au domaine de l’éducation et de la formation. J’ai donc entrepris une expérience dans le conseil dans l’Enseignement Supérieur en France, puis une autre expérience dans une ONG spécialisée dans l’empowerment pour l’égalité Homme/Femme en Israël, une mission à l’Ambassade de France aux Etats-Unis sur la coopération Franco-Américaine et une expérience de bras droit d’entrepreneur dans la startup sociale On Purpose qui accompagne les reconversions de carrières dans l’économie positive.

Toutes ces différentes expériences m’ont fait comprendre que ce j’ai préféré, c’était de créer mon association (le NOISE) et rassembler des citoyens autour d’une vision commune et de mettre en place un environnement dans lequel ils prennent plaisir à se développer, à développer leurs projets et à devenir la meilleure version d’eux-mêmes.

« Pour avoir plus d’impact et de plaisir, je m’entoure moi-même de gens meilleurs que moi dans leur domaine et c’est ce qui rend les projets sur lesquels on oeuvre ensemble extraordinaires ! »

 

Forte de ces expériences , j’ai choisi de poursuivre mes études avec un Master 2 en entrepreneuriat à Dauphine (Oui oui j’ai fini par réussir par être passionnée par mes études !!) et un stage de fin d’études chez Ticket for Change. J’ai trouvé l’expérience dans cette jeune startup très inspirante, et j’ai appris énormément aux côtés de l’équipe.

4 – Et après les études, l’entrepreneuriat ?

entrepreneuriat social

Rebecca – responsable de l’entrepreneuriat étudiant à ESCP Europe (Juin 2017) – Crédit photo : © Rolex – Thomas Campion 

Après deux ans de poste, je décide de devenir à mon tour entrepreneure du changement ! Et même si j’ai accompagné tous ces entrepreneurs depuis le début de mon cursus, me lancer à mon tour était une chose qui me faisait peur !

Pour finir mon cursus très porté sur l’éducation, je trouve mon premier poste dans une école en devenant responsable de l’entrepreneuriat étudiant à ESCP Europe, qui m’a également permis d’accompagner les acteurs du changement.

« Pendant longtemps je n’ai pas osé me lancer parce que j’étais amoureuse d’initiatives comme So Many Ways ou Switch Collective ».

 

Et c’est en recevant de plus en plus de demandes par messages et par mail, que j’ai compris qu’il y avait un besoin en accompagnement, et qu’il était temps pour moi de proposer une solution à ma façon.

A l’aide de mes différentes casquettes de coach/conférencière/formatrice, j’ai le projet de vouloir créer un incubateur de talents pour aider les jeunes à construire leur vocation tout au long de leur vie en étant accompagnés par une communauté d’entraide de coachs, formateurs, mentors et conférenciers. Cette équipe d’accompagnateurs permettra aux jeunes talents de baigner dans le bon écosystème pour se réaliser. L’idée est de leur permettre de créer un lien entre le développement de leur talents et les besoins du monde.

5- Aujourd’hui, après 5 années d’études, on a l’impression de ne toujours pas savoir ce qu’on veut faire de sa vie et de ne pas avoir exploité son potentiel. On se retrouve finalement à faire un job qui ne nous plait pas ou de faire un travail d’introspection professionnel. Pourquoi est-on si mal orientés en 2018 ?

économie sociale et solidaire

Formation des jeunes cadres d’EDF : “Développer sa Carrière en fonction de ses Aspirations Personnelles et de ses Talents”. 

J’ai longtemps été très en colère contre l’éducation française. Et cette colère m’a fait du bien. Travailler dans une école m’a permis de prendre du recul par rapport à cette colère, en voyant comment fonctionnait réellement le système de l’intérieur : des contraintes quotidiennes financières, politiques et managériales peuvent freiner les meilleures intentions tout comme l’expertise, la réputation et le réseau peuvent accélérer les ambitions et l’impact.


« J’ai longtemps été très en colère contre l’éducation française »

 

Mais le problème de l’école c’est qu’elle ne nous apprend pas à être heureux, ni à comprendre les mécanismes du cerveau et des neurosciences qui sont responsables de notre bonheur. On n’apprend pas non plus à communiquer, à collaborer et à vivre ensemble…il y a tellement de choses essentielles à transmettre que tout ne peut pas reposer sur le système éducatif dans l’immédiat .

Je ne veux pas déresponsabiliser l’école, mais plutôt que de se focaliser sur la colère, je pense qu’il vaut mieux dépenser son énergie à des choses plus constructives comme chercher des réponses à ses questionnements et aller vers les structures qui peuvent nous y aider. C’est pour ça que je crée mon nouveau projet d’incubateur de talents que je vois comme un complément nécessaire à l’école traditionnelle.

6 – Dans une conférence TEDx en 2015, tu disais que tu n’avais pas trouvé ta voie, aujourd’hui à 26 ans, est-ce le cas ?

© Etienne Boulanger Photography

Oui et non. Je suis très alignée avec moi même avec mon métier de coach, en étant capable d’aider les gens à prendre confiance en eux et à atteindre leurs objectifs. Je considère ça comme un véritable pouvoir magique !

Mais ma vocation sera probablement amenée à évoluer car j’aurais sûrement envie de développer mes connaissances et compétences. Par ailleurs, étant très active, je me pose des questions par rapport à mon rythme : est-ce que je ne fais pas trop de choses ? Quand et à quoi renoncer ? 

Aujourd’hui mon job, c’est d’être heureuse pour apprendre aux autres à être heureux. L’objectif de mes journées c’est d’apprendre comment le cerveau fonctionne, apprendre les mécanismes du bonheur et les transmettre. Pour moi être coach fait complètement sens.

Je n’aime pas l’idée de comparer la vocation à un pseudo bonheur fantasmé. Le bonheur, c’est la bonne heure. C’est à dire, que c’est un état de quiétude à un moment donné. A trop se projeter, on risque de passer à côté du moment présent. Ce qui compte, c’est le moment présent car le passé n’existe plus, le futur est virtuel.

Pour moi, la vocation n’est pas une destination mais un chemin qui me permet de me rapprocher pas à pas de ma juste place : devenir toujours plus qui je suis vraiment et contribuer à ma façon, là où j’ai le plus de plaisir et d’impact.

Pitch de Rebecca à TEDx EM Lyon (décembre 2015)

7 – Quelles sont tes inspirations et sources d’énergie pour mener tous ces projets de front ?

Rebecca à la rencontre d’une de ses sources d’inspiration Sheryl Sandberg, numéro 2 de Facebook et défenseuse du leadership féminin chez Lean in (janvier 2018)

Très honnêtement ma première source d’inspiration ce sont mes proches. J’ai une motivation sociale et c’est d’ailleurs pour cela que je veux créer une communauté.

Il paraît que notre monde extérieur est le reflet de notre monde intérieur, donc plus je suis alignée avec moi-même et plus j’attire des gens inspirants et plus je deviens à mon tour inspirante. C’est un cercle vertueux ! J’organise ma vie pour que tout devienne une source d’inspiration.

Ayant un emploi du temps extrêmes organisé (à trois mois), je planifie mes plaisirs (voir mes proches, faire de la danse) et j’essaye de conserver des moments plus spontanés pour improviser ma vie. J’ai également un rituel de méditation chaque matin pour me connecter à de la reconnaissance. Je fais de plus en plus attention à mon rythme de sommeil.

Les entrepreneurs en général sont très à l’écoute de leurs besoins, mais quand on est slasheur entrepreneur, on gagne à être encore plus organisé dans l’écoute de ses besoins !

J’ai également pris la décision de m’entourer de mentors et appris à demander de l’aide, ce qui m’apporte un soutien énorme au quotidien. Je m’inspire aussi beaucoup de Role Models, des personnes auxquelles je m’identifie et que j’admire pour leurs valeurs, leurs personnalités, leurs parcours et leurs projets. Les grandes personnalités qui oeuvrent pour des changements systémiques pour la paix et la liberté telles que Gandhi ou Martin Luther King sont inspirantes. Cela dit, ça me paraît trop lointain, trop ambitieux. Plus récemment, mes coups de coeur vont vers Sheryl Sandberg et Simone Veil qui m’impressionnent de leur courage et de leur engagement. Cela dit, ce sont des célébrités qui ont un niveau d’impact et d’ambition auquel je ne peux pas encore aspirer dans l’immédiat.

En ce sens, je valorise énormément les “Role Models du quotidien”. Ceux qui ont quelques chapitres de plus que moi et dont je peux apprendre pour grandir. Je pense aux leaders avec lesquels j’ai (eu) le plaisir de collaborer comme Joséphine Bouchez et Matthieu Dardaillon de Ticket for Change, Maëva Tordo du NOISE, Samuel Grzybowski et Radia Bakkouche de Coexister, Insaff El Hassini de Lean In France ou encore de belles rencontres comme Nathanaël Molle de Singa ou Sarah Zouak de Lallab.

 

“Ils m’aident chacun à leur façon à faire les petits pas pour poursuivre une ambition modérée plutôt que d’être découragée et immobilisée par une ambition démesurée et inadaptée “

 

 Vous remarquerez que ce sont tous des jeunes, et en majorité des femmes. Je suis convaincue qu’on a besoin de plus de Role Models de jeunes femmes pour permettre à plus d’entre elles de croire en leur potentiel et en leur avenir.

Tout comme je reçois beaucoup de mes Role Models et de mes mentors, j’aspire à redistribuer modestement mes inspirations et apprentissages à mes communautés pour leur permettre à leur tour d’inspirer d’autres à leur façon.

8 – Des projets à venir ?

Construction d’un nouveau projet entrepreneurial (juillet 2017)

J’ai une opportunité de développer une nouvelle forme de journalisme, en tant que responsable de la rubrique Entrepreneuriat Social d’un nouveau magazine d’entrepreneuriat « Terra Incognita », porté par un initiateur avec qui j’accroche beaucoup.

On m’a également proposée d’intervenir dans une radio juive pour porter des sujets de développement personnel et d’innovation sociale.

Le journalisme est vraiment un sujet qui m’intéresse, notamment par le biais d’un format vidéo.

J’ai d’ailleurs commencé à réaliser des vidéos du style « marcher-parler » que je poste sur les réseaux sociaux  et sur lesquelles je partage mes apprentissages de vie : le lâcher prise, la vulnérabilité … ces vidéos ont énormément d’impact sur la vie des gens et c’est grâce à elles que j’ai réalisé que je pouvais apporter une valeur ajoutée et des compétences en matière de coaching, notamment grâce au grand nombre de sollicitations et demandes qu’elles ont générées. Une chaine Youtube est dans les tuyaux !

9 – Un conseil pour des futurs entrepreneurs sociaux ?

Conférence du NOISE, association étudiante co-fondée par Rébecca (mai 2015)

 

Si je devais donner un seul conseil ce serait : prendre soin de soi pour prendre soin des autres.

Quand on est un entrepreneur social, qu’on veut changer le monde et aider les autres, on a tendance à vouloir donner énormément, mais à s’oublier. Or, c’est vraiment en prenant soin de soi, en se faisant plaisir qu’on peut ensuite trouver l’énergie et la générosité dans ses actions pour les autres.

 

«  Soyez égoïste »

 

Alors soyez égoïstes (et non égocentrique). Pensez à vous ! Pour avoir une bonne estime de soi, il faut respecter ses besoins. C’est en vous respectant et en étant égoïste que vous arriverez à être altruiste et à aider d’autant plus de personnes. Et ça c’est souvent contre intuitif et on l’oublie beaucoup !

Si vous n’y arrivez pas, faites vous coacher ! Il faut savoir que 80 % de nos pensées d’aujourd’hui sont les mêmes qu’hier et 80% des pensées de demain sont les mêmes qu’aujourd’hui. C’est pourquoi un coach peut vous poser des questions qui vont vous permettre de penser autrement et de renouveler vos pensées !

Pour ma part, je vous souhaite de construire une vie en accord avec vos aspirations personnelles et les besoins du monde. Au plaisir d’y contribuer à mon échelle 🙂

10- Où peut-on te trouver ?

Stay focus, stay tuned – Crédit photo : The Family

 

Pour du coaching collectif ou des conférences, vous pouvez voir mes dates d’intervention ou m’en proposer de nouvelles sur ma page Facebook Rebecca Sfedj – coach et conférencière (première fois que je la communique depuis sa création ! ). Vous êtes les bienvenus sur ma chaine Youtube ou je charge les vidéos de mes conférences. Je suis également présente sur Linkedin, Instagram et Twitter !

Je suis peu disponible mais très accessible ! Et je réponds plus facilement si vous précisez l’objet de votre demande dans vos messages…alors à bientôt 🙂 Très belle continuation à tous !

 

 

?Et si tu veux parler entrepreunariat, je te propose qu’on s’appelle ?